Archive | novembre, 2019

Eloge de l’entrepreneur – Chronique aux Echos

22 Nov

Derrière une entreprise qui réussit, il y a toujours un homme ou une femme qui a su saisir une opportunité, apporter un regard neuf. Pour Xavier Fontanet, l’entrepreneur est un visionnaire, un entraîneur dont il serait salutaire de reconnaître les qualités

 

A tous ceux qui se demandent où trouver des projets et des sources d’espoir pour notre pays, les récents BFM Awards ont donné une réponse très convaincante. Le théâtre des Champs-Elysées, où il a eu lieu, était archi plein et les messages passés pendant toute cette soirée (où une dizaine de prix ont été délivrés) auraient mérité d’être partagés par un ensemble bien plus large.

Tous les types d’entreprises étaient représentés dans cette cérémonie. Ces entreprises étaient actives dans des secteurs traditionnels aussi bien que dans la net économie, dans la production, la distribution ou les services. En d’autres termes, une extraordinaire variété de situations, reflet de la diversité de notre économie et preuve qu’il n’y a pas de secteur condamné.

Les gagnants, à la tête d’entreprises extrêmement rentables, n’ont pas une seule fois parlé de profit. Ils ont plutôt expliqué que tout avait démarré d’une idée et d’une passion. Si l’argent a été évoqué, c’était toujours pour dire qu’il était le moyen permettant de croître et d’investir, le reste venant par surcroît. Si on a largement évoqué les vertus du travail et de l’effort, c’était toujours pour les présenter comme le moyen le plus efficace de protéger l’entreprise et de lui permettre de garder son indépendance sur la durée.

Mais le point le plus fort de cette cérémonie, c’est assurément d’avoir démontré que, derrière chaque idée et derrière chaque entreprise, il y avait toujours une personne, homme ou femme, qui a su imaginer et concrétiser un moyen de faire mieux, en observant la réalité sous un angle différent et avec un regard neuf. Une personne qui a su créer puis fédérer des équipes, y compris les syndicats (que l’on doit associer à la stratégie) comme l’a expliqué Carlos Tavares de façon très convaincante.

Le jour où chaque concitoyen reconnaîtra la dimension de visionnaire et d’entraîneur qu’est l’entrepreneur, le jour où on cessera de dire qu’il n’est qu’un exploiteur et un rapace assoiffé de profit, le jour enfin où on reconnaîtra son apport précieux à la société, les choses iront infiniment mieux !

 

Plus d’articles sur le site des Échos

La France reste un enfer fiscal – Chronique aux Echos

8 Nov
 

Gros coup de cafard ce matin en passant rue de Mérimée à côté du siège de Lafarge, une rue traditionnellement très animée par les collaborateurs venant du monde entier y prendre leurs instructions. Aujourd’hui, plus personne, l’immeuble est vide, conséquence de la fusion LafargeHolcim qui a déplacé le siège en Suisse.

Deux heures auparavant, j’avais une conversation téléphonique avec un ami, président d’une entreprise française parmi les plus mondialisées. Il venait de discuter avec le responsable (un local) d’une grande zone de sa société. Ce dernier lui disait envisager sérieusement de quitter le groupe, parce qu’il ne voulait pas payer les impôts français. Il avait eu vent de la « loi Ghosn » et pensait qu’en tant que membre du comité exécutif la loi finirait par s’appliquer à lui. Crainte infondée, sans compter que, avec l’arrêt de l’ISF et la flat tax, les choses se sont en partie arrangées depuis deux ans. Il n’empêche que les images restent et la réalité est là : l’OCDE vient encore de nous classer en tête du classement des pays où la pression fiscale est la plus forte. Avec cette nouvelle loi et l’instabilité qui continue, on ne facilite pas le travail des directions des multinationales françaises.

Dans ces affaires, on nous parle toujours de rapacité et de mondialisation aveugle et apatride. C’est vrai dans certains cas, il n’empêche qu’on ne rappellera jamais assez que la fuite des sièges sociaux et des individus fortunés, ce sont les impôts, encore beaucoup trop lourds, qui en sont la cause. Il faut aussi expliquer que derrière des impôts excessifs il y a des dépenses publiques inutilement élevées. Il est bien plus difficile de les baisser que d’écrire des lois de circonstance.

Il y a deux approches politiques : celles qui visent les causes des problèmes et celles qui en gèrent les conséquences ; le jour où nos gouvernants se polariseront sur la première, les choses auront quelques chances d’aller un tout petit peu mieux !

 

Retrouvez d’autres articles sur le site www.lesechos.fr

L’actionnariat salarié, futur pilier de nos retraites – Chronique aux Echos

1 Nov

Le hasard des rencontres fait que j’ai pu avoir une discussion de fond avec un cadre d’Airbus, très attaché à sa société et chaud partisan de l’actionnariat salarié. Ce cadre investit personnellement chaque année entre 7 et 10 % de son salaire en actions de la société. Airbus abonde cet effort important en donnant 10 actions gratuites pour 50 actions achetées. Nous avons fait ensemble les calculs : le capital qu’aura accumulé notre cadre quand il arrêtera de travailler procurera un complément (excusez du peu) représentant au moins 85 % de sa retraite légale. Airbus est une société très brillante, leader mondial, dont le cours de Bourse a crû de 11 % l’an dans les vingt dernières années, ce qui est très élevé. On va dire : « Airbus ce n’est pas représentatif »

Eh bien, regardons à l’étranger : les pays (Nouvelle-Zélande, Canada, Suisse, Singapour) dont les dirigeants ont parié il y a quarante ans sur la capitalisation ne peuvent que s’en féliciter et n’ont ni nos discussions ni nos doutes ! Roger Douglas, Premier ministre néo-zélandais contemporain de François Mitterrand, a calculé, en 1984, que si un employé (on ne parle plus de cadre mais d’un échantillon représentatif de la population au travail) mettait de côté chaque mois 5 % de son salaire et que l’entreprise abondait cette somme de 25 %, le pécule, régulièrement alimenté et placé à 5 % (taux très raisonnable), servait, après quarante-cinq ans de vie active, une pension très largement équivalente au dernier salaire.

En cette période où l’on réfléchit sur la retraite et où chacun sait bien en for intérieur que les chiffres ne boucleront pas facilement (malgré tout ce qu’on peut nous raconter), il est impératif de construire un deuxième pilier qui sera très efficace et porte un nom : l’actionnariat salarié.

Retrouvez d’autres articles sur le site www.lesechos.fr