Archive | septembre, 2021

Assurance chômage pour les indépendants : une excellente nouvelle

29 Sep

L’assurance chômage pour les indépendants est un pas dans la bonne direction qui devrait être l’amorce d’une dynamique plus générale

L’élargissement de l’accès à l’assurance chômage aux indépendants, décidé récemment par le gouvernement est une excellente idée. Les mesures complémentaires prises pour faciliter la protection du patrimoine personnel également. Voilà donc des pas encourageants qui pourraient être l’amorce d’une dynamique plus générale.

L’importance des entreprises

Une nouvelle entreprise est un actif précieux pour un pays comme pour son État (les géants d’Internet avaient il y a 20 ans moins de dix employés), mais elle est fragile comme un jeune enfant. Tout le monde devrait savoir que les deux tiers d’entre elles mettent la clé sous la porte dans les cinq ans qui suivent le démarrage, soit parce que leur projet de départ n’était pas bon, soit parce qu’elles ont été empêchées par toutes sortes de contraintes.

Dès qu’une entreprise démarre, elle est l’objet de nombreuses sollicitations : les impôts, la sécurité sociale et d’autres autres organismes publics. C’est tout à fait légitime (et nécessaire) que ces services fassent leur travail, mais il n’empêche que les journaux sont plein d’histoires ubuesques, autant de preuves qu’il y a des progrès à faire.

Une meilleure relation entre la fonction publique et les indépendants

La fonction publique regorge de personnes compétentes et dévouées. C’est en général le système qui mérite les reproches et qui demande à être simplifié.

À ce propos, chaque politique et chaque fonctionnaire devrait lire et relire les dernières pages du rapport Armand-Rueff qui a 60 ans et pas une ride. Il est connu pour les grands axes stratégiques conseillés dans le domaine économique de l’époque, mais la partie la plus intéressante est celle qui concerne le discours adressé au personnel administratif.

Le rapport encourage à garder les systèmes aussi simples que possible quitte à donner davantage de responsabilités dans l’application des textes au personnel de terrain mieux à même de juger les situations. Il recommande fermement de personnaliser les relations avec l’usager, rappelant que la sphère publique est un service rendu au pays et à chacun de ses citoyens. La meilleure façon d’humaniser l’administration est de la personnifier par les traits d’une personne.

Prendre soin des indépendants

En cette période de concurrence mondiale, l’ensemble de nos concitoyens devrait comprendre que c’est surtout la dynamique des entreprises qui va créer la prospérité du pays, assurer l’emploi ainsi que le règlement des impôts et des charges sociales.

La prospérité dépendra bien sûr de la justesse des grandes politiques, mais aussi et peut-être surtout de la qualité des relations quotidiennes de nos trois millions d’entreprises avec les collaborateurs des sphères publiques et sociales.

C’est ce troisième facteur (allié au capital et au travail), ce petit miracle qui crée la bonne ambiance, qui, comme le rappelait Alain Peyrefitte dans ses livres sur la confiance, est le facteur déterminant du succès d’une économie.

Internet devrait permettre de gigantesques économies de coût de fonctionnement comme ça a été le cas dans les services privés (banques et assurances). Encore faut-il que le résultat ne soit pas une dépersonnalisation accrue des relations avec le terrifiant noreply.

Avec le numérique les choses évoluent en ce moment à toute vitesse, les opportunités d’amélioration, mais aussi les dangers de figer les choses, surabondent : la qualité des relations interpersonnelles sur le terrain et l’énergie qui sera mise à la fluidité des relations entre les sphères publiques et entreprises jeunes et anciennes est peut-être ce qui fera la différence.

Xavier Fontanet

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Marseille : et si on s’occupait du développement du port !

13 Sep

Tribune. La récente visite de notre Président à Marseille montre que la capacité à relier entre eux les évènements n’est pas le point fort de nos concitoyens : lacune à combler car le monde est, plus que jamais, devenu un lieu où on doit impérativement raisonner système. 

Une action déclenchant toujours des réactions, on ne peut juger de son efficacité qu’une fois intégré l’effet des réactions qu’elle a provoquées. Par voie de conséquence un état, quel qu’il soit, s’explique par le travail sur la durée de causes plus anciennes. Il est inefficace voire dangereux de traiter uniquement les effets sans aller à la cause car on risque d’amplifier le phénomène qu’on veut combattre. 

Si on veut par exemple lutter contre le chômage en atténuant la douleur qu’il provoque par la distribution d’indemnités relativement généreuses c’est le fameux mot de Jospin « nous avons choisi une politique de chômage bien rémunéré » ) on pousse quoi qu’on raconte les gens à rester à la maison et on fait grimper le coût les entreprises, en les rendant moins compétitives et en freinant leur capacité d’embaucher. Si on veut traiter chômage à la racine dans un monde concurrentiel on doit d’abord s’assurer que le système social permet précisément aux entreprises d’être compétitives. 

Un évènement récent permet de constater notre absence de capacité à relier les sujets, il nous a été donné par la visite du président Macron à Marseille et par les commentaires qu’elle a (ou n’a pas) suscités. On s’est focalisé sur la drogue et ses effets destructeurs avec un gros effort mis sur les policiers, l’école et la salubrité des quartiers concernés. Très bien !

Le passage du président a pourtant coïncidé avec la publication d’un classement sur les ports de commerce dans lequel Marseille avait encore perdu des places par rapport à ses voisins en continuant une dégringolade qui dure depuis plus de cinquante ans. Personne n’a fait le lien entre le développement de la drogue et le dégât provoqué par les grèves répétées de la CGT qui ont rendu le port non attractif et qui fait que les bateaux préfèrent Gènes ou Valence.

Certains esprits vont expliquer que le déchargement est automatisé et que le détournement du trafic concerne assez peu de monde. C’est méconnaître d’énergie qu’apporte à une région et la compétitivité que donne aux entreprises, le fait d’abriter un port puissant comment on le voit aux Pays-Bas avec Amsterdam. Les esprits malins expliquent d’ailleurs que le premier port français c’est …. Anvers car son voisin, Le Havre a, lui aussi, été coulé par la même CGT. La réside une des explications du chômage particulièrement élevé dans la région, chômage qui frappe d’abord les jeunes, exposant les plus fragiles à la drogue.

La pensée systémique est une discipline à enseigner en priorité dans les écoles si on veut que notre pays tire son épingle du jeu dans le monde complexe qui se présente à nous en ce moment.

Xavier Fontanet a dirigé de 1991 à 2010 le groupe Essilor, qui connaît sous sa direction une croissance sans précédent. Depuis 2012, il est professeur associé de stratégie à HEC Paris et auteur de plusieurs essais où il partage son expérience et sa passion de l’entreprise. Il est également l’auteur de « Pourquoi pas nous« , paru aux éditions Les Belles Lettres.

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