Archive | mars, 2022

EDF, victime de ses réformes ?

21 Mar

Le « bouclier tarifaire » voulu par l’État et l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires oblige EDF à lancer une recapitalisation de 2,5 milliards d’euros. L’ancien président d’Essilor et professeur de stratégie Xavier Fontanet analyse les causes structurelles des difficultés de l’électricien.

EDF était il y a une trentaine d’années une entreprise emblématique ; nous avions le sentiment d’avoir, en tant que Français, une avance mondiale avec une entreprise très intégrée (en production en transport et en distribution capillaire). La France avait les coûts d’électricité les plus bas du monde. Certes, ceci était appuyé sur le monopole en France, mais à l’époque EDF était très clairement un leader. Les Anglais et les Allemands avaient en effet des systèmes de production de transport et de distribution de leur électricité très éclatés et beaucoup moins performants. L’entreprise EDF était plus puissante que ses collègues européens ; dans un marché non réglementé, elle pouvait conquérir un leadership européen en prenant par acquisition le première place en Allemagne et en Angleterre, les autres pays sur la durée devant tomber tôt ou tard dans son escarcelle. EDF avait par ailleurs une avance incontestée dans le domaine nucléaire avec des fournisseurs (Areva et Alstom) eux aussi bien placés sur le marché. EDF était donc un trésor national, qu’en avons nous fait ?

Un effondrement

Si l’on regarde les cours de bourse (l’entreprise est cotée, l’État en possède 85%) le diagnostic est sévère. EDF avait un cours de bourse de 85 euros en 2007, c’était une des toutes premières entreprises françaises. L’action est tombée à 8 euros pour une capitalisation de 25 milliards d’euros. Cela veut donc dire que si EDF avait cru depuis 2007 comme le CAC 40, l’entreprise pèserait 500 milliards et serait la première capitalisation française. Il s’agit donc d’un effondrement et d’une perte d’opportunité de 475 milliards pour la collectivité.

Que s’est-il passé ? Il y a eu plusieurs changements fondamentaux. Le premier est l’intervention des autorités européennes sur la structure même du marché de l’électricité à partir de la fin des années quatre-vingt-dix. Le principe qui les a guidées a été de veiller à l’installation de la concurrence, les concentrations excessives devant être exclues, ceci afin de garantir l’intérêt du consommateur final c’est-à-dire d’obtenir des prix bas. De ce point de vue, EDF n’avait pas la cote auprès du régulateur européen (sans parler d’une évidente jalousie de certains voisins) pour deux raisons : EDF était clairement un monopole (national) et l’entreprise était complètement intégrée sur toute la chaîne de valeur ajoutée. La Commission européenne a choisi de casser la filière en distinguant trois métiers : la production, le transport (la haute tension) et la distribution locale. Pour la production et la distribution locale, il fallait installer de la concurrence, le transport en revanche pouvait appartenir à un opérateur unique. Le schéma consistait à reprendre la logique suivie par les Américains dans le téléphone avec le démantèlement d’ATT qui à cette époque passait pour une bonne affaire.

Doute sur le nucléaire

La mise au point de petites turbines à gaz et à vapeur avait permis aux États-Unis de rajeunir le tissu des producteurs d’énergie, la même dynamique pouvait s’imaginer pour l’Europe. La Commission voyait par ailleurs d’un bon œil l’arrivée dans la distribution de nouveaux acteurs créant des réseaux locaux capillaires concurrents. Pour donner aux nouveaux réseaux les moyens d’exister, on a imposé à EDF la vente d’environ un quart de sa production nucléaire à des prix favorables. Autre événement fondamental, la prise de conscience de la limite des énergies fossiles et de leurs effets écologiques désastreux, simultanément avec l’émergence du solaire et de l’éolien. Il faut reconnaître que le système adopté par la Commission tombait à pic et permettait à l’entreprise française de se développer sans construire un réseau de distribution qui aurait été complètement au-dessus de ses forces. Mais EDF a été mis également à contribution pour acheter la production des nouveaux opérateurs à des tarifs élevés pour que ces entrants aient les moyens de se financer.

L’entreprise a perdu l’avance technologique incontestable qu’elle avait dans le nucléaire.

