Archive | mars, 2019

La leçon de Blanquefort – Chronique aux Echos

25 Mar

20 millions d’euros sont demandés à Ford pour réindustrialiser dans le cadre du plan de fermeture de son usine de Blanquefort. Ford paiera. Mais notons au passage que la somme est significative, surtout quand on sait que les assurances chômage ont été dûment acquittées. Certes, ces 20 millions faciliteront le reclassement des salariés. Mais en réaction, les groupes internationaux qui pensent investir en France auront ces chiffres en tête et réfléchiront à deux fois avant d’appuyer sur le bouton. Ils iront évidemment regarder ce qui se passe chez nos voisins immédiats.

Une revue anglaise vient de sortir des statistiques montrant que tous ces pays ont réduit considérablement leur chômage depuis dix ans, sauf la France. Le champion toutes catégories est la Suisse, où ce dernier a encore baissé de 20 % cette année, à 3,2 % de la population active, ce qui représente 150.000 chômeurs. Si l’on regarde de plus près, la Suisse fait appel à 300.000 frontaliers (dont la majorité viennent de France). Son chômage est donc négatif alors que son taux d’emploi est à 80 % (il n’est que de 64 % en France) et que les salaires y sont doubles des nôtres en moyenne. Une fermeture comme celle de Blanquefort s’y réglerait en moins de trois mois sans y consacrer le moindre euro.

Où est le secret d’une telle performance ? Probablement, et c’est un paradoxe, dans la concision et la simplicité du droit du travail de ce pays, qui contient environ 100 fois moins de pages que le nôtre et dans les messages qu’il passe ; l’employeur n’a pas à justifier une décision de licenciement ni à réindustrialiser la région s’il ferme une usine. Il doit simplement payer des indemnités selon un barème préétabli.

Regardons autour de nous et tirons les bons enseignements : le pays qui a le moins de chômage et les salaires les plus élevés est celui qui a l’environnement le plus simple et le plus lisible.

 

Xavier Fontanet

 

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Quatre mesures contre les fake news – Chronique aux Echos

14 Mar
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Les fake news sont un problème grave qui va empirer.

Si l’Europe s’y attaque plus efficacement que l’Amérique et la Chine, elle peut revenir dans le grand jeu du Net dont elle est absente.

On peut imaginer quatre mesures que pourraient prendre les pays européens.

D’abord, s’attaquer au gigantesque troc qui consiste à dire : « Tu me donnes tes données et je te donne mes applis. » Première décision : en Europe, on achète les données et on vend les applis. Cela permettrait d’y relocaliser une partie des impôts qui doivent légitimement y être payés.

Il faut ensuite exploiter les failles qui apparaissent avec les fake news venant de sources anonymes et la crainte grandissante de savoir ce qu’il advient des données. D’où la deuxième décision : l’Europe exige qu’à chaque adresse corresponde une personne identifiée. Cela réduirait les fake news en permettant de les tracer plus efficacement. Ce changement des règles du jeu provoquera une génération de nouvelles applis payantes, assurant que les données ne sont pas réutilisées. Belle opportunité de faire revenir les Européens travaillant dans les Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple) et consorts. L’exercice de leurs stock-options (dont les plus-values représentent plusieurs centaines de milliards d’euros) peut financer facilement ces nouvelles sociétés.

La condition, qui constitue la troisième décision, c’est de remettre les fiscalités sur les plus-values à des niveaux compétitifs. La prolifération des fake news est le résultat de l’affaiblissement des médias écrits, qui ont perdu la publicité passée chez… les Gafa. Des journaux prospères et capables de bien payer leurs journalistes sont le meilleur rempart contre les fake news.

Quatrième décision : favoriser les abonnements aux médias écrits en permettant aux citoyens européens de les déduire de leurs impôts. L’Europe ne rattrapera pas les Gafa, c’est bien trop tard, mais ces quatre mesures peuvent remettre le pied à l’étrier de ses entreprises en attendant les bouleversements technologiques qui, forcément, un jour rebattront les cartes à nouveau.

 

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