Archive | Mai, 2019

La force de l’Asie – Chronique aux Echos

17 Mai

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L’Europe et l’Occident ont fait un péché d’orgueil au moment de la chute du mur de Berlin. Ils ont cru aux théories de Francis Fukuyama sur la fin de l’histoire en pensant que les valeurs occidentales avaient définitivement gagné. C’est pourtant à partir de ce moment-là que les pays d’Asie (et la Chine en particulier) ont pris l’élan qui les fait passer en force devant l’Europe et les États-Unis, et cela quelles que soient les initiatives du président Trump.

Le paradoxe dans toute cette affaire est que l’Europe a perdu confiance dans ses valeurs de liberté et d’initiative, alors que ces mêmes valeurs ont permis à l’Asie un formidable rattrapage. La parade est simple, elle consiste à rechercher les bonnes pratiques asiatiques que nous pourrions copier à notre tour. Tous ceux qui connaissent l’Asie pour y avoir travaillé quotidiennement, en particulier les entreprises, seront unanimes pour dire qu’il y a un trésor de recettes dont il faut s’inspirer, en particulier au Japon.

L’une d’elles est fort bien résumée dans un petit livre facilement disponible, elle porte le nom d’Ikigai, méthode qui permet de donner du sens à la vie. Ce livre apprend à porter attention aux petites choses, il montre que le travail manuel est en fait hautement intellectuel, la main étant le prolongement du cerveau. La clef, c’est de toujours viser la perfection en toutes choses. Il apprend aussi la modération et le respect de l’autre, où qu’il soit dans la société. Ce dernier message est peut-être le plus important, il est source d’harmonie de la société. C’est la force de l’Asie. Accepter que, même si nous sommes égaux en droits, nous ne sommes pas pareils en fait, mais proclamer au même moment qu’un ouvrier efficace et bon collègue doit être placé en plus haute estime que le dirigeant d’une grande entreprise qu’il aurait abîmée durant son mandat.

Voilà une philosophie dont nous devrions nous inspirer. Lee Kuan Yew, fondateur de Singapour, a toujours expliqué haut et clair qu’une société fondée sur la recherche de l’égalité sera battue sur le long terme par celle qui met la dignité de chacun au sommet de ses valeurs. Pour lui, en effet, l’égalitarisme mène à l’assistanat qui se finance forcément par la démotivation des entrepreneurs et ruine l’économie. Pourquoi n’écouterions-nous pas aujourd’hui ce message décapant venant d’un des plus grands dirigeants mondiaux des cinquante dernières années ?

 

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Pour un temps de travail à durée variable – Chronique aux Echos

3 Mai

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La FAS (*) a publié l’an dernier une étude montrant que les performances des entreprises qui pratiquent l’actionnariat salarié sont nettement supérieures aux autres. Elle rappelle qu’il est aussi, dans les temps difficiles et quand on sait l’écouter, une source de stabilité pour l’entreprise et un précieux guide pour le management.

En cette période où l’on tire les leçons du grand débat national, cela pourrait permettre de faire d’une pierre trois coups ! Tourner élégamment la page des 35 heures, améliorer significativement le montant des retraites et sortir par le haut au problème du statut de la fonction publique non régalienne. L’idée consiste à proposer un CDI à durée de travail variable, assorti d’un système d’actionnariat salarié. Ce contrat serait proposé en concurrence avec les contrats existants. On garantirait à l’employé une durée de travail minimum de 5 jours × 7 heures, soit 35 heures par semaine, et un maximum de 42 heures quand la demande est là. En échange de cette flexibilité (qui marque une communauté d’intérêt entre l’employé et l’entreprise), on proposerait un accès au capital ou, pour ceux qui ne veulent pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier, à un fonds diversifié contenant pour une part seulement des actions de leur entreprise. On pratiquerait un abondement musclé qui doublerait les sommes que les employés investissent de leur propre chef. Dans les entreprises qui l’adopteront, les employés auront en tant qu’actionnaires accès au conseil d’administration. Ils se constitueront un capital retraite (l’effet est très significatif dès que plus de 5 % du salaire est épargné et correctement abondé sur longue durée). On tient là une spécificité européenne sur un sujet central et une voie qui peut faire évoluer le capitalisme dans un sens positif. Ce CDI pourrait être proposé à la fonction publique non régalienne à qui on proposerait de passer à un contrat copié sur ce qui existe dans le privé contre la possibilité d’investir, elle aussi, avec abondement, dans un fonds diversifié. Le monde change. Pour bien y vivre, il faut faire preuve de réalisme et de réactivité ; la France est le pays où l’actionnariat salarié est le plus développé ; il y a là une piste prometteuse…

* Fédération française des Associations d’actionnaires  Salariés

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