Archive | juin, 2017

Et la sphère enflait, enflait… Chronique aux Echos

29 Juin
En 1974, notre sphère publique, vierge de dette, ne dépassait pas 30 % du PIB et notre Etat régalien était fort. Les hommes politiques ont alors écouté les sirènes des économistes qui leur ont vendu le concept de « multiplicateur », expliquant que la dépense publique avait un effet positif sur l’économie. Quarante-trois ans de déficits publics continus ont créé une dette considérable et notre croissance patine. Les pays qui, comme la Suisse, ont gardé des politiques d’équilibre budgétaire et de sphère publique contenue, ont doublé leur PIB par tête par rapport à nous. L’Allemagne marche beaucoup mieux depuis qu’elle a, sous l’impulsion de Gerhard Schröder, réduit ses dépenses publiques d’un bon 10 % du PIB et baissé à concurrence ses impôts.

Revenons au bon sens, regardons les chiffres fournis par le cabinet Rexecode et comparons-nous (en % du PIB France/Allemagne) : sphère publique 56/45 ; capacité (besoin) de financement des ménages +3,5/+5 , des entreprises -2/+3, des administrations -4/+0,5.

La sphère publique française, à même structure, coûte 11 % de PIB de plus que sa consoeur allemande. Pour se financer, elle surcharge les entreprises de 5 % du PIB, augmente sa dette, chaque année, de 4 % (alors que l’Allemagne baisse la sienne de 0,5 % par an), elle réduit enfin l’épargne des ménages de 1,5 % : 5 + 4 + 0,5 + 1,5 ; on arrive à un total de 11 %… le compte y est !

Le bon sens nous dit que soit l’on parie sur un Etat protecteur et omniprésent, mais on épuise les entreprises, on réduit la capacité de décision des ménages et on endette l’Etat ; soit l’on réduit le périmètre de l’Etat en allégeant les impôts et les charges des entreprises pour leur permettre de se développer dans le monde comme leurs consoeurs allemandes. L’idée fausse du multiplicateur étrangle l’entreprise ; on peut lui redonner de l’air, mais les jours sont comptés : si l’Allemagne réduit sa dette, la France continue d’augmenter la sienne au point que l’actif net de l’Etat s’approche, toujours d’après le cabinet Rexecode, de zéro !

En savoir plus sur le site lesechos.fr

Accepter la flexibilité – Chronique aux Echos

15 Juin

Vivarte, Tati, Mim… nos journaux sont remplis d’articles sur des enseignes de textile en difficulté. Un regard de l’autre côté de l’Atlantique nous indique que le problème est général.

Sears, le grand distributeur textile américain, a dû réduire en dix ans le nombre de ses magasins de 3.800 à 1.500 ; depuis 2014, son chiffre d’affaires a baissé de… 37 % ! Derrière cette chute se profile la montée des ventes sur le Net, qui a pris aujourd’hui plus du quart du marché textile. Amazon va ajouter dans les dix-huit prochains mois 100.000 personnes aux 180.000 qu’il emploie aux Etats-Unis. La concurrence entre systèmes de distribution va donc s’intensifier, et on peut désormais se demander si le commerce en ligne va connaître la même percée dans l’alimentaire.

Walmart a réagi en achetant un site d’achat, Jet.com, et propose à ses employés de livrer les clients en rentrant chez eux ; avec ses 4.700 magasins et 90 % de la population vivant à moins de 10 miles d’un magasin, le géant américain dispose d’un atout maître dans la conquête du « last mile »… sans compter qu’il discute avec Uber et Lyft pour compléter le dispositif. Un tour en Asie suggère une autre piste : le remplacement des courses par la livraison de repas produits en cuisine centrale. Ce nouveau créneau est en train de prendre sa place entre les repas faits à la maison et les restaurants. Le phénomène prend de l’ampleur en Indonésie, en Corée et en Chine.

