Archive | février, 2014

Le pari de Peugeot et les leçons de GM

27 Fév

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Bon vent à Peugeot Dongfeng ! Cette alliance franco-chinoise modifie le jeu concurrentiel, mais le chemin vers la rentabilité sera ardu car GM, Toyota et VW sont chacun deux fois plus gros que le nouvel ensemble et avancent très vite partout.

Que notre gouvernement s’inspire d’Obama, chez qui notre président s’est récemment rendu, et étudie la façon dont il a géré l’argent du contribuable américain investi dans GM. Il a soutenu une politique drastique : arrêt de 30 % des marques, produits, usines aux Etats-Unis et concessions. Il n’aurait pas toléré qu’un ministre annonce (non sans arrière-pensées électorales) que l’accord permettrait de garder toutes les usines en France.

Que nos syndicats analysent ce qu’ont fait leurs collègues américains. Ceux-ci ont fait preuve de réalisme en admettant qu’un contrat de travail « béton » dans une entreprise en grande difficulté ne valait pas grand-chose. Leur sagesse a payé, car GM est reparti du bon pied et a réembauché.

La trop forte empreinte française de Peugeot a fait peur jusqu’ici aux partenaires potentiels après que Caterpillar, puis Goodyear aient révélé au monde entier les difficultés et le coût pour des entreprises mondiales de fermer des sites en France. Cette image de pays où la flexibilité est quasiment impossible devra être rapidement corrigée, car il faudra que Peugeot Dong Feng trouve très rapidement un autre partenaire pour grossir.

Dans cette quête, l’attractivité du site France sera clef. Elle se jugera à la façon dont les politiques laisseront – ou pas – les coudées franches à Carlos Tavares et dont les syndicats accompagneront – ou pas – son action. Les politiques et les syndicats, directement impliqués dans cette affaire, représentent beaucoup plus qu’eux-mêmes : ils portent l’image de notre pays, qui est à ce jour bien mal en point et doit être impérativement améliorée.

 

 

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Mathématiques élémentaires

20 Fév

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Pourquoi refuser de récompenser la performance mène-t-il au déclin ? Imaginez une classe de mathématiques dont le maître met à peu près les mêmes notes à tout le monde…

Cette classe est composée de deux élèves ; l’un mérite 20/20 et l’autre 2/20 ; le professeur, pour éviter que l’excellence de l’un ne décourage l’autre, imposera au premier une « taxe » de 50 %, ramenant donc sa note à 10 ; et il « subventionnera » le second à hauteur de 400 % pour qu’il ait 10 lui aussi.

Avec ses deux élèves tout aussi « moyens » l’un que l’autre, la classe fonctionnera peut-être tant bien que mal quelque temps, mais on peut prédire que cela ne durera pas éternellement : en effet, au devoir suivant, aucun des deux n’aura plus aucun intérêt à exceller ; le premier parce qu’on ne le récompensera pas à sa juste valeur et le second parce qu’il aura la moyenne sans rien faire.

Cette gestion à base d’égalitarisme est le fondement même de la politique économique actuelle – même si, dans les mots, on encourage tout le monde à exceller… On oublie simplement dans cette affaire que lorsqu’une personne reçoit sans avoir à travailler, une autre personne doit travailler sans recevoir de récompense. Lorsqu’on enlève toute récompense, dans toutes les civilisations et de tout temps, on aboutit vite à une situation où personne ne fournit plus d’efforts ni ne cherche à réussir.

On oublie que les individus et leurs talents sont à la base de la performance collective. Si on omet de les récompenser, le niveau global baissera inéluctablement. Dans une économie fermée, la chute sera douce ; dans une économie ouverte, le décrochage sera brutal, comme en sport, lorsqu’une équipe se fait balayer par mieux entraînée qu’elle. On célèbre en ce moment les champions Olympiques. Quelle mouche a piqué les gouvernants pour punir à ce point nos champions entrepreneurs ? Si le passage de notre président en Californie lui ouvre les yeux sur la vertu de la récompense et son lien avec la compétitivité, ce sera un pas bien tardif mais… dans la bonne direction !

