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Rendez nous Pompidou! par Xavier Fontanet dans les Echos du 28 février 2013

28 Fév

Dure nouvelle en provenance de Bretagne : la société d’abattage porcin Gad SAS, filiale de la coopérative Cecab, dépose le bilan. Que n’avions-nous pas entendu quand Doux a eu ses problèmes : avidité, erreurs de gestion, limites du capitalisme familial ! Le mode de gestion coopératif traverse lui aussi des difficultés sur un métier frère, qui partage la même filière aliment. Pas très dignes, tous ces commentaires sur une famille qui a, toute sa vie, mis ses biens à risque pour développer son entreprise et donner du travail à ses compatriotes. Malveillance doublée d’une erreur de jugement. L’entreprise est graine et le pays sol. Nous avons, nous Français, des tas de leaders mondiaux, les graines sont donc bonnes. Le problème, c’est le terreau. Entreprises privées, coopératives, tout le monde peine en France !

Le sol français n’est plus fertile aux entreprises avec ses cailloux, ses ronces et une mauvaise eau qui croupit : des impôts, dont nous détenons le triste record du monde, des réglementations filles de l’impôt et une défiance à l’égard de l’entreprise. Coïncidence, ça se dégrade depuis la mort du président Pompidou et la montée de la « dépense » publique. A cause d’elle, trop de gens ne vivent pas du marché et ne jurent plus que par l’Etat. Trop nombreux sont ceux qui n’ont pas fait une seule vente de leur vie et ne comprennent pas, comme partout ailleurs, que l’Etat n’est pas tout, que l’entreprise est à la base de la société et a besoin d’un écosystème favorable pour se développer.

Si nos gouvernants, issus exclusivement de la sphère publique, comprennent durant leur passage au pouvoir ce miracle qu’est l’esprit d’entreprise et la nécessité d’avoir pour elle un bon terreau, l’alternance, trésor démocratique, aura fait son oeuvre pédagogique. Sinon, notre pays souffrira encore un peu plus.

rendez nous pompidou par Xavier Fontanet dans lesechos.fr

Interview de Xavier Fontanet sur France2 le 7 février 2013

21 Fév

Retrouvez l’interview de Xavier Fontanet par Benoît Duquesne lors de l’émission  « Complément d’Enquête » du 7 février dernier.

Article dans Contrepoints

10 Jan

Xavier Fontanet : on refait la révocation de l’édit de Nantes !

Publié le 13/12/2012

Contrepoints a rencontré Xavier Fontanet, ancien président d’Essilor, pour recueillir son éclairage sur la transformation du monde que nous vivons. En voici les meilleurs passages.

Xavier Fontanet

Note : l’interview intégrale est également disponible sur Contrepoints (partie 1, partie 2)

Xavier Fontanet est l’ancien président d’Essilor et « dirigeant le plus réputé » parmi les patrons français selon un cabinet de mesure de la réputation. Auteur de Si on faisait confiance aux entrepreneurs, professeur de stratégie à HEC et ancien du Boston Consulting Group, c’est aussi un observateur attentif de notre monde et des changements qu’il traverse. Il nous donne sa vision de la mondialisation, des difficultés françaises et des chances qui s’offrent à nous.

Mondialisation : la France n’a pas à avoir peur

« Quand l’on essaie de nous dissuader de faire des produits mondiaux, c’est une régression car c’est au fond une démarche inspirée par la peur. Il ne faut pas avoir peur de la concurrence ! La pratique montre bien que les grands groupes français s’en sortent très bien à l’international. »

« Faire du protectionnisme pour un petit pays comme la France, cela n’a pas de sens, vous allez mettre en danger l’économie, abîmer les entreprises françaises à l’étranger »

« La délocalisation ou plutôt relocalisation a de grandes vertus. Elle déplace des jobs simples dans des pays en voie de développement qui leur permettent d’accéder au développement et le système éducatif des pays développés permet de transformer les enfants d’ouvriers en ingénieurs ou en chimistes. C’est un système très harmonieux, qui permet à tout le monde de grandir. »

« Avec la robot-relocalisation, des tas d’activités peuvent revenir en France ».