Aucun esprit, si génial soit-il, ne peut prédire ce qui va arriver chez nous, tant sont nombreuses les billes qui roulent sur le tapis. La seule réponse possible, c’est la flexibilité. Mais, pour que celle-ci soit acceptée, encore faut-il que les gens arrêtent de diaboliser le marché et comprennent que, si des magasins ferment, c’est parce que eux-mêmes ont passé leurs commandes sur le Net. Le jour où les gens feront le lien et auront admis que le bras gauche (producteur) doit être solidaire du bras droit (consommateur), les nécessaires évolutions se feront dans un climat plus serein.
En savoir plus sur le site lesechos.fr

Les langoustines et les robots- Chronique aux Echos

8 Juin

Connaissez-vous les demoiselles de Loctudy ? C’est le nom donné aux langoustines pêchées dans le sud-ouest de la Bretagne. Les pêcheurs bigoudens ont mis au point il y a cinquante ans un procédé de chalutage révolutionnaire rendant abordable le prix de ce délicieux crustacé. Le Crédit Maritime finança alors les armateurs et le fit avec des taux d’endettement déraisonnables. Après une période de forte croissance, la capture s’effondra, les langoustines ne se reproduisant pas assez vite. L’Europe entra alors dans le jeu et finança la mise au rancart de l’outil pour stopper la surexploitation. Les choses reviennent à l’équilibre, mais que d’argent et d’énergie on a gâchés dans cette affaire en voulant aller trop vite !

Le même mécanisme est peut-être en train de se produire à une bien plus grande échelle à cause de l’excès mondial des liquidités qui vient gonfler la capitalisation des entreprises du Net. Il suffit d’une petite dilution de capital pour faire rentrer des montagnes de cash, même dans des entreprises montrant des pertes considérables. Les victimes potentielles dans cette affaire, ce ne sont pas les langoustines mais, si l’on en croit de nombreuses études, le 1,2 milliard de jobs visés par la robotisation et la numérisation, pour lesquelles l’intelligence artificielle fournit des logiciels de plus en plus efficaces.

On n’en est pas à la première révolution technologique, et il ne faut pas craindre ces avancées. Mais est-il sain que de tels moyens financiers s’investissent dans cette gigantesque vague ? Si on ne met pas dans l’éducation et la reconversion le même niveau de ressources, on risque le déclassement d’une grande partie de la population et l’explosion des budgets sociaux.

L’analogie entre le chalutier et le robot n’est pas une méthode scientifique ; il serait néanmoins utile que nos économistes, favorables en général à l’abondance de liquidités, y regardent cette fois-ci à deux fois. L’expérience montre que, quand on force la nature, on assiste toujours à de violents retours de bâton.
En savoir plus sur le site lesechos.fr

Reprendre, c’est entreprendre ! Chronique aux échos

1 Juin
Vous n’avez probablement pas entendu parler de Radoine Mebarki, c’est bien dommage!
Radoine a inventé un concept aussi puissant que l’autoentrepreneur de Maria Nowak et Hervé Novelli. C’est l’idée du « repreneur », qui veut entreprendre, n’a pas d’idée précise à développer, mais est prêt à reprendre celle d’un autre : chaque année, 60.000 entreprises cherchent un repreneur, 90 % sont des TPE (entre 1 et 9 personnes), 40 % des reprises se passent mal. Radoine veut rationaliser le processus de transmission en préparant parallèlement le candidat à la reprise et le vendeur. Il considère que, si on a le sens des responsabilités, il n’est pas difficile d’être entrepreneur, car le bagage technique est simple.
Les parents de Radoine Mebarki sont des Algériens immigrés. Il a vécu sa jeunesse dans les quartiers, fait des études moyennes, mais il s’exprime très bien et a le sens du commerce. Un prêtre lui donne le goût du travail bien fait. Il crée alors sa société de promotion immobilière et, l’affaire tournant bien, se consacre depuis deux ans, bénévolement, au développement de Tous repreneurs !, une plate-forme de mise en relation.
Le RSA, un outil pour rebondir mais pas pour s’installer

Le cœur de son livre « Tous repreneurs ! Le nouveau mode d’emploi » (publié aux éditions Les Belles Lettres) se trouve dans les principes de vie qu’il adresse à ceux qui, comme lui, sont issus de l’immigration. Son engagement est l’exemple même de la solidarité ; pourtant, il conseille de se méfier des aides : elles ne dureront pas, vu les finances de l’Etat. Il recommande donc à chacun de s’assumer. Il voit dans le RSA un ressort qui permet de rebondir en cas d’échec, mais surtout pas un état dans lequel on peut s’installer, car il annihile la responsabilité. Posséder son entreprise, dit-il, est le plus beau cadeau que la deuxième génération de l’immigration peut faire à la première, qui, un jour, a quitté son pays pour donner une chance à ses enfants.

En découvrant Radoine Mebarki, vous comprendrez que l’entreprise est le levier de l’intégration et que la solidarité n’est durable que si elle s’exerce entre gens responsables!
En savoir plus sur business.lesechos.fr

Tous repreneurs, le nouveau mode d’emploi, par Radoine Mebarki, aux belles lettres,