Archive | Mai, 2014

Quatre leçons des champions français –

22 Mai

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Dommage que nos politiques ne soient pas venus assister aux assemblées générales des leaders mondiaux français. Cela aurait été pour eux un regard sur le monde probablement plus instructif que bien des visites officielles et, s’ils avaient bien écouté jusqu’au bout, ils en auraient tiré au moins quatre leçons.

 

1) Nos leaders mondiaux sont tous partis de spécificités françaises ; leur excellence et leur esprit de conquête ont permis des parcours internationaux stupéfiants. La France représente 5 % du PIB mondial, quand on se mondialise, on multiplie par 20, en devenant leader, on grandit plus encore. La mondialisation n’uniformise pas, elle permet au contraire aux talents de s’épanouir, elle est un levier quand on est compétitif.

2) Le taux de l’impôt sur les sociétés en France est complètement hors marché et monte encore. Il descend partout ailleurs dans le monde, signe que toutes les sphères publiques sont en train de réduire leurs coûts. Si nous n’inversons pas la tendance, nous n’allons plus bénéficier de l’investissement étranger et le terreau économique va s’appauvrir.

3) L’Europe est la zone qui croît le moins vite, mais cela redémarre là où les sphères publiques se sont réformées. Certes, le vent se lève, mais les navires qui vont en profiter seront ceux dont les voiles sont en bon état et les coques bien nettoyées.

4) Ces leaders français, ambassadeurs économiques de notre pays, seront gênés dans leur développement par la façon dont on traite le cas Alstom ! Le coût de la formation à l’économie de gouvernements composés de ministres qui ne connaissent pas l’entreprise pour n’y avoir jamais travaillé et qui s’en méfient pour des raisons idéologiques se mesure en centaines de milliers d’emplois perdus et de milliards d’euros de valeur détruite, sans parler des dommages causés à l’image du pays.

Lire l’article sur le site des Échos

L’entreprise rend service – Paru dans La Revue Civique

20 Mai

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Ancien Président du Groupe Essilor, Xavier Fontanet a créé une Fondation qui porte son nom, dédiée à l’explication et à la promotion de l’économie de marché. « Quand une affaire centuple, c’est qu’elle rend un service meilleur que ses concurrents partout dans le monde, écrit-il dans ce texte issu d’une conférence tenue à l’Institut Catholique de Paris, dans le cadre de la formation Forenphi, sur « la confiance ».

Il part de son exemple : « Essilor s’est développé car ses verres étaient magnifiques, elle devait rendre un grand service au monde entier. La taille d’une entreprise est la mesure du service rendu à l’humanité ; et ce qui fait la valeur d’une vente c’est que les clients sont intelligents et libres ! » À ses yeux, agir dans l’entreprise, c’est donc « rendre service au monde ». Et dans notre pays, où la défiance est forte, « il faut reprendre toute l’explication de l’économie et des entreprises »…

Je suis frappé par le fait que les Français ont une très mauvaise image de l’entreprise. Or, ce que j’ai personnellement vécu n’est pas du tout ce que nous pouvons lire dans les journaux. Je me suis donc donné comme devoir de « retoquer » cette image : la Fondation Fontanet s’est fixée comme but de faire comprendre l’économie concurrentielle à tous les milieux, en particulier aux milieux politiques, syndicaux, journalistiques et religieux. Car l’entreprise est un lieu où on peut travailler en confiance, rendre service aux autres et se développer soi-même.

L’origine de l’économie, c’est l’acte de vente : un acte d’échange confiant entre deux personnes, qui posent des actes qui engagent leur responsabilité. La confiance réciproque est nécessaire, de l’acheteur en la qualité du produit ou du service acheté, et du vendeur en la valeur qu’il reçoit en échange. Le coeur de l’économie est une prise de responsabilité en toute liberté, il ne faut pas la décrire uniquement du point de vue de la production.

Quand Peyrefitte s’éveillait à la confiance

Je lutte contre cette image déformée de l’entreprise, introduite par Marx, expliquant que l’entrepreneur est « quelqu’un qui a du capital, qui achète des machines, qui par les publicités manipule le client, qui exploite ses employés et le résultat qu’il fait est la mesure de l’exploitation des employés et de la manipulation des clients ». Une entreprise qui agit comme cela, elle ne va pas très loin.

Si les entreprises se sont développées, ce n’est pas en « exploitant » les gens; les gens ne sont pas idiots ! Quand une affaire centuple, c’est qu’elle rend un service meilleur que ses concurrents partout dans le monde. Essilor s’est développé car les verres étaient magnifiques, et qu’elle devait rendre un grand service, utile, au monde entier. La taille d’une entreprise est la mesure du service rendu à l’humanité ; ce qui fait la valeur d’une vente c’est que les clients sont intelligents et libres !
On ne conquiert pas le monde, on rend service au monde. Il faut reprendre toute l’explication de l’économie et des grandes entreprises.

