Archive | janvier, 2016

L’apprentissage en trois leçons – Chronique aux Echos

28 Jan

L’Institut Montaigne vient de sortir une étude intéressante sur l’apprentissage. Elle contient un graphique montrant que plus la part de l’apprentissage dans l’enseignement secondaire est élevée, plus le chômage des jeunes est bas. Les trois champions sont l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse ; le chômage des jeunes y est quatre fois moins élevé et le taux d’apprentissage quatre fois plus fort qu’en France. Ces trois pays ont chacun un message fondamental à nous adresser. Les Pays-Bas sont convaincus que la filière technique est la filière d’excellence. Pour eux, dans la période actuelle, seuls progresseront les pays qui tiendront la route sur le plan technologique. La Suisse, c’est un autre message : l’apprentissage doit être décentralisé, comme l’enseignement secondaire, parce que l’efficacité de l’interaction établissement éducatif-entreprise réclame une très grande proximité entre les techniciens de l’entreprise et les enseignants. Quant à l’Allemagne, c’est très structurant : à partir du moment où l’enseignement technique est considéré comme une filière d’excellence, on peut y envoyer les élèves plus jeunes au lieu de les sélectionner, comme en France, tard et, bien trop souvent, sur la base d’un échec dans la filière générale. Au vu de la performance plus que moyenne de notre système éducatif avec les conséquences que l’on connaît sur le chômage des jeunes, il est du devoir de nos enseignants et de leurs dirigeants de se remettre en question. Dans un monde en mutation, les entreprises les plus solidement établies ont appris à se réinventer et à utiliser les « best practices » des meilleures d’entre elles et des start-up, culturellement en avance. Alors pourquoi la vénérable institution qu’est notre Education nationale ne ferait-elle pas de même pour se réoxygéner ? Avec nos voisins, nous avons autour de nous un formidable champ d’expérience et des succès incontestables. C’est aussi une façon de construire une Europe agile et vivante, en bénéficiant de sa diversité.

En savoir plus sur le site des échos

Le vrai rôle de l’Etat- Chronique aux Echos

21 Jan

L’annonce par Carlos Goshn de la voiture autonome de Renault apporte la confirmation d’une formidable bataille à venir. Les nouveaux prétendants viennent de tous les côtés : Tesla, la voiture 100 % électrique ; Autolib’, celle qu’on loue à l’heure ; Google et Apple, la voiture sans chauffeur ; Uber qui révolutionne le taxi et BlaBlaCar les trajets à moyenne distance. Les acteurs traditionnels étant loin d’avoir dit leur dernier mot, bien malin celui qui est capable de dire à l’avance ce qui va se passer et qui tirera son épingle du jeu.

A vrai dire, l’exercice est impossible tant le terrain est varié et les acteurs nombreux. Une seule certitude : les voitures vont s’améliorer et s’adapter au nouvel environnement. Une autre chose est sûre : le consommateur aura le dernier mot et c’est la meilleure des choses ; la saine concurrence qui règne stimulera les énergies et contrôlera les intérêts des fabricants pour les faire converger vers ce qu’il faut reconnaître comme étant l’intérêt général. C’est la beauté de l’économie de marché.

Une évidence, au vu de la puissance des entreprises dont on vient de parler, les Etats n’ont ni la faculté managériale ni la capacité financière de jouer dans cette cour. Ils doivent abandonner le rêve de la politique industrielle et plus simplement s’assurer que le territoire national permet aux entreprises d’y exercer leur métier à l’aise.

