Des chiffres et des faits Chronique aux Echos

2 Oct

Les Français aiment les idées, pas les chiffres. Eh bien arrêtons-nous sur ceux du commerce extérieur, qui viennent de sortir. Côté marchandises, ils sont négatifs : -50 milliards d’euros. Normal, notre terreau n’est pas favorable aux producteurs. Comment voulez-vous faire avec une sphère publique à 57 % du PIB, dont les coûts rentrent dans les prix de revient, quand celle de notre voisin et principal concurrent, l’Allemagne, est à 43 % ?

Dans le domaine des services, c’est mieux, un excédent de 25 milliards. C’est le dynamisme de la profession qui booste le tourisme, bien aidé par le capital historique accumulé par nos ancêtres depuis des siècles.

Là où les choses deviennent intéressantes, c’est avec le niveau des dividendes versés au siège par les filiales étrangères de nos affaires françaises : +25 milliards. Le mot dividende hérisse le poil de nos compatriotes, sauf que dans ce cas il s’agit de dividendes internes aux groupes, qui servent à financer la recherche et les effectifs des sièges ici en France.

Au total le système est en équilibre, une performance dont on ne parle pas assez. Il faut expliquer à nos compatriotes qu’en montant des usines à l’étranger, ce qui leur est souvent reproché, les chefs d’entreprise ne font rien d’autre que défendre leurs entreprises, leurs clients, leurs employés et leurs actionnaires. Ajoutons que grâce à ce mouvement notre système industriel est peut-être, par son assise décentralisée, en train de devenir plus résilient que d’autres modèles fondés sur l’exportation. Ça permettra de résister aux guerres commerciales qui s’annoncent. On peut, au passage, donner un grand coup de chapeau à nos expatriés et à leurs familles qui ont contribué à créer et à faire vivre un réseau dont l’efficacité est en train de faire ses preuves. On fustige les dividendes et les délocalisations par manque de compréhension de l’économie. On devrait plutôt féliciter le bon petit cheval « entreprise française » qui ne s’en tire pas si mal alors qu’il porte un jockey bien trop lourd, et expliquer à nos gouvernants qu’avec des dépenses publiques dans la moyenne européenne, nos entreprises feraient un véritable tabac !

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