Enfin, il faut évoquer les doutes sur le nucléaire — la fierté de la maison qui représentait 75% de sa production — avec la décision politique de le brider, fermeture de Fessenheim… Pas la peine d’être grand clerc pour conclure qu’il n’a pas été facile aux équipes d’EDF, vu le contexte imposé, de tenir la boutique… ce qu’elles ont fait. Tous ces effets tenant à la régulation et aux formidables changements de l’environnement se sont cumulés et ont conduit à l’effondrement de la puissance financière de l’entreprise décrite plus haut. Parallèlement, l’entreprise a perdu l’avance technologique incontestable qu’elle avait dans le nucléaire. Il y a eu certes un très gros travail européen fait par le réacteur ITER, mais c’est plutôt du côté chinois et américain que les progrès sur la fusion nucléaire ont été récemment enregistrés.

La multiplication des intervenants

On passera pudiquement sur les événements récents, où l’on a vu EDF contrainte d’absorber des hausses alors que l’entreprise est cotée avec des actionnaires minoritaires mis devant le fait accompli. À ce stade, il faut se demander où va EDF et d’abord si, à l’usage, les concepts utilisés par les autorités européennes pour réorganiser la profession sont toujours les bons. Est-ce que dans le cas de l’électricité — un produit qui, pour l’instant, ne peut pas se stocker — l’idée de saucissonner l’activité en trois métiers avec un très grand nombre d’intervenants est-elle bonne ? L’électricité étant une activité a très fort effet d’échelle, faut-il de petits concurrents rivalisant avec de faibles marges, et donnant des prix plus bas qu’un monopole ayant de fortes marges avec des coûts très bas ? La réponse n’est pas du tout évidente.

De leur côté, les énergies nouvelles ne sont pas programmables, qui dépendent de la météorologie, par définition incontrôlable ! Ne pouvant caler le fonctionnement de nos sociétés sur l’existence du vent et sur l’intensité du soleil, nous sommes condamnés à une gestion complexe de la production tout en se dotant de capacités de production très excédentaires. 

Un environnement évolutif

Il faut se demander enfin quels sont les changements structurels de l’environnement ? Une préoccupation : l’épuisement des énergies fossiles avec une dimension géopolitique évidente en ce qui concerne la détention des ressources restantes. Un espoir : les progrès en matière de stockage qui faciliteront l’usage des énergies renouvelables et la fusion nucléaire mais avec des horizons de temps qu’on ne peut définir avec grande précision. Les événements poussent vers le nucléaire et les énergies renouvelables. 

Il suffit cependant d’imaginer la puissance d’EDF aujourd’hui si l’on n’avait touché à rien ! Le programme nucléaire aurait été poursuivi, nous bénéficierions des coûts d’énergie électrique les plus bas d’Europe. EDF pourrait exporter son électricité d’origine nucléaire à toutes les grosses usines européennes avec des marges gigantesques. EDF pourrait proposer des prix bas en France, ce qui aurait pour effet de faciliter grandement la réindustrialisation réclamée à cor et à cri. Les résultats du groupe seraient considérables (compatibles avec les 500 milliards de capitalisation évoqués plus haut) et la force de frappe en matière de recherche sur les sujets porteurs serait plus adaptée à la hauteur des enjeux. Il y a des sujets plus graves en ce moment. Il n’empêche que les citoyens et les contribuables que nous sommes méritent une bonne mise au point de nos dirigeants français et européens sur la stratégie énergétique qu’ils poursuivent et la place que peut y tenir EDF.

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Économie : les leçons de la guerre

19 Mar

Le retour de la guerre en Europe oblige à repenser nos priorités politiques… et leur financement. Pour Xavier Fontanet, la compétitivité et l’attractivité sont les meilleures politiques permettant d’augmenter les budgets militaires tout en assurant une couverture sociale satisfaisante.

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a guerre en Ukraine nous replonge brutalement dans la réalité en nous rappelant l’importance d’une armée pour toute nation qui se veut libre. Quand on prend du recul, force est de constater que les premières initiatives qui ont permis l’émergence des nations, dont la nôtre, ont été la création de quatre fonctions régaliennes : la défense armée, les affaires étrangères, la police et la justice. L’armée étant de loin la dépense la plus forte. Dans nos sociétés occidentales, l’État régalien est devenu sur la longue durée le garant de la liberté individuelle qui permet à la personnalité de chaque citoyen de se développer à l’intérieur de la société. Cette liberté a en fait un prix : une armée forte et qui en impose ! On a oublié cette idée simple en vivant sur un petit nuage depuis l’effondrement de l’empire soviétique en 1991. 