La stratégie la plus intelligente pour eux est celle d’un Etat fort mais concentré sur son coeur de métier : l’activité régalienne. C’est elle qui permet de situer le pays sur l’échiquier mondial et le protéger des agressions extérieures. Sur le plan intérieur, il s’agit de faire respecter la liberté, mère de l’initiative et la défense de la propriété mère de la motivation. C’est aussi savoir établir un climat de confiance qui permet à chaque citoyen d’épanouir ses talents. Il y a beaucoup à faire ! Certains hommes politiques l’ont compris, et c’est une vraie source d’espoir pour les entrepreneurs.
En savoir plus sur le site des échos

Il est temps de revoir notre modèle social – Chronique Ouest France

15 Jan

 

logo-of-167x72

C’est l’honneur de l’Europe d’avoir construit un modèle social unique au monde. Avec la solidarité pour pilier. Ce fut d’abord l’idée de faire cause commune quand un des membres était attaqué. Puis le fait de soutenir (en attendant qu’ils rebondissent) ceux qui connaissaient un passage à vide, qu’il soit médical ou professionnel. Ce fut enfin le principe de soutien aux plus jeunes, aux anciens et aux personnes handicapées, par ceux dans la force de l’âge.

Ce modèle, il faut avoir le courage d’expliquer qu’il n’est plus tenable sous sa forme actuelle, en particulier en France. Le budget social est en train de dépasser le tiers du PIB (richesse produite). La dette atteint le double des recettes fiscales d’un budget en déficit depuis quarante ans. Notre industrie, exposée à la concurrence mondiale, ne peut plus porter une telle charge et perd des parts de marché. Pas surprenant que le chômage monte, excluant une partie croissante de nos concitoyens.

Nos voisins européens ont réagi, notamment les Allemands. Ils ont commencé par faire admettre, avec le soutien des syndicats, que les circonstances imposaient de changer les comportements : la solidarité restait au coeur du contrat social mais un devoir était attaché à chaque droit.

Le gouvernement Schroeder fut aidé par les médias qui comprirent que la situation était grave. On installa le concept de «solidarité exigeante». Les comptes sociaux furent rééquilibrés en faisant payer les actes médicaux simples et en retardant l’âge de départ à la retraite.

Ceux qui avaient une situation stable durent accepter des horaires plus flexibles pour faciliter les efforts d’adaptation des entreprises à la nouvelle donne. Pour les chômeurs, la règle devint «Mieux vaut un job pas tout à tout à fait satisfaisant que l’horreur du chômage (même bien payé) à la maison». Et l’économie, ainsi allégée de son poste de dépenses le plus important, repartit de l’avant. Le chômage outre-Rhin tomba de 12 % à 5 % en cinq ans ! Les plus faibles retrouvèrent leur dignité à travers une activité qui leur remettait le pied à l’étrier.

Une majorité de Français est prête

Ici en France, on continue à laisser entendre que l’économie va repartir toute seule, que le problème financier n’est pas urgent et que l’on peut continuer à s’endetter. C’est retarder la prise de conscience nécessaire à toute réforme impliquante.

Les Français, n’étant pas idiots, savent au fond d’eux-mêmes que l’on va dans le mur, ce qui alimente la défiance. En laissant une partie de la population s’installer dans la dépendance (avec le chômage et le RSA qui isole), on réduit à néant toute chance d’harmonie sociale. L’État est bien obligé de financer ces dépenses, ce qui le conduit forcément à une fiscalité confiscatoire qui démotive les entrepreneurs quand elle ne les pousse pas à l’exil.

Cette solidarité permissive finit par créer une facture profonde dans la société. Pour que la solidarité conduise à l’harmonie sociale, il faut accepter quelques règles contraignantes. La majorité des Français est plus prête que l’on croit à l’admettre. La balle est dans le camp de nos hommes politiques et de nos syndicats qui doivent maintenant faire preuve de réalisme et de courage. Que cette année 2016 soit pour eux l’occasion de montrer qu’ils sont à la hauteur des enjeux !

Plus d’articles sur le site de Ouest France

 

xavier fontanet

Gardons nos start-up ! Chronique aux Échos

14 Jan

les_echos

les-echos-fontanet

Un grand quotidien a expliqué la semaine dernière dans ses colonnes que, sur les 50 start-up démarrées au sein d’une des ruches parisiennes les plus fécondes, 45 avaient quitté la France pour le Royaume-Uni. La raison ? L’absence de capital-risque en France. Cette information n’a pas valeur de statistique, mais révèle le fléau que représente l’exil des talents.

