La société de confiance – Chronique aux Echos

6 Déc

Il y a vingt-cinq ans, Alain Peyrefitte écrivain et homme politique nous quittait. Dans « Le Mal français », il expliquait, après quarante ans de vie politique, combien la France était difficile à gouverner. Alain Peyrefitte a eu la chance d’échanger avec le général de Gaulle, en tête à tête, quotidiennement pendant plus de dix ans. « C’était de Gaulle » restitua les réactions du grand homme aux événements de l’époque. Tout le monde connaît « Quand la Chine s’éveillera », fulgurante anticipation qui permit à la France d’être le premier pays à reconnaître les potentialités de ce pays continent.

La partie peut-être la plus intéressante de son oeuvre est la réflexion qu’il a entreprise, une fois à la retraite. Il s’est alors plongé dans l’économie en cherchant à percer le mystère du développement : quelles sont les conditions qui font que les économies décollent ? Il a mis en évidence le « tiers facteur » qui n’est ni le capital ni le travail mais… le climat de confiance !

Dès qu’on arrive à installer un climat de confiance, les pays se mettent à tourner. Trois ingrédients dans cette recette miraculeuse : il faut d’abord que les gens aient confiance en eux, difficile équilibre entre modestie excessive et arrogance qui fait que quelqu’un s’épanouit ; il faut ensuite qu’ils aient confiance les uns dans les autres (rien ne vous fait autant de bien que de savoir qu’on a confiance en vous !). Mais ça ne suffit pas, surtout dans le cas des Français, encore faut-il avoir confiance dans la stratégie ! C’est ce que Napoléon avait très bien compris en allant sur le terrain expliquer lui-même aux grognards, la veille de la bataille, la stratégie du lendemain.

 

Ces recettes sont concentrées dans un dernier ouvrage « La Société de confiance ». En ces temps où les Français doutent et se méfient de tout, alors qu’ils sont talentueux et pourraient faire des merveilles, il faut impérativement lire, méditer et discuter ce bijou, un des plus beaux legs des périodes gaullienne et pompidolienne. L’idée la plus fine, en hommage à ce grand homme, consisterait à éditer « La Société de confiance » dans un format qui permettrait de le vendre à 7 euros et, osons l’idée, l’introduire dans les cours d’économie de terminale.

 

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