Archive | septembre, 2017

Innover, c’est d’abord bien former- Chronique aux Echos

28 Sep

En cédant  4 % d’Engie, l’État va toucher 1,5 milliard d’euros qui abonderont un fonds d’investissement de 10 milliards destiné à financer l’innovation. Voilà un mouvement stratégique, c’est bien ! Mais la créativité est-elle seulement affaire d’argent, et quelles sont les conditions pour qu’elle crée de la prospérité ? La Suisse est de loin  le pays au monde qui dépose le plus de brevets par habitant – cinq fois plus que nous, qui nous targuons pourtant d’être imaginatifs ! Elle explique sa performance par une idée simple : « Il faut au pays des ouvriers hautement qualifiés et des ingénieurs imaginatifs » (*). La créativité est pour eux le résultat d’une bonne relation instruction/entreprise tout au long du parcours scolaire et universitaire. Ceci suppose à la fois un enseignement professionnel performant et des universités branchées sur les problématiques des entreprises. La Suisse fait ainsi d’une pierre deux coups : le chômage des jeunes y est inexistant, l’apprentissage étant le meilleur accès des jeunes à l’emploi ; les universités complètent leur financement par le bénéfice des brevets et des prises de participation dans les start-up que leurs découvertes génèrent. Dans des années 1970, la France, l’Angleterre et l’Italie ont fait le pari inverse : toute la production serait délocalisée dans les pays en voie de développement. On a calé l’université sur l’idée mal définie de dispenser du « savoir » avec pour résultat d’envoyer trop d’étudiants sur les filières molles qui ne débouchent sur rien de concret. Les choses peuvent se retourner avec les stratégies partagées par tous. L’argent pour la recherche est bienvenu, mais il faut aussi rapprocher entreprise et éducation, de l’apprentissage à l’université. Plus important encore, en cette période où le rythme de découvertes n’a jamais été aussi élevé, la filière technologique doit être proclamée filière d’excellence comme l’ont fait tous les pays qui marchent.

Xavier Fontanet est professeur de stratégie à HEC(*) « Formation : l’autre miracle Suisse », François Garçon, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2014.
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Nos PME à la conquète du monde

15 Sep

Travailler autrement – Chronique aux Echos

14 Sep

Publié le 14 Septembre 2017

On n’a pas assez évoqué les innovations en matière d’organisation du travail proposées en France par PwC, la plus grande entreprise d’audit et de conseil du monde.

PwC a annoncé à ses employés français qu’ils avaient le droit de travailler chez eux jusqu’à six jours par mois. Les locaux parisiens ont été transformés et décloisonnés pour faciliter les interactions entre les équipes ; le PDG, lui-même, n’a plus de bureau. Pour assurer une hygiène de travail et des temps de repos, des règles ont été fixées : pas d’utilisation des e-mails le week-end ou pendant certaines plages horaires, pas de réunion avant ou après telle ou telle heure.

Les évolutions ont toutes été cocréées et testées avec les équipes et les représentants du personnel. Ces évolutions collent à la spécificité du métier d’audit et de conseil, où le travail n’est pas affaire de présence mais consiste à délivrer en équipe un résultat. Elles correspondent à ce qu’attendent les jeunes quant à des modes de fonctionnement favorisant à la fois la collaboration, le travail en équipe et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée… PwC fait le pari de la confiance et voit dans ces nouveaux modes de travail le moyen d’attirer et de retenir les meilleurs.

L’organisation actuelle du travail a été pensée pour le monde des années 1950, où les emplois étaient de nature industrielle. Ils demandaient une présence physique dans l’usine. Les organisations du passé étaient verticales, le futur est horizontal : les jeunes adorent et ça favorise l’esprit d’équipe.

Il y a en France 250.000 entreprises de plus de 10 employés, dont 80 % font du service et de la distribution. Si on considère qu’il y a dix concurrents par métier, cela fait 25.000 métiers différents pour lesquels on doit penser des organisations spécifiques. Les Français sont connus pour la variété de leurs fromages. Ils ont aussi la réputation d’être imaginatifs. L’adaptation de leurs organisations au monde qui change est une belle occasion de faire au monde entier la démonstration de leur créativité.
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Le luxe, des succès hors normes -Chronique aux Echos

14 Sep

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Le 7 Septembre 2017

Nos grandes entreprises de luxe cotées (LVMH, L’Oréal, Hermès, Kering) et d’autres plus petites, comme Rémy Cointreau, ont sorti, cette année encore, de magnifiques résultats. Bonne nouvelle : les Français peuvent être leaders mondiaux sur de très gros métiers et tenir la route sur la durée.

La capitalisation de ces entreprises est en effet – on ne le fait jamais remarquer – à peu près deux fois celle de nos fabricants automobiles et aéronautiques réunis… c’est dire la prospérité apportée à notre pays par ce seul secteur !

Une des dimensions intéressantes de l’industrie du luxe, c’est qu’il y a peu de normes, a l’exception de celles – draconiennes – que les opérateurs se sont eux-mêmes imposées, par le simple jeu de la concurrence, en tirant naturellement leur métier vers le haut. Cette caractéristique inédite, et à protéger précieusement, a permis au talent créatif français de construire ces empires qui s’étendent maintenant partout sur la planète.

Mais le point peut-être le plus important, c’est la durée du contrôle actionnarial, qui dépasse de loin tout ce qu’on voit ailleurs. Il y a certes eu de violentes batailles financières, mais, dans toutes ces entreprises, la durée de détention du capital et son caractère en général familial ont été la clef du succès. Ce sont des métiers où les choses ne se construisent qu’avec l’aide du temps, et où le capitalisme à court terme, de ce fait, ne peut réussir.

L’amendement qui a supprimé l’ISF pour les détenteurs de plus de 25 % du capital a été un élément expliquant la bonne marche de cette splendide industrie. Développons l’actionnariat individuel, et la participation pour les salariés actionnaires, en supprimant l’ISF sur les actions, encourageons le capital-risque et les business angels. Et gardons-nous de la folie réglementaire des normes, ces entraves modernes à l’innovation. Les Français sont parfaitement capables d’affronter la concurrence mondiale, ils le montrent chaque fois qu’on leur permet de se battre à armes égales avec leurs concurrents.
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