Le blog de Xavier Fontanet

Lors de votre conférence de presse, vous avez répondu à la proposition citoyenne du Medef de créer 1 million d’emplois : c’est un changement stratégique, absolument majeur, dans la bonne direction. Vous avez reconnu que les entreprises sont au coeur de la société, qu’il faut réduire leurs impôts et que la baisse de la dépense publique est la seule voie possible, c’est aussi fondamental. Vous allez poser la question de confiance aux députés, qui peut entraîner une dissolution, c’est encore un troisième acte majeur (dont on a paradoxalement peu parlé). Il force les parlementaires à prendre leurs responsabilités, ça, c’est de la politique !

Vous avez découvert en voyageant à l’étranger (et même célébré, à travers EADS) ce qu’y ont accompli nos grands groupes, symboles du potentiel de notre pays, c’est un message encourageant.

Mais tout cela ne marchera que si les Français retrouvent la confiance en eux-mêmes, dans les autres et dans la stratégie mise en oeuvre.

Croyez en l’expérience des chefs d’entreprise qui ont l’habitude de créer la confiance dans leurs entreprises, condition indispensable pour réaliser de grandes choses : il faut être simple, cohérent ; attention au flou et aux demi-mesures empêchant la confiance de naître, soyez plus plus clairs sur les économies, soyez plus clairs avec les syndicats en expliquant que notre modèle social ne tient pas et qu’il faut qu’ils évoluent, comme l’ont fait leurs collègues étrangers.

Faites comme Deng, Lee Kuan Yew et Schröder : réhabilitez le profit des entreprises, seule source d’investissements et d’emplois durables.

Les Français sont capables de grandes choses si on les met en confiance. Celle-ci est un tout et demande avant toute chose que les chefs soient clairs, cohérent et constants, croyez-en notre expérience !

Innovations technologiques transformantes, irruption sur les marchés de la Chine et l’Inde… le monde n’a jamais vécu tant d’inconnues, de dangers et d’opportunités. Une certitude dans tout cela, les métiers se mondialisant tous, les pays qui vont tirer leur épingle du jeu seront attractifs et bienveillants aux entreprises ; cela sera l’affaire de tous. D’abord, nos syndicats doivent faire preuve de réalisme et admettre, comme l’ont fait leurs collègues étrangers, que le « meilleur modèle social » ne tient pas s’il pèse trop sur la rentabilité des entreprises.

Ensuite, nos politiques doivent réaliser que la compétitivité des entreprises est pénalisée par l’étendue et la complexité de nos administrations centrales et régionales. Il faut simplifier la sphère publique pour remettre son coût dans la moyenne mondiale et lui apprendre à dépenser moins qu’elle prélève pour rembourser ses dettes.

Le Français est talentueux et capable d’exploits quand l’opportunité lui est donnée de faire ses preuves. Ceux qui se sont frottés au monde – les grandes entreprises, les grands médecins, les grands artistes et les grands sportifs – montrent qu’on ne doit pas craindre l’ouverture sur le grand large, mais plutôt y voir l’opportunité de grandir. Comme chez tout être humain, son énergie ne se déploiera que s’il est convaincu qu’on lui fait confiance et s’il a lui-même confiance dans le système ; il ne faut pas qu’il se sente entravé et doit être persuadé qu’il sera justement récompensé en cas de succès. Il acceptera alors tous les changements nécessaires.

Il est de la responsabilité de nos gouvernants, à qui la Constitution a donné un pouvoir considérable et qui contrôlent 57 % du PIB, d’instaurer, par une juste vision, des paroles claires et des actes cohérents. Cette ambiance qui, à certaines époques, a fait faire aux Français des choses extraordinaires, ambiance qu’on appelle aussi confiance et qu’il serait bon de reconstruire rapidement.

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