Archive | décembre, 2015

On ne peut dépenser plus que l’on gagne, par Xavier Fontanet.

18 Déc

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Lorsque la majorité des hommes politiques est professionnelle de la vie politique, il est inévitable que ces derniers cherchent à se maintenir. Les programmes deviennent alors des moyens de sécuriser voire d’acheter les voix.

Il n’est dans ces conditions pas surprenant que les problèmes de fond ne soient jamais abordés dans les campagnes. Nous sommes pourtant entrés dans une crise structurelle qui demande des réponses structurelles. Il ne suffit plus d’atténuer les conséquences des dysfonctionnements, il faut s’attaquer à leur cause. Ce travail est beaucoup plus difficile il demande hauteur de vue, réflexion et efficacité dans l’exécution.

Les pays qui ont connu ces crises en sont sortis parce que leur dirigeants ont mis en cause des paradigmes pourtant communément admis ; dans tous les cas, les changements ont reposé sur quelques idées simples que voilà !

1) »On ne peut dépenser plus que l’on gagne » ; la situation est grave car on est en déficit depuis 40 ans : un déficit structurel appelle une réponse structurelle ! Tant qu’on n’explique pas que la situation est grave et tant que chacun n’en sera pas persuadé, il est illusoire d’attendre des changements de comportement.

2)La solidarité est le ciment de la société, on doit la chérir ; mais en ces temps difficiles elle doit être exigeante ; en particulier tout le monde doit être d’accord sur l’idée que « mieux vaut un travail même pas satisfaisant que l’horreur du chômage (même bien payé) à la maison ». Le redémarrage du marché du travail allemand est venu de ce que les gens ont accepté quand il le fallait des jobs pas tout à fait adaptés (notamment des temps partiels). Le travail, ce n’est pas uniquement le salaire c’est aussi le moyen de vivre en société. Sur le plan des finances publiques, la forte chute du chômage s’est traduite par une énorme économie (de l’ordre de 75 milliards d’€) qui a permis de baisser les impôts et relancer la machine.

3)On ne s’en tire qu’en faisant appel à la responsabilité de chacun, où qu’il soit dans la société.

-« Chacun doit faire le maximum pour éviter de peser sur les finances de l’État ». On ne peut pas rêver de société harmonieuse si on laisse créer un groupe de gens assistés.

-l’État doit faire confiance aux régions et se concentrer sur ses activités purement régaliennes.

-l’État doit parier sur les entreprises en s’allégeant pour réduire leur fardeau fiscal ; dans tous les retournements réussis, il y a toujours eu à la base le pari de la responsabilité et de la confiance .

4) Il faut enfin expliquer que la mondialisation est positive si on s’y prend bien. La mondialisation a toujours donné un levier extraordinaire aux authentiques talents ; les exemples de succès français abondent dans tous les domaines que ce soit médical, sportif, artistique, littéraire ou entrepreneurial. Il ne faut donc pas la craindre (bien au contraire !), il faut simplement s’y préparer et l’aborder en confiance et en étant prêts à donner le meilleur de soi même.

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La richesse, facteur de progrès – Chronique aux Échos

10 Déc

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Howard Hughes créa la TWA avec l’idée (complètement folle à l’époque !) de mettre le transport aérien à la disposition de tous ; Jeff Bezos, en ce moment, rêve de créer un marché des voyages dans l’espace avec ses fusées à lanceur récupérable.

Une analyse superficielle (et malheureusement partagée par beaucoup) consiste à dire que ces milliardaires ne savent pas quoi faire de leur argent. Il est de bon ton d’affirmer que c’est choquant de le dépenser de cette manière à une époque où la pauvreté est visible partout. Sauf que… si l’on prend un tout petit peu de recul, bien des grandes inventions qui ont amélioré la vie au quotidien sont venues de gens qui avaient, certes, des moyens mais, surtout, de l’imagination et de l’audace. A tel point que beaucoup d’entre eux, comme Howard Hughes d’ailleurs, après avoir compté parmi les hommes les plus riches du monde, ont fini complètement ruinés.

Voilà qui devrait modifier notre regard sur l’investissement et sur la richesse, surtout dans les pays comme la France où les gens ont peur de risquer leur propre argent, même dans des actions. Les grandes inventions, celles qui ont créé le plus d’emploi, ont été le fruit de grandes prises de risques. C’est le rôle et la dignité des entrepreneurs de les prendre sur eux en soulageant par là même leurs compatriotes de l’inconnu ; osons le dire, la richesse mise ainsi en risque est un service rendu à l’humanité.

Aussi, le jour où chacun de nous  (qu’il travaille dans la sphère privée ou dans la sphère publique) reconnaîtra que l’activité de l’entrepreneur a une dimension bienfaitrice, que le capital n’est pas l’ennemi mais peut être facteur de progrès, les choses auront une petite chance d’aller un peu mieux.
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Solidarité exigeante – Chronique aux Echos

3 Déc
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Au début des années 2000, la situation économique en Allemagne était aussi difficile que la nôtre aujourd’hui, à cause des dépenses et de l’endettement publics entraînés par le rapprochement avec l’Est. Les employeurs et les syndicats allemands, conscients de la difficulté, se sont mis d’accord sur un double changement de paradigme. D’abord, ils ont appuyé l’idée que le déficit budgétaire était insupportable et l’endettement dangereux (il était à environ 70 % du PIB, c’est-à-dire bien moins élevé que le nôtre !). On ne peut dépenser durablement plus que l’on gagne ! Ils ont annoncé que le modèle social allemand était en danger, car financièrement insoutenable.

Fut alors inventé le concept de solidarité exigeante : la solidarité est le fondement de la société, il n’est pas question de l’abandonner, mais, dans les moments difficiles, chaque droit crée un devoir en retour. Ceux qui avaient la chance d’avoir un travail ont accepté plus de flexibilité quand cela était demandé ; ceux qui étaient en situation d’assistance ont accepté de modifier leur comportement en faisant le maximum pour éviter de peser sur les finances publiques. Cela voulait dire, en termes pratiques, accepter pour leur nouvel emploi des positions éventuellement inférieures à ce qu’ils pouvaient normalement espérer. Cela voulait aussi dire accepter des emplois à temps partiel. C’est la raison de l’extraordinaire succès de ce que l’on a appelé les « minijobs » : rappelons qu’il y en a aujourd’hui 9 millions et que 3 millions de personnes ont deux emplois.

L’adoption de l’idée de solidarité exigeante a fait chuter le chômage. Elle a permis d’améliorer les comptes publics, car la différence entre un chômage à 5 % et un chômage à 10 % (auquel viennent s’ajouter 2,5 millions de personnes au RSA) est une somme largement supérieure à 50 milliards d’euros. La crise n’est-elle pas une occasion unique de remettre en cause certaines dispositions de notre marché du travail, qui freine l’économie et met, à terme, toute notre collectivité en danger ?
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