C’est très bien de pousser la création d’entreprises, encore faut-il que celles-ci ne partent pas ! Nul pays ne peut en effet prospérer si 90 % des jeunes pousses sont transplantées sur un sol étranger. Le gros de la création de valeur n’est pas dans l’invention d’un produit mais dans son exploitation sur sa durée de vie.

On récolte à vrai dire ce qu’on a semé : quand on proclame que la finance est l’ennemi à combattre et que la fiscalité sur le capital qui résulte de cette vision est le double de ce qu’on trouve chez les voisins, il ne faut pas s’étonner que celui-ci parte. Disons les choses : l’ISF le fait fuir, et la fiscalité sur les plus-values fige ce qui en reste. Quelle que soit la qualité du travail de bpifrance, ses capitaux constituent à peine 1,5 % du total investi en France. Son impact réel ne peut être que dans cet ordre de grandeur : le capital public ne peut pas remplacer le capital privé.

Tous les financiers ne sont pas parfaits, mais, en grande majorité, ils sont honnêtes et assument leur fonction, qui est la prise de risque. Le capital est partie prenante de l’entreprise. Celle-ci étant en concurrence mondiale, on ne peut pas avoir une fiscalité différente de celle de ses voisins sans risquer de la perdre.

La présence française au Consumer Electronics Show de Las Vegas est une nouvelle preuve de la créativité de nos entreprises ; il serait dommage que ce soit du capital-risque américain qui les finance. Souhaitons que, en 2016, le ministre de l’Economie et celui des Finances accordent donc un peu mieux leurs violons. Alors les start-up resteront sur notre sol et il y aura une petite chance que les choses aillent mieux !
En savoir plus sur www.lesechos.fr

La clef de la prospérité – Chronique aux Echos

8 Jan
les_echos
les-echos-fontanet
Quarante ans de déficit, fruit d’une défiance de nos politiques dans la sphère privée et d’un surinvestissement dans notre sphère publique, ont amené celle-ci à contrôler plus de 57,5 % du PIB. La majorité du prix de revient d’une entreprise à valeur ajoutée 100 % française est donc aujourd’hui gérée par l’Etat et échappe à son patron ! Si notre sphère publique était plus efficace que les sphères publiques étrangères, ce serait une excellente nouvelle. Elle est malheureusement 50 % plus chère que sa consoeur allemande ; c’est un jockey bien trop lourd que portent nos entreprises face à leurs concurrentes d’outre-Rhin, une surcharge mortelle dans le cas de l’industrie. On ne peut pas aujourd’hui fixer la dépense publique à un niveau plus élevé que ses voisins sauf à mettre en danger toute l’économie concurrentielle, à stopper la croissance et à faire augmenter le chômage. A l’étranger, on a compris ; ici on en est toujours soit à chercher la protection ou l’aide, soit à accuser la haute finance, l’Europe ou la mondialisation. Heureusement, certains politiques et syndicats commencent à réaliser que la sphère publique participe elle aussi à la compétitivité globale, et qu’il est de ce fait urgent de la réformer. L’enjeu pour tous nos compatriotes est d’être en position de bien vivre la mondialisation à travers l’entreprise où ils travaillent. Aider nos entreprises à prospérer, c’est du même coup attirer les meilleures mondiales sur notre sol et solidifier l’économie. Les Français sont talentueux et n’ont rien à craindre, ils ont tout à gagner à sauter dans le grand bain. Que 2016 soit l’année où nos hommes politiques vont montrer qu’ils sont à la hauteur, décider de faire adopter à l’état un régime jockey et faire confiance aux Français pour qu’ils excellent sur le marché mondial.
En savoir plus sur le site des Échos