Archive | décembre, 2017

Acteur local, champion mondial – chronique aux Echos

21 Déc
1024px-les_echos_logo-svgPorte de Versailles, début décembre, soirée nautique donnée par  Bénéteau à ses clients, ses fournisseurs et ses employés : l’entreprise est familiale, vendéenne et leader mondial. Elle a connu, depuis quarante ans, malgré la crise de 2007, une croissance annuelle de 15 %. En dépit d’un changement d’échelle inimaginable (une multiplication par 250), les relations avec son personnel, ses fournisseurs et son réseau de concessionnaires, même si tout n’a pas toujours été facile, sont stables depuis l’origine, alors que la concurrence a toujours été d’une extrême vivacité.

Nous craignons la mondialisation, nous la décrivons comme une déstabilisation des territoires et l’uniformisation des modes de vie. Bénéteau (comme bien d’autres champions français) montre exactement l’inverse : les spécificités locales, quand elles sont exceptionnelles (grands marins, architectes visionnaires, procédés de production originaux…), se perfectionnent en s’exposant au monde, et peuvent même devenir des standards universels. Pas difficile non plus de faire comprendre que Saint-Gilles-Croix-de-Vie, portée par la croissance de Bénéteau, a bénéficié de cette ouverture.

Nous détestons la concurrence et la décrivons comme la loi du plus fort qui écrase le plus faible : ce n’est pas qui se passe en réalité ! Les grands champions ont besoin pour se former de challengers talentueux. La concurrence est le meilleur des professeurs.

Il est un message plus important pour ceux qui pensent toujours que l’entreprise ne fait que servir des intérêts particuliers en étant l’instrument de la rapacité de ses actionnaires. Quand une relation avec un fournisseur, un employeur ou un client dure, alors que la concurrence offre en permanence la possibilité de la faire cesser, on doit admettre que chacun qui y trouve son compte, et reconnaître que l’entreprise concourt à l’intérêt général.

Le bien ne fait pas de bruit, donc on n’en parle pas. Pour les réconcilier avec leurs entreprises, parlons plus aux Français de leurs leaders mondiaux.
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Le big bang de l’alimentaire – chronique aux Échos

15 Déc
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Les géants d’Internet, Amazon en tête, sont en passe de révolutionner la distribution alimentaire. Plutôt que de s’épuiser à lutter, il faut comprendre comment nous adapter à cette transformation.

Les ventes en ligne ont pris des parts de marché énormes dans le commerce non alimentaire (chute de 40 % des grands magasins américains sur quatre ans). Elles s’attaquent maintenant au gros du marché, l’alimentation. En juillet,  Amazon acquiert la chaîne de magasins bio Whole Foods . En août,  Walmart réplique et s’allie à Google . En novembre, cette fois en Chine,  Auchan crée une joint-venture avec Alibaba . Le choc frontal, en Chine comme aux Etats-Unis, c’est maintenant ! Ca va évidemment bouger très fort aussi en Europe.

Le champ de bataille ne va pas se cantonner à la distribution ! La livraison de repas à domicile explose car les gens ont du mal à faire les courses en ville ; GO-Jek est en train de devenir la plus grosse société indonésienne ; elle a démarré comme l’Uber de la Mobylette et s’impose dans la livraison de repas à domicile à Djakarta. Le monde de la finance est également concerné : grâce à son système de paiement sécurisé par téléphone Alipay, Alibaba est la troisième banque chinoise.

Quand une nouvelle technologie apparaît, son taux de croissance suit celui d’une épidémie. Il accélère jusqu’au moment où la substitution atteint 50 % du potentiel – alors, seulement, la croissance retombe. Dans les cinq années qui viennent, la transformation va aller de plus en plus vite. Il faut en être conscient.

Un changement qui vient… de nous !

La bonne attitude ? Comprendre que le changement vient de nous… qui passons les commandes ! Notre bras gauche (producteur dans les anciennes technologies) ne peut pas ignorer ce que fait notre bras droit (consommateur des nouvelles technologies).

D’après McKinsey, dans les pays développés, un tiers de la population devra changer profondément de métier. N’ayons pas peur : au total, ces mouvements ne sont pas destructeurs mais déplaceurs d’emplois ; ils vont en créer des nouveaux, notamment en informatique, en logistique et en restauration. Soyons prêts à nous former. Nous sommes bien plus flexibles que nous ne le croyons, et disons-nous que l’humanité n’en n’est ni à sa première ni à sa dernière transformation !

Xavier Fontanet