Autopsie d’une dérive – Chronique aux Echos

18 Avr

C’est le mois des AG pour les entreprises, mais aussi la période ou les grands instituts sortent les performances des pays ! Nous rétrogradons de la 5e à la 7e place mondiale en termes de PIB… pas surprenant, nous détenons le record du monde des dépenses des administrations publiques en pourcentage du PIB, et on a rarement vu un jockey obèse gagner le Prix de l’Arc de triomphe ! Se comparer à plus petit que soi fait sourire certains, mais quand les écarts sont instructifs, il faut le faire. Le PIB par tête de la Suisse est au haut des classements, elle affiche des comptes publics et extérieurs florissants et sa dette publique passe sous les 30 %. A la mort de Pompidou, la France avait exactement les mêmes caractéristiques qu’elle ! Comment avons-nous pu dériver à ce point ?

La France n’a pas voulu de la réforme régionale présentée par de Gaulle, une sphère publique décentralisée comme en Suisse où la concurrence entre les cantons pour attirer les entreprises permet un contrôle naturel des coûts. Avec la retraite par répartition à 60 ans la France fait encore le contraire des Suisses, qui ont opté pour une retraite à base de capitalisation ; choix somptueux quand on sait que la Bourse a été multipliée par vingt en trente ans, ce qui permet à même prestation des cotisations deux fois moindres. Alors que les Suisses ont gardé leur droit du travail à 40 pages, le nôtre est monté à 4.000. Nous avons cru limiter le chômage avec les 35 heures, eux ont refusé par référendum l’augmentation des vacances à cinq semaines. Seule notre santé est compétitive par rapport à la leur.

Les choses sont simples : l’empilement des couches régionales et leur gestion jacobine, c’est un surcoût de 5 % du PIB. La retraite par répartition, c’est 300 milliards d’euros de cotisations, 14 % du PIB et un surcoût de 7 %. La Suisse n’a pas de chômage, le coût de notre chômage structurel (tout bien pesé), c’est encore 4 %. Arrondissons le total à 15 %, cela donne une idée du fossé à combler dans les quinze ans qui viennent si nous voulons recoller au peloton de tête.