On ne relocalise pas en claquant des doigts – Chronique aux Echos

22 Mai

À l’occasion de cette crise, on redécouvre les bienfaits de l’industrie et on réclame des relocalisations. Mais celles-ci ne se décrètent pas. C’est le client, in fine, qui décide rappelle Xavier Fontanet. D’où la nécessité d’aligner nos charges-trop lourdes- sur celles de nos voisins.

 

Après avoir rêvé d’un pays sans usine reposant sur la recherche le tourisme et la culture, on est en train de se rendre compte que l’industrie est source de prospérité pour les pays comme les nôtres.

On parle donc de relocalisation, très belle idée. Mais ce n’est pas en claquant les doigts que les usines vont soudainement repeupler les territoires

Il faut rappeler d’abord que ce n’est pas le patron qui délocalise mais le client. Les entreprises se relocalisent là où sont leurs concurrents tout simplement pour… survivre. Si on cherche un responsable c’est le client

Il y a le cas des métiers très simples dont les équipements sont facilement achetables sur le marché mondial. Ils se localisent dans les pays lointains à main-d’oeuvre peu formée et pas chère. C’est la moitié des cas. Mais il y a aussi un autre cas très répandu, celui de la localisation des usines dans les pays voisins où les salaires sont proches mais les impôts et charges plus faibles.

En France, ou La sphère publique représente 57 % du PIB, un producteur ayant un coût hors taxe de 100 € verra son coût complet monter à 232, le même produit sortira à 178 dans un pays où elle est à 44 %. L’écart est donc de 30 % écart mortel qui est la deuxième cause de délocalisation

D’un côté c’est la banalisation de la technologie, de l’autre l’enflure de l’Etat, quand le jockey pèse plus lourd que le cheval, on ne gagne pas le Grand Prix

Dans le premier cas la relocalisation est possible. Il y a d’ailleurs des facteurs favorables comme la personnalisation qui modifie les chaînes logistiques calées sur du prêt à porter, le fait que les salaires dans les pays lointains montent et l’arrivée des robots et imprimantes 3D. Mais il ne faut pas se bercer d’illusion : la relocalisation supposera beaucoup de capital et aussi beaucoup de formation permanente pour le personnel.

Dans le deuxième cas les sphères publiques (régalienne, sociale régionale) devront chacune adopter un régime jockey

Soyons concrets la relocalisation ne se fera vraiment que si l’Etat français aligne ses taxes sur la production et les salaires sur le niveau de ses voisins européens. Sinon dans un monde plus difficile avec le coronavirus les fermetures d’usines dans beaucoup de secteurs vont s’amplifier.

 

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