Un grand quotidien a expliqué la semaine dernière dans ses colonnes que, sur les 50 start-up démarrées au sein d’une des ruches parisiennes les plus fécondes, 45 avaient quitté la France pour le Royaume-Uni. La raison ? L’absence de capital-risque en France. Cette information n’a pas valeur de statistique, mais révèle le fléau que représente l’exil des talents.
C’est très bien de pousser la création d’entreprises, encore faut-il que celles-ci ne partent pas ! Nul pays ne peut en effet prospérer si 90 % des jeunes pousses sont transplantées sur un sol étranger. Le gros de la création de valeur n’est pas dans l’invention d’un produit mais dans son exploitation sur sa durée de vie.
On récolte à vrai dire ce qu’on a semé : quand on proclame que la finance est l’ennemi à combattre et que la fiscalité sur le capital qui résulte de cette vision est le double de ce qu’on trouve chez les voisins, il ne faut pas s’étonner que celui-ci parte. Disons les choses : l’ISF le fait fuir, et la fiscalité sur les plus-values fige ce qui en reste. Quelle que soit la qualité du travail de bpifrance, ses capitaux constituent à peine 1,5 % du total investi en France. Son impact réel ne peut être que dans cet ordre de grandeur : le capital public ne peut pas remplacer le capital privé.
Tous les financiers ne sont pas parfaits, mais, en grande majorité, ils sont honnêtes et assument leur fonction, qui est la prise de risque. Le capital est partie prenante de l’entreprise. Celle-ci étant en concurrence mondiale, on ne peut pas avoir une fiscalité différente de celle de ses voisins sans risquer de la perdre.
La présence française au Consumer Electronics Show de Las Vegas est une nouvelle preuve de la créativité de nos entreprises ; il serait dommage que ce soit du capital-risque américain qui les finance. Souhaitons que, en 2016, le ministre de l’Economie et celui des Finances accordent donc un peu mieux leurs violons. Alors les start-up resteront sur notre sol et il y aura une petite chance que les choses aillent mieux !
En savoir plus sur www.lesechos.fr
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.