Solidarité exigeante – chronique aux Echos

22 Juin

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De nombreux entrepreneurs repoussent actuellement des chantierscar ils n’arrivent pas à recruter. On nous explique que c’est un problème « d’adéquation de l’offre à la demande », il n’empêche qu’ils s’entendent souvent dire : « Je veux bien retravailler mais il faut que j’y gagne par rapport au chômage ! » Ou encore : « d’accord mais j’attends la fin de mes indemnités ! »

La solidarité c’est le fondement de notre société, elle est donc sacrée mais, pour qu’elle soit durable, il faut qu’elle suscite des comportements responsables.

D’un point de vue plus général, il ne faut pas non plus qu’elle pénalise le coût des entreprises, en concurrence avec leurs collègues étrangères. Avec 32 % de part de PIB consacrés à la sphère sociale, nous sommes au top mondial en termes de coûts pour un service rendu inférieur à ce qu’on trouve dans des pays comme l’Allemagne ou cette part est de 24 %. Ce surcoût explique en partie les déficits commerciaux (l’Allemagne a une balance commerciale excédentaire de 8 % du PIB, celle de la France est déficitaire de 1,7 %). Le potentiel des entreprises, c’est-à-dire la base sur laquelle s’appuient les cotisations, s’en trouve mécaniquement réduit !

Fiscalité au taquet, Etat aux limites de l’endettement, entreprises fragilisées… Il faut baisser ces dépenses. pour bien le faire, une prise de conscience s’impose. Chacun doit comprendre : un, qu’il n’y a plus de sou ; deux, que l’argent ne tombe pas du ciel ; trois, qu’en face de chaque droit il faut mettre un devoir !

Plutôt que proclamer « la France fait le choix d’un chômage bien rémunéré ! », il faut dire « mieux vaux un job pas tout à fait satisfaisant que l’horreur d’un chômage même bien payé à la maison ».

La situation ne sera pas idéale, mais au moins les gens seront socialisés. Pas question de remettre en cause le principe de solidarité, mais en ces temps difficiles elle doit faire appel au sens de la responsabilité de chacun et, osons le dire, contenir une dose certaine d’exigence.