« Capitalisation » ne doit plus être un gros mot Chronique aux Echos

17 Jan

 

Il est des mots qu’on ne peut utiliser sans se faire agonir aussi bien dans le domaine sociétal que dans le domaine économique : capitalisation en est un, si on en juge parles débats autour de BlackRock.Ce blocage stupide empêche d’adresser les vrais sujets et d’y réfléchir posément. Dès qu’on creuse un tant soit peu, on constate que les fonds de pension assurant la retraite de leur souscripteur par un mécanisme de capitalisation pèsent aujourd’hui 36.000 milliards de dollars, soit à peu près 50 % de la capitalisation mondiale totale. Autrement dit, la moitié des marchés financiers travaille pour les retraités, ce qui est loin d’être idiot si la Bourse croît plus vite que l’économie. A 100.000 euros le compte, ça fait 360 millions de clients ! Dans quels pays se trouvent toutes ces personnes qui utilisent la capitalisation pour leur retraite ? Pas très difficile de les localiser, il suffit de consulter les classements des meilleurs systèmes de retraite : en tête les Pays- Bas, l’Australie et la majorité des pays nordiques (dont le système social, rappelons-le, nous a été toujours donné en modèle). On constate que tous ont des parts importantes et croissantes de capitalisation. Quant à nous Français, nous sommes en 28e place dans le classement Mercer, performance médiocre quand on sait que nous sommes, et de loin, le pays qui consacre la plus grosse part de son PIB à la retraite (14 %). Avec cette détestation de la capitalisation, ne sommes-nous pas en train de faire fausse route et nous ruiner avec notre concentration à 94 % sur la répartition. Il y a des règles universelles et éternelles : d’abord, il vaut mieux avoir deux cordes plutôt qu’une à son arc ; ensuite, quand on est seul à prendre un chemin, il faut avoir la sagesse de se demander pourquoi les autres ne l’empruntent pas. Deux bonnes raisons pour arrêter les anathèmes et réfléchir à l’idée de mettre une dose de capitalisation dans notre système, même si le mot hérisse le poil de certains.

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