C’est bien de se poser des questions, c’est comme cela que le monde avance. Des questions sur l’économie de marché et sa capacité à contribuer à l’intérêt général. Rares sont ceux qui contestaient, il y a dix ans, qu’elle avait rendu un grand service à l’humanité en faisant sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté. Sentiment renforcé, au moment de la chute du mur de Berlin, qui marquait la fin de l’expérience désastreuse de l’économie administrée. Les choses ont changé, au vu des difficultés des classes moyennes dans les pays développés, avec la prise de conscience que l’on tire trop sur les ressources naturelles ; d’où les discussions autour des concepts de raison d’être et d’entreprise à mission.
Chaque erreur permettant de progresser vers la vérité, il n’est pas inutile de revenir à l’acte qui fonde l’économie de marché : la vente. Quand les clients sont satisfaits et confiants, l’entreprise trouve naturellement sa raison d’être : rendre un service concret, à un client bien identifié, dans un domaine précis. Pourquoi, grands dieux, aller chercher plus loin ?
Certes, il revient aux autorités de veiller à ce que les cas de monopole et monopsone (un acheteur puissant épuise ses fournisseurs à coups de baisses de prix) ne perdurent pas. Avec la mondialisation, la concurrence est devenue la règle ! Concurrence – le mot est lâché – qui a mauvaise cote. Elle a pourtant un rôle de contrôleur : quand les profits sont trop élevés, ils l’attirent et elle fait baisser les prix. Elle est aussi générosité active en forçant le partage des gains de productivité entre actionnaires et clients. Exigeante, elle contraint chacun à l’amélioration et au qui-vive. Facteur d’égalité enfin, elle remet en cause les situations établies. La concurrence est l’expression de la liberté dans la sphère économique ; la fidélité, le signe que le bien commun a été atteint.
Comportement responsable
Mais si nous tenons à notre faculté de changer de fournisseur quand nous sommes acheteurs, il faut accepter d’être flexibles quand, dans notre activité professionnelle, on est soi-même en position de producteur. Beaucoup ne jurent que par les produits « low cost » d’Asie sans comprendre qu’ils vident des usines et forcent des voisins à changer d’activité. Les classes moyennes souffrent moins de la mondialisation ou de l’économie de marché que de n’avoir pas su mesurer les conséquences des actes posés.
Lutter farouchement contre la pollution… Evidemment ! Bâtir une stratégie d’économies des ressources non renouvelables… Ca ne se discute pas ! Mais se lancer dans l’aventure de l’entreprise à mission va-t-il vraiment améliorer l’économie ? N’est-il pas plus efficace de s’assurer que la concurrence reste saine et que chacun de nous veille à se comporter de façon responsable quand il est acheteur, et se soucie de ses clients quand il est fournisseur. L’économie de marché n’est après tout pas si mal faite, c’est sans doute pour cela qu’elle dure depuis si longtemps.
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