Conversation avec ma pharmacienne – Chronique aux Echos

17 Nov

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De­vant moi, la se­maine der­nière, une per­sonne de­man­dait une consul­ta­tion à ma phar­ma­cienne, la pre­nant pour un mé­de­cin. Celle-ci lui ré­pon­dait po­li­ment, tout en s’im­pa­tien­tant au vu de la queue des clients, qui gran­dis­sait. La per­sonne lui dit : « N’ayez pas peur, je vais vous payer ! » en ten­dant sa carte Vi­tale qu’elle pre­nait pour une carte de cré­dit. Mon tour ar­rive, la phar­ma­cienne me montre des sacs de mé­di­ca­ments ran­gés dans un coin.

« Re­gar­dez ce qu’on vient de me dé­po­ser, ils sont à peine en­ta­més, il y en a pour des mil­liers d’eu­ros. Avec la carte Vi­tale, les gens ont per­du toute no­tion du coût de la santé. Les dé­fi­cits qui re­montent, est-ce que ça ne vient pas, en par­tie, de là ? ». Elle sort un an­cien Vi­dal. « Les prix des block­bus­ters (Zo­kor, Aug­men­tin, Pla­vix) ont été di­vi­sés par trois sur dix ans, les gé­né­riques par deux en cinq ans, un gain énorme pour la Sé­cu­ri­té so­ciale… comment peut-elle être en perte ? On ac­cuse les phar­ma­ciens, c’est in­juste et stu­pide. Il y a sû­re­ment du tra­fic avec les pays où les mé­di­ca­ments sont plus chers. La per­sonne qui est sortie en râ­lant quand vous êtes en­tré, sa carte lui avait été prê­tée. J’ai vou­lu vé­ri­fier, elle ne se sou­ve­nait plus de son pré­nom ! J’ai re­fu­sé de la ser­vir. » « Le tiers payant, c’est une fo­lie, les gens doivent sa­voir qu’une consul­ta­tion don­née par un mé­de­cin a un coût – je viens bien de payer 300 eu­ros au ser­ru­rier qui m’a ou­vert une porte dont j’avais per­du la clef. »

« Pro­té­ger les gens, soit, il faut aus­si dire que la si­tua­tion fi­nan­cière du pays est ca­tas­tro­phique et que tous doivent faire des ef­forts.

Les Al­le­mands, en 2004, ont fait payer les 25 pre­miers eu­ros de mé­di­ca­ments et ex­pli­qué qu’il était du de­voir de cha­cun de ne pas cher­cher sys­té­ma­ti­que­ment toutes les aides.

On est consom­ma­teur, mais aus­si ci­toyen.

Ce ne sont ni les contrôles, ni les sanc­tions qui mar­che­ront. Sans ap­pel à la res­pon­sa­bi­li­té per­son­nelle, on ne s’en ti­re­ra pas ! »