Les deux maux de nos retraites – Chronique aux Echos

11 Jan

Quels sont les taux de cotisation à la retraite (employé plus employeur) en pourcentage du salaire mensuel moyen en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France ?

La réponse est effarante : respectivement 6 %, 12 %, 18 % et… 27 %. Comment peut-on en arriver à des écarts de plus de un à quatre sur ce qui est la plus grosse dépense d’un pays ? En regardant ce que font les autres nations, on comprend tout de suite, car c’est très simple.

Premier facteur, la technologie : répartition ou capitalisation. La capitalisation fait peur à ceux qui ne connaissent pas la Bourse ; c’est dommage, car elle fait fructifier les économies : depuis 1983 (date de la retraite à 60 ans introduite par le président Mitterrand), la Bourse française a été multipliée par 8 et le Dow Jones par 14. La capitalisation coûte beaucoup moins cher que la répartition, puisqu’elle s’appuie sur la croissance de la Bourse. La Nouvelle-Zélande est 100 % capitalisation, la France 100 % répartition ; Pays-Bas et Allemagne mixent les deux.

Deuxième facteur : la durée du travail (mesure plus pertinente que l’âge de départ à la retraite). La Nouvelle-Zélande est championne, avec une durée de plus de 40 ans, comme la Suède ; la France est à l’autre bout de l’échelle avec 35 ans ; les Pays-Bas sont à 40 ans, l’Allemagne à 38. Pour le mix entre répartition et capitalisation, comme pour la durée de travail : la France et Nouvelle-Zélande sont aux antipodes.

Résultat, les dépenses de retraite représentent 6 % du PIB en Nouvelle-Zélande et 13 % en France. La différence c’est, pour la France, 160 milliards d’euros, un chiffre intenable sur la durée. La Bourse fait peur aux Français, on ne s’en tirera qu’en retardant l’âge de départ. La Constitution devrait interdire la pratique des promesses électorales et cantonner le débat aux principes politiques ; on ne tiendra pas rigueur à notre président s’il revient sur son engagement de campagne de ne pas toucher à l’âge de départ, car il y va de la compétitivité de nos entreprises exposées à la concurrence mondiale et de notre prospérité à tous.

Plus d’articles sur le site lesechos.fr