La leçon de Blanquefort – Chronique aux Echos

25 Mar

20 millions d’euros sont demandés à Ford pour réindustrialiser dans le cadre du plan de fermeture de son usine de Blanquefort. Ford paiera. Mais notons au passage que la somme est significative, surtout quand on sait que les assurances chômage ont été dûment acquittées. Certes, ces 20 millions faciliteront le reclassement des salariés. Mais en réaction, les groupes internationaux qui pensent investir en France auront ces chiffres en tête et réfléchiront à deux fois avant d’appuyer sur le bouton. Ils iront évidemment regarder ce qui se passe chez nos voisins immédiats.

Une revue anglaise vient de sortir des statistiques montrant que tous ces pays ont réduit considérablement leur chômage depuis dix ans, sauf la France. Le champion toutes catégories est la Suisse, où ce dernier a encore baissé de 20 % cette année, à 3,2 % de la population active, ce qui représente 150.000 chômeurs. Si l’on regarde de plus près, la Suisse fait appel à 300.000 frontaliers (dont la majorité viennent de France). Son chômage est donc négatif alors que son taux d’emploi est à 80 % (il n’est que de 64 % en France) et que les salaires y sont doubles des nôtres en moyenne. Une fermeture comme celle de Blanquefort s’y réglerait en moins de trois mois sans y consacrer le moindre euro.

Où est le secret d’une telle performance ? Probablement, et c’est un paradoxe, dans la concision et la simplicité du droit du travail de ce pays, qui contient environ 100 fois moins de pages que le nôtre et dans les messages qu’il passe ; l’employeur n’a pas à justifier une décision de licenciement ni à réindustrialiser la région s’il ferme une usine. Il doit simplement payer des indemnités selon un barème préétabli.

Regardons autour de nous et tirons les bons enseignements : le pays qui a le moins de chômage et les salaires les plus élevés est celui qui a l’environnement le plus simple et le plus lisible.

 

Xavier Fontanet

 

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