Compétitivité et attractivité

Les choses ont changé avec la montée de la Chine, les tensions au sein de l’Europe centrale, les conflits d’Irak et d’Afghanistan. La guerre d’Ukraine est un révélateur qui nous oblige à remettre les pieds sur terre. Il va falloir payer le renforcement de notre défense ! Les chiffres font réfléchir : la part de nos dépenses sociales dans le PIB est actuellement de 32% contre 2,2% pour les dépenses militaires, alors qu’elle était de 15% en 1960 contre 6% pour le militaire. Quoi qu’on nous raconte, nous avons devant nous des arbitrages à faire puisque notre endettement nous interdit aujourd’hui de dépenser plus. La seule solution pour un pays comme le nôtre, plongé dans l’économie mondiale, c’est la restauration de la compétitivité des entreprises et de l’attractivité du pays. Cette restauration n’est pas sans conséquence pour chacun d’entre nous. Cette guerre va nous obliger à redéfinir toute notre politique, aucun secteur n’y échappera. 

La compétitivité et l’attractivité d’abord ! C’est avec des champions mondiaux dont les sièges sont logés en France (réjouissons-nous des résultats élevés du CAC40) et une attractivité recouvrée que nous recommencerons à attirer sur notre sol les investissements des meilleures entreprises mondiales. Nos amis allemands ont bien mieux joué que nous en attirant en peu de temps 15 milliards d’euros avec les batteries de Tesla et l’usine de microprocesseurs d’Intel. La compétitivité et l’attractivité sont les meilleures politiques permettant de monter significativement les budgets militaires tout en assurant une couverture sociale satisfaisante.

Exigence dans la solidarité

Un exemple ? La Suisse, qui est devenue dans les cinquante dernières années un des pays les plus attractifs du monde. Lisez bien ! À la mort de Georges Pompidou, elle avait le même PIB par tête que nous ; aujourd’hui nous en sommes à 39.000 dollars et la Suisse à 87.000. Ceci veut dire qu’avec un taux de dépenses sociales de 15% du PIB, elle a les mêmes dépenses sociales par habitant que nous ! Les gains à faire, si on veut baisser les dépenses sociales, sont d’abord du côté de la retraite. Il faut augmenter significativement l’âge de départ, ce qui est compatible avec l’allongement de la durée de vie en bonne santé ; il faut aussi, comme l’ont fait les Allemands, introduire le concept d’ « exigence dans la solidarité ». En affirmant qu’il vaut mieux un job pas tout à fait satisfaisant que l’horreur du chômage, même bien payé à la maison, le gouvernement allemand a réduit drastiquement les dépenses liées à l’emploi. En outre, il faudra retirer le mot État-providence de notre vocabulaire courant et expliquer dans le pays des droits de l’homme que chaque droit entraîne un devoir. Il n’est pas question de remettre en cause la solidarité, mais les personnes qui en bénéficient ont un devoir vis-à-vis de la société et chacun doit comprendre qu’il faut éviter de coûter trop cher à l’État. Ayons le courage de dire qu’on ne peut pas avoir une société compétitive et attractive avec une trop grande proportion de gens assistés.

Notre sphère publique doit elle aussi se remettre en cause et doit reconnaître qu’elle est aussi au service de la société. Son hyper-centralisation n’est pas adaptée à la complexité de la société. L’excès de normes déresponsabilise son personnel et le déshumanise en laissant la décision à des fonctionnaires de plus en plus éloignés du terrain… sans parler des couches de coût qu’on rajoute. C’était une des craintes qu’exprimait Jacques Rueff dans son fameux rapport de 1960 sur les obstacles à l’expansion économique ! 

Réorientation énergétique

Sur le plan de l’énergie, la crise indique très clairement les axes à suivre. Il faut s’appuyer sur la fée électricité qui a encore beaucoup de choses à apporter à la société ; nous devons réinvestir puissamment dans le nucléaire en sachant qu’il y a une lumière, la fusion (le mécanisme à l’œuvre dans le soleil et que l’on peut domestiquer). Les Anglais, les Américains et les Chinois ont mis au point des pilotes. L’expérience d’EDF, qui a beaucoup souffert depuis quinze ans à cause des doutes sur le nucléaire, devrait nous permettre de rentrer à nouveau dans la course. Les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien sont des pistes rentables si on améliore les batteries qui permettront d’intégrer leur production intermittente dans les systèmes de distribution sans trop les perturber. Il faut aussi donner sa place à la méthanisation qui peut dans un pays agricole comme la France, produire des compléments très significatifs avec une production décentralisée et régulière. En résumé, la politique énergétique doit être orientée vers les énergies nouvelles et une réduction de la dépendance au pétrole et au gaz. C’est la meilleure manière de se préparer à leur disparition et de lutter contre les émissions de CO2.

