Archive | septembre, 2016

Les leçons de Belfort – Chronique aux Echos

29 Sep

La responsabilité du PDG d’Alstom est de veiller à la compétitivité du groupe, il est dans son rôle quand il prend la difficile décision de fermer à terme l’usine de locomotives de Belfort. On ne peut pas en dire autant du gouvernement qui cherche à s’y opposer (alors que l’Etat est minoritaire), au risque de créer un conflit d’intérêts vis-à-vis des autres actionnaires. Il n’est pas non plus dans son rôle quand il tente de forcer la SNCF à passer des commandes alors que celle-ci est en perte et surendettée – ceci à cause du départ à la retraite trop précoce de ses agents et de syndicats déraisonnables, que le monopole de leur entreprise et la nature de son activité rendent bien trop puissants.

Seulement voilà, la concurrence entre filières, ça existe : les prix trop élevés et les grèves sauvages, ça se paie toujours un jour ; le rail perd des parts de marché par rapport à la route, les « cars Macron » et BlaBlaCar en étant la plus récente manifestation. C’est dans cette chute de volume que réside le problème de Belfort, et son maire n’y peut rien.

N’allons surtout pas conclure que cette fermeture est la faute de l’économie de marché. Celle-ci fonctionne, le consommateur (vous et moi) choisit le mode de transport le plus économique, et c’est normal. Le transport dans son ensemble est en croissance et l’emploi y grandit, mais il se déplace. Il faut expliquer, même si la leçon est rude, que si nous voulons exercer notre liberté de consommateur, nous devons accorder de la flexibilité au producteur, ce qui veut dire accepter aussi sa décroissance.

Plusieurs leçons sont à tirer de l’épreuve qu’affronte Belfort :

1. La décroissance d’un marché résulte des décisions de consommateurs nombreux et raisonnables, il est difficile d’aller contre elle.

2. Une ville doit diversifier ses emplois.

3. Les participations minoritaires de l’Etat n’ont plus grand sens.

4. Il faut repenser le rôle des syndicats s’ils peuvent bloquer la société en empêchant leurs entreprises de fonctionner.

Xavier Fontanet

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La violence de l’ISF – chronique aux Echos

22 Sep

L’ISF est populaire, 71 % de nos concitoyens se prononcent encore aujourd’hui contre sa suppression. Une action amenant toujours une réaction en sens inverse, le pays s’est, en fin de compte, tiré une balle dans le pied. Quelque 300.000 personnes (1 % des ménages ) assurent 33 % de l’IR et 100 % de l’ISF, c’est dire leur poids dans les recettes publiques. En majorité, ce sont des entrepreneurs. Selon New World Wealth, 43.000 auraient quitté notre pays depuis quatorze ans, avec leur famille ; cette saignée, de probablement 500 milliards d’euros (soit 10 fois les capitaux de notre BPI), explique en partie pourquoi notre PIB marchand ne croît plus.

L’exil est le résultat d’une violence faite à des gens qui ont pourtant créé richesse et emplois. Ils se sentent punis et pensent que leur avenir n’est plus ici. Tout cela rappelle la révocation de l’édit de Nantes. On a oublié qu’à l’époque, le PIB de la France était à peu près celui de l’Allemagne, de l’Angleterre, des Pays-Bas et des Etats-Unis réunis. Le départ de 200.000 huguenots donna un coup de fouet aux industries suisses et hollandaises, ainsi qu’à l’agriculture allemande. A l’époque, La Fontaine se moquait des entrepreneurs en écrivant « La Laitière et le Pot au Lait » .

Saluons le jugement et le courage des candidats de droite et de certains hommes de gauche qui veulent l’arrêt de l’ISF. Ils ont compris que le développement est d’abord une affaire de personnes : Bill Gates et Steve Jobs, encore gamins il y a quarante ans, ont créé deux entreprises dont la capitalisation représente 50 % du PIB de notre pays ! L’ISF, s’il avait existé aux Etats-Unis, aurait chassé ces locomotives, qui tirent la region de Seattle et la Californie. Chacun d’entre nous doit donc se demander si notre pays n’a pas fait une jolie bourde en poussant dehors ces 43.000 entrepreneurs. On est en droit de penser que, s’ils étaient restés, avec leur capital et leur énergie, il n’y aurait peut être plus ici ni déficit budgétaire, ni déficit commercial, ni chômage de masse.
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La droite rattrapée par le déficit – chronique d’Yves de Kerdrel au Figaro