 

 

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« Justice fiscale », erreur économique

13 Fév

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Deux mois après avoir matraqué fiscalement les entreprises et les entrepreneurs comme aucun pays ne l’a fait, notre gouvernement promet de résoudre tous les problèmes d’investissement. Il montre qu’il n’avait jusqu’ici pas fait le lien entre impôt et investissement. Il lui manque, comme à beaucoup de nos concitoyens, le concept de « rotation d’actif ».

Toute entreprise a besoin d’actif (usine) et de fonds de roulement pour fonctionner. Si elle veut doubler ses ventes, il lui faudra deux fois plus d’actif : l’actif est proportionnel à l’activité, preuve que travail et capital ont indissolublement besoin l’un de l’autre.

Chaque année, l’actif s’accroît du bénéfice après impôts et dividendes. Les entreprises françaises ont, d’après toutes les études comparatives, une marge d’à peu près 30 % inférieure à celle des entreprises allemandes. C’est l’effet de charges comparativement plus élevées. Elles sont, de surcroît, à peu près deux fois plus taxées au niveau de l’impôt sur les bénéfices et les dividendes.

Une entreprise allemande qui a une rentabilité de 20 % avant impôt et dont l’actionnaire attend un dividende net de 2 % des actifs croîtra à 14 % l’an ; la rentabilité nette de sa consoeur française sera de 14 % et, du fait des impôts plus élevés sur bénéfices et dividendes, elle ne pourra croître qu’à 5 % l’an ; sur la durée elle se fera forcément dépasser (*).

Il ne faut pas s’étonner qu’une stratégie dite de « justice fiscale » visant à transférer des richesses à l’intérieur d’un pays aboutisse à des catastrophes quand il s’agit d’être compétitif vis-à-vis de l’extérieur. Remise à plat ? Le vrai sujet n’est pas de collecter l’impôt plus vite, mais de remettre les coûts de notre sphère publique et notre fiscalité aux niveaux allemands ; il faudra beaucoup plus que 50 milliards d’économies, mais ce pacte plus musclé sera également plus crédible et la confiance pourra alors revenir.

 

 

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Le modèle Airbus

6 Fév

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La meilleure façon de construire l’Europe, c’est que les Européens bâtissent ensemble hors d’Europe », disait De Gaulle ; intuition prémonitoire de ce génie militaire et politique invitant les entreprises à conquérir le monde pour consolider leur continent.

Voilà une dimension épique donnée à leur action ; voilà qui remet à leur place les politiques nationalistes, démagogiques et mortifères ; voilà un support moral donné à nos champions, trop souvent accusés de se désintéresser de leur pays d’origine et jalousés à cause même de leurs succès. En réussissant au-delà de ce qui était imaginable, les équipes d’Airbus ouvrent une autre perspective : le potentiel d’alliances franco-allemandes.

Ces deux peuples, longtemps ennemis et pourtant si complémentaires : l’Allemand est précis et discipliné, divinement adapté aux produits mécaniques exigeant des process de production parfaits ; le Français désobéissant, dégourdi et conceptuel, est fait pour les métiers multifacettes comme l’énergie, les travaux publics et l’eau, ou demandant de la fantaisie et un sens esthétique comme le luxe. Airbus est la démonstration éclatante qu’en combinant ces talents, on peut créer des leaders mondiaux.

Les opportunités de construire l’Europe à travers les entreprises sont aujourd’hui plus nombreuses que jamais : un « Airbus » de la banque mariant une grande banque allemande à une grande banque française, un « Airbus » des places financières en réunissant Euronext et Deutsche Börse, un « Airbus » des télécommunications, de la pharmacie, pourquoi pas de l’automobile ? C’est une nécessité pour faire face aux géants aujourd’hui américains et demain chinois.

La priorité pour l’Europe ce ne sont pas des projets fumeux et infinançables, il y a déjà bien assez d’équipement. Le plus judicieux, c’est probablement de promouvoir rapidement des leaders mondiaux dont la base est européenne.

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