La géostratégie indique les axes à prendre vis-à-vis des autres matières premières. Les sociétés développées comme la nôtre sont déjà équipées, une collecte bien organisée permettra de réduire la demande en matériaux. Le recyclage est la mine du futur. On peut se passer des engrais chimiques si on recycle les effluents de l’élevage. Nous avons des entreprises qui peuvent prendre le leadership mondial dans ces métiers. 

Le produit de la liberté

Il y a une dimension existentielle à notre repositionnement. Un certain nombre de pays autoritaires dont la Chine et la Russie veulent démontrer qu’ils vont battre les démocraties même sur le plan économique. Relevons le défi et rappelons à la Chine que sa prospérité est certes due à l’effort gigantesque qu’elle a produit, mais aussi au fait qu’elle a pu bénéficier des marchés mondiaux, des technologies occidentales et du système concurrentiel de marché. Nous avons certes bénéficié de sa montée en puissance, mais la Chine devrait rendre grâce au général de Gaulle et à Nixon qui lui ont permis de rentrer dans le concert des nations en s’affranchissant de la tutelle soviétique. Les pays d’Europe centrale que la Russie cherche à mettre sous sa coupe, sont attirés par les valeurs occidentales et la démocratie. Les chars russes n’ont pas été accueillis par de jeunes Ukrainiennes leur portant des bouquets de fleurs. Rappelons que le PIB par tête de la Chine et la Russie est de 10.000 euros, 4.000 euros en Ukraine. La France qui a perdu des places dans les classements du PIB par tête en est à 40.000, l’Allemagne frôle les 50.000 et la Suisse les 90.000 ! 

Il est vrai que nos systèmes démocratiques sont le lieu de débats parfois stériles, de contestations exagérées et disons-le de gâchis. Il n’empêche que ce mode d’organisation sociale génère un terreau finalement fécond qui promeut des foules d’individus créatifs et capables de prendre des responsabilités. La physique de Newton, la relativité générale, la mécanique quantique, l’Internet, les vaccins… sont le produit de la liberté. Même s’il y a des désordres et des discussions agaçantes, nos sociétés génèrent en définitive du dynamisme et de la créativité. L’être humain, quoi qu’on raconte, aspire à la liberté et se développe par la prise de responsabilité. Pour défendre ces valeurs, il va falloir être plus compétitif, ce qui passe par une harmonie sociale mais aussi une recrudescence d’efforts de la part de chacun. Nous avons fait des erreurs géopolitiques, il n’empêche que cette agression de l’Ukraine est inacceptable. Elle doit interpeller chacun de nous en son for intérieur. La résistance héroïque des Ukrainiens est un appel à nous mettre à la hauteur sur les plans militaire et économique. C’est avec ces deux armes que nous défendrons notre mode de vie, notre liberté et que nous permettrons à tous ceux qui veulent épouser nos valeurs (et ils sont nombreux) de le faire !

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Écouter en podcast, l’émission de Thierry Delcourt sur Radio courtoisie

17 Mar

Vous pouvez écouter l’émission sur le site de Radio Courtoisie

Thierry Delcourt reçoit : 

  • Ivan Cadeau, historien
  • Xavier Fontanet, essayiste, chroniqueur, administrateur de sociétés

Thèmes : « Dictionnaire d’une guerre oubliée (deuxième partie) ; La fabuleuse histoire d’Essilor, la conquête de l’Inde »

Bonne écoute !

Versement de dividendes record aux entreprises du CAC 40

16 Mar

Ancien président d’Essilor et professeur de stratégie, Xavier Fontanet explique les bons résultats des entreprises du CAC 40. Alors que 70 milliards d’euros ont été distribués cette année à leurs actionnaires, est-ce une bonne nouvelle ou de la goinfrerie déplacée ?