21 Sep

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On ne peut pas créer la confiance…

16 Sep

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Ecoles : Faites entrer l’entreprise ! Chronique aux Echos

15 Sep

La ministre de l’Education nationale vient d’amputer les programmes d’économie dans le secondaire. Bravo, que voilà une belle idée ! Surtout, ne vous arrêtez pas en si bon chemin, et passez le témoin à ceux qui savent le mieux parler de l’entreprise : les entrepreneurs ! Ils dispenseront cet enseignement gratuitement et en porteront le coût ; l’Education nationale pourra réduire ses effectifs, puisqu’on allégera son périmètre. Elle fera des économies. L’Etat baissera les impôts aux entreprises du montant de l’économie réalisée pour leur permettre de couvrir cette nouvelle charge.

Il y a beaucoup d’arguments pour aller dans cette voie : l’économie est difficile à expliquer quand on ne la pratique pas soi-même et qu’on vit en situation de monopole. C’est comme si on demandait à quelqu’un d’enseigner le ski sans l’avoir jamais pratiqué.

Ce serait ensuite un retour aux sources : hormis les fonctions régaliennes, les fonctions assurées aujourd’hui par l’Etat étaient au XIXe siècle des activités bénévoles. Il y a des expériences prometteuses en la matière, avec l’initiative Lire et faire lire d’Alexandre Jardin, et 100.000 entrepreneurs, de Philippe Hayat, qui fournit aux écoles secondaires des cours pratiqués par des cadres travaillant en entreprise.

A l’heure où la France compte 17 millions de bénévoles, qui sont en majorité des retraités actifs, l’affaire n’est pas si difficile à monter et pourrait l’être de façon économique. D’autant qu’Internet et la technologie des Mooc sont un fabuleux levier pour cette initiative.

Enfin, et peut-être surtout, on voit cette semaine dans les journaux nos économistes se disputer autour d’un livre montrant que ce qu’on enseigne à nos enfants est bien loin d’être une discipline établie. Le fonctionnement et la stratégie de l’entreprise sont, eux, des domaines connus et testés. Leur enseignement concret passionnerait les élèves et les préparerait efficacement au monde concurrentiel qui les attend.

 

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Petits cochons et sphère publique – Chronique aux Échos

8 Sep

Crise du porc, on accuse la grande distribution. Crise du lait, c’est Lactalis le coupable ! Un fait devrait pourtant nous faire réfléchir : les prix de gros du porc et du lait sont inférieurs d’au moins 20 % en Allemagne et leurs agriculteurs ne se plaignent pas. La seule explication est une différence de coût. Mais où ?

Les produits agricoles ont une valeur ajoutée 100 % locale, leur structure de coût reflète donc celle de notre PIB. Quel est le premier poste de coût du PIB ? Notre sphère publique (en quelque sorte les frais généraux de notre pays) pour 57 %. Qu’en est-il en Allemagne ? La sphère publique allemande a le même périmètre que la nôtre, mais ne représente que 44 % du PIB.

Cet écart considérable n’est pas sans conséquence. Imaginons en effet un produit dont le coût est 100 (hors taxes et charges). La sphère privée allemande représentant 56 % (100-44) du PIB, le coût complet du produit avec impôts et charges est 100 divisé par 0,56, soit 178. Le même calcul donne en France 100/0,43, soit 232. Le rapport des coûts est donc 232 chez nous contre 178 outre-Rhin. L’écart de 30 % en défaveur de la France explique, à lui seul, le problème de nos agriculteurs.

232/178 peut aussi s’écrire 56/43 (un élève de classe de cinquième comprendra *) ; pour un produit ayant une même compétitivité hors charges et taxes, les prix de revient complets sont donc dans le rapport inverse du poids des sphères privées dans les économies ! Une sphère publique trop élevée détruit les entreprises exportatrices.

Nos économistes doivent se pencher sur ce raisonnement. Il remet en cause le dogme de la vertu de la dépense publique : à l’heure de la mondialisation, les sphères publiques, elles aussi, sont en concurrence. Si les malheurs de nos agriculteurs permettent de saisir ce qui se passe en ce moment et font que les membres de notre sphère publique et nos politiques comprennent que leurs salaires rentrent dans le coût des petits cochons, alors les choses auront peut-être des chances d’aller mieux !
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