Les choix d’hier se paient aujourd’hui. Chronique aux Echos

28 Jan

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Les « gilets jaunes » disent tout haut ce que les Français pensent tout bas : le pouvoir d’achat chute ou stagne depuis dix ans à cause de la montée des prélèvements de toute sorte. La publication des comptes de l’Etat confirme année après année la croissance continue des dépenses publiques, en particulier celle des frais liés aux retraites, qui représentent à eux seuls 15 % du PIB.Dans une chronique récente, j’avais expliqué que le prélèvement lié au financement de la retraite, sur les feuilles de paie françaises, est de 27 %, alors qu’en Nouvelle-Zélande il est de 6 %. Cette différence n’est pas due au fait que les Néo-Zélandais ont de petites retraites, c’est parce qu’ils effectuent environ 45 ans de carrière et 45 heures par semaine, alors que nous tendons plutôt vers les 35/35. Se rajoute le mode de financement par capitalisation infiniment moins chère que la répartition. Si on tient coûte que coûte à la répartition, il n’y a pas de solution autre que de travailler plus longtemps pour réduire les dépenses et augmenter les recettes. Partir à la retraite à 67-68 ans, c’est ce que pratiquent ou envisagent nos collègues européens. Pensons aussi à la compétitivité des entreprises. Imaginez une activité où les salaires représentent 65 % du prix de revient. Le produit néo-zélandais sera 14 % moins cher que son concurrent français. Face à un client chinois, qui gagnera ? Dans un système de répartition, la compétitivité d’aujourd’hui conditionne l’emploi de demain et la retraite d’après-demain. Les choix politiques (retraite à 60 ans, 35 heures pour plus de temps libre), cela pouvait sembler « sympa » à l’époque où ils ont été pris, sauf que la durée de vie va encore augmenter et la concurrence mondiale se faire encore plus vive. Le déséquilibre financier ne peut que s’aggraver et fragiliser les entreprises. Le déclic, c’est quand on comprendra sur les ronds-points (et pas uniquement !) que pour augmenter ce qui reste en bas de la feuille de paie, et pour garder une retraite digne, il faut travailler plus longtemps !