La responsabilité du PDG d’Alstom est de veiller à la compétitivité du groupe, il est dans son rôle quand il prend la difficile décision de fermer à terme l’usine de locomotives de Belfort. On ne peut pas en dire autant du gouvernement qui cherche à s’y opposer (alors que l’Etat est minoritaire), au risque de créer un conflit d’intérêts vis-à-vis des autres actionnaires. Il n’est pas non plus dans son rôle quand il tente de forcer la SNCF à passer des commandes alors que celle-ci est en perte et surendettée – ceci à cause du départ à la retraite trop précoce de ses agents et de syndicats déraisonnables, que le monopole de leur entreprise et la nature de son activité rendent bien trop puissants.
Seulement voilà, la concurrence entre filières, ça existe : les prix trop élevés et les grèves sauvages, ça se paie toujours un jour ; le rail perd des parts de marché par rapport à la route, les « cars Macron » et BlaBlaCar en étant la plus récente manifestation. C’est dans cette chute de volume que réside le problème de Belfort, et son maire n’y peut rien.
N’allons surtout pas conclure que cette fermeture est la faute de l’économie de marché. Celle-ci fonctionne, le consommateur (vous et moi) choisit le mode de transport le plus économique, et c’est normal. Le transport dans son ensemble est en croissance et l’emploi y grandit, mais il se déplace. Il faut expliquer, même si la leçon est rude, que si nous voulons exercer notre liberté de consommateur, nous devons accorder de la flexibilité au producteur, ce qui veut dire accepter aussi sa décroissance.
Plusieurs leçons sont à tirer de l’épreuve qu’affronte Belfort :
1. La décroissance d’un marché résulte des décisions de consommateurs nombreux et raisonnables, il est difficile d’aller contre elle.
2. Une ville doit diversifier ses emplois.
3. Les participations minoritaires de l’Etat n’ont plus grand sens.
4. Il faut repenser le rôle des syndicats s’ils peuvent bloquer la société en empêchant leurs entreprises de fonctionner.
Xavier Fontanet
En savoir plus sur le site lesechos.fr
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.