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Pourquoi il faut alléger la fiscalité des entreprises, article paru dans les Echos, jeudi 18 avril

22 Avr

La division économique du Medef a publié le mois dernier une étude magnifique mais très préoccupante sur les marges des entreprises dans les neuf grands pays européens. Ses résultats devraient être médités par nos gouvernants.

L’étude mesure, d’une part, l’excédent brut d’exploitation local moyen des entreprises (en d’autres termes leur rentabilité) pays par pays et, d’autre part, la contribution des entreprises aux recettes publiques fiscales et sociales (en termes simples, la ponction fiscale sur l’entreprise).

Première constatation : les différences de ponction fiscale entre pays sont considérables (de 24 % à 35 %). L’harmonisation fiscale n’est pas pour demain et les entreprises ne luttent pas à armes égales.

Deuxième constatation, les écarts de rentabilité sont importants (ils vont de 29 % à 42 %), et créent des différentiels dans la croissance potentielle des entreprises.

Quand on rapproche les deux données, l’analyse est simple : les trois pays où les entreprises sont les moins rentables (France, Royaume-Uni, Suède) sont aussi ceux qui les taxent le plus. A l’opposé, ceux où la pression fiscale est la plus légère (Allemagne, Autriche, Italie) sont ceux qui ont les entreprises les plus rentables. L’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas sont dans la moyenne à la fois en matière de résultats et d’imposition.

La France est le pays qui a perdu le plus de parts de marché dans le commerce international sur les dix dernières années : ceci montre que l’impôt, en asséchant année après année la capacité d’investir, et donc de croissance, ronge à long terme les tailles relatives et donc la compétitivité.

Avec un jockey bien trop lourd et beaucoup plus avide d’impôt que les autres, comment voulez-vous que les entreprises françaises fassent bonne figure dans la course mondiale ? Et, sans entreprises prospères, où va la France ?

« Pas d’innovation sans fluidité » par Xavier Fontanet dans les Echos du 31 janvier 2013

27 Fév

Le tiers du pays est sur Internet plusieurs heures par jour, près du quart commence à y acheter, le gouvernement se félicite des investissements d’Amazon au centre de la France. Dans le même temps, la fermeture des magasins Virgin est brocardée, alors qu’elle est une conséquence de nos choix quotidiens de nouveaux modes de distribution. Si chacun de nous était cohérent, il reconnaîtrait que la barrière technico-économique entre un système fondé sur Internet et un système de distribution traditionnel est, dans le cas du DVD, colossale. La nature des choses veut que l’ancienne filière décroisse et que la nouvelle croisse. C’est au marché du travail et à la formation permanente (pour lesquels une assurance est prise par l’entreprise et le salarié) d’assurer la fluidité des ressources humaines entre les secteurs qui décroissent et ceux qui croissent. Forcer l’entreprise à faire elle-même la reconversion, c’est la faire payer deux fois. La forcer à garder des sureffectifs, c’est l’empêcher de décroître rentablement. On oublie toujours que les secteurs en croissance ont des résultats inférieurs à la demande d’investissement et sont en cash négatif. L’argent ne peut venir que des secteurs stabilisés ou en décroissance, dont les investissements sont nuls, voire négatifs. Si on gêne ceux qui ont besoin de décroître, on prive l’économie de liquidité et on la freine automatiquement. En économie, croissance et fluidité vont ensemble. Les vingt ans qui viennent seront pour l’Europe une période de larges bouleversements technologiques. Aucun secteur ne va y échapper. De cette transformation vont émerger les technologies d’avenir. Les pays émergents vont, eux, rester sur des technologies plus traditionnelles ; ces évolutions sont donc une chance pour les pays développés, qui pourront prendre un coup d’avance sur les nouvelles technologies en les expérimentant chez eux. L’avenir appartient à ceux qui vont marier l’innovation avec sa conséquence, la mobilité des ressources humaines et financières.

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