
L’assurance chômage pour les indépendants est un pas dans la bonne direction qui devrait être l’amorce d’une dynamique plus générale
L’élargissement de l’accès à l’assurance chômage aux indépendants, décidé récemment par le gouvernement est une excellente idée. Les mesures complémentaires prises pour faciliter la protection du patrimoine personnel également. Voilà donc des pas encourageants qui pourraient être l’amorce d’une dynamique plus générale.
L’importance des entreprises
Une nouvelle entreprise est un actif précieux pour un pays comme pour son État (les géants d’Internet avaient il y a 20 ans moins de dix employés), mais elle est fragile comme un jeune enfant. Tout le monde devrait savoir que les deux tiers d’entre elles mettent la clé sous la porte dans les cinq ans qui suivent le démarrage, soit parce que leur projet de départ n’était pas bon, soit parce qu’elles ont été empêchées par toutes sortes de contraintes.
Dès qu’une entreprise démarre, elle est l’objet de nombreuses sollicitations : les impôts, la sécurité sociale et d’autres autres organismes publics. C’est tout à fait légitime (et nécessaire) que ces services fassent leur travail, mais il n’empêche que les journaux sont plein d’histoires ubuesques, autant de preuves qu’il y a des progrès à faire.
Une meilleure relation entre la fonction publique et les indépendants
La fonction publique regorge de personnes compétentes et dévouées. C’est en général le système qui mérite les reproches et qui demande à être simplifié.
À ce propos, chaque politique et chaque fonctionnaire devrait lire et relire les dernières pages du rapport Armand-Rueff qui a 60 ans et pas une ride. Il est connu pour les grands axes stratégiques conseillés dans le domaine économique de l’époque, mais la partie la plus intéressante est celle qui concerne le discours adressé au personnel administratif.
Le rapport encourage à garder les systèmes aussi simples que possible quitte à donner davantage de responsabilités dans l’application des textes au personnel de terrain mieux à même de juger les situations. Il recommande fermement de personnaliser les relations avec l’usager, rappelant que la sphère publique est un service rendu au pays et à chacun de ses citoyens. La meilleure façon d’humaniser l’administration est de la personnifier par les traits d’une personne.
Prendre soin des indépendants
En cette période de concurrence mondiale, l’ensemble de nos concitoyens devrait comprendre que c’est surtout la dynamique des entreprises qui va créer la prospérité du pays, assurer l’emploi ainsi que le règlement des impôts et des charges sociales.
La prospérité dépendra bien sûr de la justesse des grandes politiques, mais aussi et peut-être surtout de la qualité des relations quotidiennes de nos trois millions d’entreprises avec les collaborateurs des sphères publiques et sociales.
C’est ce troisième facteur (allié au capital et au travail), ce petit miracle qui crée la bonne ambiance, qui, comme le rappelait Alain Peyrefitte dans ses livres sur la confiance, est le facteur déterminant du succès d’une économie.
Internet devrait permettre de gigantesques économies de coût de fonctionnement comme ça a été le cas dans les services privés (banques et assurances). Encore faut-il que le résultat ne soit pas une dépersonnalisation accrue des relations avec le terrifiant noreply.
Avec le numérique les choses évoluent en ce moment à toute vitesse, les opportunités d’amélioration, mais aussi les dangers de figer les choses, surabondent : la qualité des relations interpersonnelles sur le terrain et l’énergie qui sera mise à la fluidité des relations entre les sphères publiques et entreprises jeunes et anciennes est peut-être ce qui fera la différence.
Xavier Fontanet
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