Le mal français : coût du travail et dépense publique

« Le véritable problème est que le « modèle  français » est lourd , avec trop d’impôts et de bureaucratie. Nos entrepreneurs ne sont pas mauvais, mais le terrain devient de plus en plus difficile pour une entreprise, en particulier quand on compare avec ce qui se passe dans d’autres pays. »

« Quand la sphère publique est trop développée et inefficace, les coûts de cette sphère publique se retrouvent toujours dans la sphère exposée, à l’exception de la TVA. Tout ce qui est charges sociales, impôts se retrouvent dans le coût des produits exportés. La fiscalité n’est rien d’autre que le prix mondial de la sphère publique. Les entreprises tiennent compte de ces éléments et, avec une fiscalité trop élevée, vous chassez les investissements ou vous détournez ailleurs ceux qui auraient pu être faits en France. Le problème, ce n’est pas la mondialisation, c’est l’excès de la dépense publique que l’on retrouve dans les impôts ; nous avons à la fois l’image et la réalité du record toutes catégories d’impôts »

« Le rapport Gallois va dans la bonne direction, mais les masses en cause sont très insuffisantes. L’ordre de grandeur nécessaire des économies, c’est 200 milliards € et pas 20 car il  ne s’agit pas de déplacer la facturation, mais de réduire la taille de la sphère publique. A 1050 milliards, elle est trop grosse de 20%. C’est la seule chose qui permettra de revenir à l’excédent et de réduire la dette. »

Réformes

« Si la commission Jospin parle du cumul entre mandats électifs, je pense que le problème est surtout celui du cumul entre un poste de fonctionnaire et un mandat de député. C’est un grave problème de conflit d’intérêts sur lequel on passe avec une décontraction qui m’étonne. Un fonctionnaire qui vote un budget, c’est quelqu’un qui vote les dépenses de l’organisation qui le réembauchera s’il est battu. Conflit d’intérêts total. Ce n’est plus l’intérêt général ici, c’est l’intérêt particulier des membres de la sphère publique. La sphère publique peut ainsi mettre la main sur les économies de la sphère privée et l’épuiser ce qui fera capoter le pays. Dans cette affaire, je ne vise pas les personnes dont la grande majorité est dévouée, je vise le système. »

« Il faut retarder l’âge de départ en retraite, trouver un nouveau contrat social, qui rende les contrats plus flexibles et moins coûteux, et remettre à plat l’organisation de l’État notamment les régions… »

Une fiscalité confiscatoire qui fait fuir les talents

« Quand vous revendez après dix ans une entreprise que vous avez achetée et développée en la faisant doubler de taille, les impôts que l’on vous prend, impôts sur la société (35% en France, vs 20% en Allemagne), dividendes (28%+15% vs 20%), ISF (1,5% du capital vs 0%) et impôts sur la plus-value (jusqu’à 60%, vs 26% voire 0% en Allemagne), l’État français aura pris 70% de la création de valeur et laissé 30% à l’entrepreneur. En Allemagne, l’État prend 30% et laisse 70% au créateur ! »

« Tout cela est vraiment extrêmement grave et sera lourd de conséquences. L’histoire nous montrera qu’on a refait la révocation de l’édit de Nantes. Les départs sont considérables, ceux qui partent ne préviennent pas. Il suffit de demander à n’importe quel gérant de fortune, les demandes ont décuplé. Regardez en  Belgique, des quartiers entiers sont parisiens désormais. Discutez sinon avec des déménageurs suisses et vous aurez un autre recoupement. C’est alarmant pour la France. Très alarmant. »

Le monde, aujourd’hui et demain

« Le monde n’est pas en crise. On a un double phénomène plutôt. Les pays en voie de développement affichent des taux de croissance de 5 à 10% (Brésil, Inde, Chine). Une moitié de l’humanité croît à +10%, et l’autre moitié à zéro. Dans cette autre moitié il y a une gigantesque transformation schumpeterienne. Il n’y a pas de crise, au contraire, l’histoire montrera que c’est la période où l’humanité a cru et s’est transformée le plus vite de son histoire. »

« Pour moi le monde en 2050 sera un tiers Inde, un tiers Chine, un tiers Occident. Si l’Inde est aujourd’hui un peu en retard, elle le rattrapera facilement, avec une population plus grande. »

La France de demain

« Si l’on n’arrive pas à régler les systèmes sociaux en France, beaucoup de micro-entreprises vont se créer, les gens seront consultants. Tous vous créerez vos petites boites et vous travaillerez en consultants. Avec des taux horaires plus chers, chacun construisant sa propre retraite, avec de nombreux clients différents. Regardez l’intérim par exemple, il explose actuellement. Beaucoup de jeunes commencent par l’intérim, pour avoir de la variété. C’est ce vers quoi on va. »

« Les entrepreneurs sont les dignes héritiers de Tocqueville et Voltaire, les héritiers des idées de liberté et d’initiative ; l’explosion du nombre de jeunes entreprises montre qu’une partie de la jeunesse a compris ; mon espoir, au bout du bout, il est en eux ! »

Retrouvez l’article dans la revue Contrepoint, ici

Pour lire l’interview dans son intégralité :