Une des personnes dont la pensée m’a beaucoup formé est Alain Peyrefitte, je l’ai rencontré deux ou trois fois et nous avons beaucoup discuté sur la confiance. Il a écrit « Miracle en économie » et « la Société de confiance ».
Alain Peyrefitte est un homme politique qui a travaillé pendant 14 ans aux côtés de Charles de Gaulle, quand il était Ministre de l’Information, il le voyait vingt minutes tous les jours pour commenter l’actualité. Dans ses écrits, à la fin de sa vie politique, il était pessimiste (« Le mal français ») mais il a retrouvé confiance dans une deuxième vie, celle de la retraite, lorsqu’il a découvert l’économie. Il s’est passionné pour Fernand Braudel, Bastiat, Schumpeter, Friedrich Hayek et avait l’idée, quand je l’ai rencontré, de faire un tour de France avec une pièce de théâtre sur le thème : « Confiance, Défiance ».

Je me suis rendu compte de l’importance de la confiance chez Essilor. Quand vous dirigez une très grande entreprise, vous ne « managez » plus vous vous appliquez à inspirer les dirigeants qui travaillent sous votre responsabilité. Il faut leur donner les idées qui leur permettent, à eux, de bien « manager ».
J’ai été frappé par les différences de rentabilité entre les différentes filiales, et quand je les comparais, la différence venait souvent d’une affaire de « management » : les filiales, où régnait une ambiance positive, fonctionnaient mieux que les autres. Le charisme, la confiance, l’ambiance… ce sont des choses très difficiles à créer et faire durer ; mais ce mécanisme m’a fasciné et m’a fait réfléchir.

Il y a trois types de confiance, en réalité : la confiance en soi, la confiance dans les autres et la confiance dans la stratégie.

La confiance en soi est essentielle dans une entreprise, car nous luttons contre les meilleurs concurrents mondiaux. Pour bien travailler, il faut avoir confiance. Il faut cependant veiller à ne pas être arrogant, la ligne de séparation est fine entre arrogance et confiance, il faut en être conscient. Dès que vous êtes arrogant, vous n’apprenez plus, donc vous ne progressez plus. Il faut donc allier confiance et humilité.

La confiance en soi cependant ne suffit pas, dans une grande entreprise il y a la production, le commerce, la recherche et développement, etc. Ainsi, il faut que les gens de productions travaillent, sachant que leur performance influencera les produits qui sortiront des unités de recherche et développement (R&D) ; les R&D doivent travailler dur aussi, en faisant confiance aux personnes de la production et des services commerciaux qui diffuseront leur innovation. La confiance en l’autre est selon moi très importante, car rien ne m’a plus donné confiance en moi-même que la confiance des autres en moi.

Le Français désobéissant agace,
mais il sait s’adapter

J’ai eu la chance de beaucoup voyager, de travailler avec des nationalités différentes (le marché français ne représente que 5% du chiffre d’affaire d’Essilor) ; aussi je connais les différences entre les peuples et le Français est très spécial : il est désobéissant. Si les Allemands et les Japonais sont disciplinés et écoutent le chef, même si le chef les dirige mal, le Français, lui, désobéira pour montrer au chef qu’il est intelligent. Il mettra le doigt sur l’erreur du chef. C’est très agaçant mais cela témoigne d’une grande capacité d’analyse et d’un sens des situations. Quand vous êtes dans des métiers stables, un Allemand ou un Japonais va gagner. Carlos Ghosn m’a ainsi dit « pour les Français, faire une voiture compliquée c’est difficile car les ingénieurs désobéissent ». Quand on désobéit, cela peut avoir des effets sur toute la chaîne de fabrication, quand elle est uniformisée. Par contre quand vous êtes sur des métiers originaux, par exemple la construction d’un pont (il n’y a jamais deux ponts identiques à construire), quand il faut s’adapter à l’environnement, c’est le domaine d’excellence du Français. Le Français est donc difficile à gérer. Celui qui y a réussi le mieux est Napoléon. Il expliquait la grande stratégie aux soldats, le plan. Une fois qu’il l’avait défini et expliqué, Napoléon savait que l’exécution, avec son inventivité, serait au rendez-vous.

La France n’a en tout cas aucun complexe à avoir : il y a de nombreux métiers où nous sommes meilleurs que d’autres, il faut le dire ! Les Chinois ont fait, il y a deux ans, un classement des 100 meilleures entreprises au monde : 11 Français étaient dans le classement (en comparaison il y avait 7 Allemands). Les médias n’en ont pas du tout parlé en France. Un patron de presse a même refusé d’en parler car il « n’était pas là pour faire de la promotion pour Fontanet et Mestrallet ». Il se trouve qu’Essilor et Suez étaient les premiers.

