Archive | novembre, 2017

Utilité publique – Chronique aux Echos

24 Nov

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D’un côté, une sphère publique aux champs d’activité trop nombreux. De l’autre, un milieu associatif efficace et motivé. Il est temps que l’une laisse plus d’activité à l’autre !

Le bien ne fait pas de bruit, on parle peu du secteur associatif. C’est pourtant une activité économique considérable et un pilier de notre société . Les quatre associations majeures (Restos du coeur, Secours catholique, Apprentis d’Auteuil et Téléthon) ont, ensemble, une activité proche du milliard d’euros !

Le secteur associatif, c’est 70 milliards d’euros, 17 millions de bénévoles, 1,8 million de salariés, 1,3 million d’associations réparties sur tout le territoire. C’est, entre autres, un soutien aux familles et aux personnes âgées en difficulté, une filière éducative alternative, de la restauration pour ceux qui n’ont pas de foyer. C’est une armée de volontaires pour des travaux d’intérêt général, dévoués, efficaces et y mettant leur coeur.

Le poids de notre sphère publique (57 % du PIB en France contre 44 % en Allemagne) est, on le sait, beaucoup trop élevé. Excès dangereux pour l’économie, qui érode la compétitivité des entreprises, creuse le déficit commercial, génère du chômage et fait exploser son indemnisation. Mais il y a plus grave : à force d’être matraquée, une partie de la population se défausse sur l’Etat de sujets dont elle pourrait se saisir (« Avec tous les impôts que je paye, on ne va pas me demander, en plus, d’être généreux ! ») ; une autre perd sa dignité en allant rechercher des aides qui ne sont pas toujours justifiées.

Notre sphère sociale vient de l’étatisation, il y a cent cinquante ans, d’activités gérées par des associations privées et religieuses. Il y a porosité entre ces deux sphères. 35 % des Français de plus de 65 ans sont bénévoles. Ce sont souvent ces retraités actifs qui tiennent le manche des associations ; avec l’allongement de la durée de vie, ils sont devenus une source de compétitivité et une force de travail considérable en regard des 5 millions de fonctionnaires.

Concéder aux associations des pans de la sphère publique, en améliorant la fiscalité des bénévoles retraités qui y font du vrai travail, permettra de réduire sa taille à un niveau plus supportable par notre économie concurrentielle.
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Conversation avec ma pharmacienne – Chronique aux Echos

17 Nov

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De­vant moi, la se­maine der­nière, une per­sonne de­man­dait une consul­ta­tion à ma phar­ma­cienne, la pre­nant pour un mé­de­cin. Celle-ci lui ré­pon­dait po­li­ment, tout en s’im­pa­tien­tant au vu de la queue des clients, qui gran­dis­sait. La per­sonne lui dit : « N’ayez pas peur, je vais vous payer ! » en ten­dant sa carte Vi­tale qu’elle pre­nait pour une carte de cré­dit. Mon tour ar­rive, la phar­ma­cienne me montre des sacs de mé­di­ca­ments ran­gés dans un coin.

« Re­gar­dez ce qu’on vient de me dé­po­ser, ils sont à peine en­ta­més, il y en a pour des mil­liers d’eu­ros. Avec la carte Vi­tale, les gens ont per­du toute no­tion du coût de la santé. Les dé­fi­cits qui re­montent, est-ce que ça ne vient pas, en par­tie, de là ? ». Elle sort un an­cien Vi­dal. « Les prix des block­bus­ters (Zo­kor, Aug­men­tin, Pla­vix) ont été di­vi­sés par trois sur dix ans, les gé­né­riques par deux en cinq ans, un gain énorme pour la Sé­cu­ri­té so­ciale… comment peut-elle être en perte ? On ac­cuse les phar­ma­ciens, c’est in­juste et stu­pide. Il y a sû­re­ment du tra­fic avec les pays où les mé­di­ca­ments sont plus chers. La per­sonne qui est sortie en râ­lant quand vous êtes en­tré, sa carte lui avait été prê­tée. J’ai vou­lu vé­ri­fier, elle ne se sou­ve­nait plus de son pré­nom ! J’ai re­fu­sé de la ser­vir. » « Le tiers payant, c’est une fo­lie, les gens doivent sa­voir qu’une consul­ta­tion don­née par un mé­de­cin a un coût – je viens bien de payer 300 eu­ros au ser­ru­rier qui m’a ou­vert une porte dont j’avais per­du la clef. »

« Pro­té­ger les gens, soit, il faut aus­si dire que la si­tua­tion fi­nan­cière du pays est ca­tas­tro­phique et que tous doivent faire des ef­forts.

Les Al­le­mands, en 2004, ont fait payer les 25 pre­miers eu­ros de mé­di­ca­ments et ex­pli­qué qu’il était du de­voir de cha­cun de ne pas cher­cher sys­té­ma­ti­que­ment toutes les aides.

On est consom­ma­teur, mais aus­si ci­toyen.

Ce ne sont ni les contrôles, ni les sanc­tions qui mar­che­ront. Sans ap­pel à la res­pon­sa­bi­li­té per­son­nelle, on ne s’en ti­re­ra pas ! »