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Travaillons au retour de la crédibilité et de la confiance – article paru dans les échos

29 Avr

On va repartir plus vite que prévu, même si le drame indien laisse une zone d’incertitude, on est en vue des 60 % de vaccinés, annonciateurs de la décrue de Covid. Les Français se sont bien débrouillés, on ne peut que saluer tous ceux qui, à tort, qualifiés de « gens d’en bas » -infirmières, livreurs, caissières camionneurs… -, ont fait un boulot fantastique, sans parler des bénévoles. Ils ont rattrapé les erreurs des gens « d’en haut ». A trop mettre la lumière sur ce qui ne marche pas, on en finit par oublier que les Français sont dégourdis et généreux. On ne sort pas d’une guerre ; l’appareil de production n’a pas été détruit. Mais il n’empêche qu’on n’a rarement eu autant de sujets sur la table !

Coup de chapeau aux grands groupes pharmaceutiques qui nous ont sortis du trou. Où irions-nous s’il fallait encore attendre les vaccins durant trois ans ? Leur invention appliquée à d’autres domaines va permettre de sauver bien des vies. Preuve flagrante de l’efficacité de la sphère privée. On tape sur les Gafa, mais grands dieux, qu’aurions-nous fait sans eux ? C’est le moment de redire que l’économie concurrentielle de marché peut être porteuse de bienfait pour l’humanité.

C’est nous, Français, qui avons été à l’origine de l’invention de l’ARN messager : quelles complications, normes et paperasseries administratives ont fait partir l’activité à l’étranger ? A ne pas savoir prendre assez de risques, on se met en danger ; il faut revoir le principe de précaution.

Ne surestimons pas la bouffée d’air des relocalisations. Ca n’empêche pas, dans certains domaines, de viser l’autonomie, mais les économies sont aujourd’hui bien trop intriquées. Ca repartira comme avant : nous devons être compétitifs et reprendre les réformes de nos sphères sociale et publique. Leur cherté relative rentre dans le prix de revient de nos entreprises et tue notre industrie, qui est en concurrence avec des organisations dont les sphères publiques sont plus efficaces. Il faut que nos syndicats comprennent qu’on ne pourra pas se dispenser de partir à la retraite, comme les Allemands, dès 2029, à 67 ans. Bien sûr l’économie doit être plus respectueuse de l’environnement mais pourquoi ne pas tendre, pendant deux ans, le micro aux scientifiques ? Ils ont en main des cartes qui permettent de poser le problème en termes différents. Nos écologistes doivent le comprendre.

Sur le plan financier, l’Europe a bien joué notre futur, et celui de nos voisins est en son sein. C’est en France que les dysfonctionnements sont insupportables, en particulier, en ce moment, ceux de la justice – une des premières fonctions régaliennes – et de la police, qui n’est pas protégée comme elle le mérite. Voilà deux fonctions pour lesquelles l’Etat doit se mettre au travail. Il y va de sa crédibilité et du retour de la confiance.

Enfin, l’Etat, toujours lui, doit aussi se pencher sur son propre fonctionnement. Il commence par la réforme de l’ENA, qu’il creuse aussi l’idée d’une régionalisation à la suisse ; l’alerte des « gilets jaunes » doit être entendue.

Les Français et leurs entreprises, c’est un bon petit cheval, c’est leur Etat jockey qui doit perdre du poids et s’améliorer. S’il réussit, pas de souci à se faire, il y a certes des dangers, mais le futur est aussi de promesses, on se débrouillera !

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