La période de publication des résultats des entreprises du CAC 40 voit toujours fleurir les commentaires s’élevant contre la hauteur des profits et la goinfrerie des actionnaires eu égard aux dividendes scandaleux qui leur sont versés. 2021 ne va pas faire exception à la règle : même si tous les résultats ne sont pas encore connus, il semblerait que les entreprises vont présenter cette année encore des résultats élevés. Un premier point un peu vite oublié : l’État va profiter de ces résultats. Une simple équation du premier degré montre qu’à 33% d’imposition et 50% des profits versés en dividende, l’État gagne autant que les actionnaires. 

La formation du dividende

Les articles opposés aux dividendes des entreprises défendent toujours l’idée d’une exigence de rentabilité à 15%. Cette idée est totalement fausse ! Quand on cherche à être un tout petit peu objectif et que l’on divise le dividende par la capitalisation (la valeur des entreprises) on tombe pour les entreprises du CAC en 2019 (année record) sur le chiffre de 3,2%. La rentabilité des investissements doit inclure les gains en capital : quand on mesure celle-ci sur de longues périodes comme une quarantaine d’années avec le CAC, voire 250 ans avec Standard and Poor on tombe sur des taux variant entre 6 et 7%. Il y a donc beaucoup de mythes qui courent et qui ne sont que la manifestation d’une méconnaissance profonde des Français en économie. Il faut que nos compatriotes comprennent la formation du dividende et son utilisation, et pour cela il faut revenir à deux idées simples.

Quand la croissance ralentit, l’entreprise peut commencer à verser un dividende qui peut représenter jusqu’à 100% des profits dès lors que la croissance est nulle voire négative.

Le premier concept à connaître c’est celui de la rotation d’actifs ; il existe un parallélisme entre le chiffre d’affaires d’une entreprise et le capital qui y est engagé. C’est une règle universelle valable dans tous les pays et pour tous les métiers. L’investissement annuel se mesure dès lors d’une façon simple : c’est la croissance multipliée par le capital engagé. Il y a un deuxième concept, celui du cycle de vie. Un métier commence à croître parce qu’il en déplace un autre par un mécanisme de substitution ; au bout d’un certain temps qui dépend des situations, la croissance se stabilise quand le métier a pris sa place dans l’économie ; un jour la croissance devient négative parce que le métier se fait lui-même substituer. Ceci veut dire que l’investissement a tendance à être très élevé au départ, puis se stabilise pour devenir nul quand la croissance tombe ou devient négative. Quand la croissance ralentit, l’entreprise peut commencer à verser un dividende qui peut représenter jusqu’à 100% des profits dès lors que la croissance est nulle voire négative.

Où va l’argent ?

Où va cet argent ? En grande partie, il va s’investir dans les nouvelles entreprises dont les investissements excèdent les résultats et qui sont en recherche de liquidités. L’économie est en fait beaucoup plus harmonieuse que l’on croit quand on laisse ses forces se déployer naturellement tout comme ce qui se passe dans la vie des familles ou les anciens financent les plus jeunes. Les jugements à l’emporte-pièce mentionnés plus haut ne font que révéler la faiblesse de la connaissance générale des Français en économie. Le peu qui est enseigné est constitué de théories macro-économiques fonctionnant en économie fermée ; théories qui ne sont plus adaptées aux économies actuelles complètement ouvertes. On donne par ailleurs très peu d’outils aux enfants pour les aider à comprendre concrètement le fonctionnement de l’entreprise. Un manque à combler impérativement.

Non ! pour dire le vrai, il faut se réjouir de la bonne marche des grandes entreprises et en particulier celles du CAC 40. Celui-ci est principalement constitué d’entreprises relativement anciennes arrivées à un certain niveau de maturité. Parce que leur rentabilité est plus élevée que la croissance des marchés où elles opèrent, elles peuvent payer un dividende sans abîmer la base sur laquelle elles sont assises. Il faut donc se réjouir de ces dividendes parce que dans leur grande majorité, ils vont financer les nouveaux métiers et dynamiser l’ensemble de l’économie. On peut ajouter qu’en cette période d’incertitude et de dangers géopolitiques, une des pierre angulaires de nos sociétés est, quoi qu’on raconte, la force de nos économies fondées sur la liberté et l’initiative individuelle. Il est fondamental de constater que le tissu des grandes entreprises est solide et il faut que cessent ces attaques injustifiées fondées sur des idéologies complètement dépassées.

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