Savoir être fier de nos réussites

Il faut rendre honneur aux dirigeants français méritants. C’est important que les entreprises françaises soient aimées par les Français sinon, dans la mondialisation, nous serions mal placés ! En Allemagne, il n’y a pas cette gêne, les Allemands sont fiers de leurs réussites. Or nous avons nous aussi, dans les grandes, petites ou moyennes entreprises, des leaders mondiaux. Le mécanisme fondamental de la confiance est la personne humaine. L’économie de marché s’est développée en Occident du fait du christianisme de Saint-Augustin, Saint Thomas d’Aquin, puis Kant et Voltaire, qui ont tous dit que l’individu est génial. Nous avons plus de respect pour une femme de ménage très professionnelle que pour le médiocre chef d’entreprise : ce qui compte c’est l’excellence dans ce qu’on fait plutôt que le statut. L’économie de marché est venue de là.

Pour créer de la confiance, il faut mettre des gens en responsabilité, c’est-à-dire donner des objectifs. Ainsi, établir des budgets dans une entreprise ou collectivité, c’est préciser les responsabilités pour chacun. C’est par la prise de responsabilité que le développement se produit. Et si l’on dit souvent qu’il faut permettre l’échec, je vais plus loin : il faut tirer partie d’un échec. Il faut l’analyser, le comprendre, pour ne plus le reproduire. Quand on sait dans une société que quand on réussit on est récompensé et quand on échoue on apprend à passer l’erreur, on crée un mécanisme de confiance bénéfique à l’entreprise. Bénéfique pour tous.

Xavier FONTANET, ancien Président du Groupe Essilor.
Auteur de : « Si on faisait confiance aux entrepreneurs » (Les Belles Lettres, 2010)
(In La Revue Civique n°13, Printemps 2014)

 

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Les leçons d’un retournement

15 Mai

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Imaginez que la proposition d’un salaire d’entrée en vie active vienne non pas du patron du Medef mais du président, du Premier ministre et du ministre du Travail ! C’est ce qui s’est passé en Allemagne il y a dix ans, quand Peter Hartz et Gerhard Schröder se sont attaqués au chômage avec deux résultats : cela a remis l’économie en marche et sorti du désespoir ceux qui souffraient du chômage – les seniors chômeurs de longue durée et les jeunes qui n’arrivent pas à trouver du travail. Le niveau de chômage est la preuve que le coût complet du travail est trop élevé en France.La mécanique de destruction des idées naissantes, dont notre pays a le secret, se met en marche. La droite évite de trop se mouiller par peur de se faire fusiller, la gauche met en avant les emplois d’avenir. Tout le monde sait que, malgré leur joli nom, ils sont une impasse et on oublie que, pour les financer, il a fallu lever un impôt qui a détruit un nombre équivalent d’emplois.Partout ailleurs dans le monde, on a compris que le pivot de l’économie est l’entreprise. Elle est en panne ici, faute de demande, à cause de la fiscalité, du coût de la main-d’oeuvre et de l’incertitude pesant sur les frais de licenciement.Le cas allemand a montré que réamorcer le marché du travail, même dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes (CDD, mini-jobs…) remet les gens debout en les réintroduisant dans l’entreprise. Ceux-ci, combinés aux autoentrepreneurs, ont mis sur le marché 2.5 millions d’emplois, ont redonné confiance et fait baisser le chômage de 12 % à 6 %. L’économie est repartie, permettant aujourd’hui de remonter les bas salaires.Schröder a été critiqué puis battu mais, avec les réformes Hartz, il a sauvé du désespoir des millions de chômeurs et restera dans l’histoire comme l’homme qui a permis le retournement allemand.

Xavier Fontanet

 

Retrouvez l’article dans son contexte, sur le site des Échos.

Interview en vidéo chez Mazars

12 Mai

Découvrez ou redécouvrez mes tribunes aux Échos en 2014

9 Mai

Dans ce joli format de livre à feuilleter:

 

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Feuilletez les articles des Échos de l’année 2013

9 Mai

Voici toutes les tribunes que j’ai écrites dans les Échos pendant l’année 2013.

Dans un format livre numérique à feuilleter, lisible sur tous supports : ordinateur, tablette, téléphones:

 

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Il ne faut pas opposer concurrence et intérêt général

8 Mai

 

 

 

 

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France/Suisse

5 Mai

« En France, l’accumulation de pouvoir central est considérée comme la clé du succès. En Suisse, c’est exactement l’inverse. La prospérité est le fruit d’une distribution du pouvoir. Beaucoup se demandent comment la combinaison des deux cultures peut fonctionner .
Les Français croient en la Grande Nation, les Suisses en la modestie. Les Français sont élitaires, les Suisses égalitaires. Les Français sont gérés de façon centralisée, les Suisses sont méfiants à l’égard de tout ce qui est contrôle par les sièges centraux, et pensent que le pouvoir doit être dispersé largement et proche du marché. »

Fabien M