Sans vouloir jeter la pierre, le plan pour les banlieues n’a pas généré l’enthousiasme que le sujet mérite. Il manquait de projets concrets capables de mobiliser l’énergie. Il y a pourtant, à l’étranger, des idées qui ont fait leurs preuves et qu’il suffit de reprendre. Par exemple, en Indonésie, où se produit une transformation stupéfiante de la distribution du frais dans les grandes villes, menée par une des plus brillantes licornes mondiales, Go-Jek. Tout a débuté en 2010. Son fondateur, Nadiem Makarim, a voulu donner une couverture sociale et un statut d’entrepreneur à une poignée de jeunes de Jakarta. Ceux-ci étaient employés dans des conditions très dures (un euphémisme !) par des propriétaires détenant les parcs de motos. Le coup de génie fut d’anticiper la révolution qu’Internet allait provoquer dans le transport des personnes, bien sûr, mais aussi dans la restauration.
La restauration hors foyer (publique et collective) assure aujourd’hui 50 % des repas. Il n’est pas difficile de prévoir que, avec les embouteillages, les courses de nourriture fraîche alimentant les autres 50 % vont devenir plus difficiles. La livraison de repas avec des deux-roues (adaptés à cette fonction et à l’encombrement des rues) va prendre une part significative de ce gigantesque marché.
L’entreprise, dont la plate-forme numérique n’a rien à envier à celle d’Uber, emploie sur Jakarta 350.000 livreurs-entrepreneurs et 70.000 cuisiniers. Elle représente de 10 % à 20 % des repas hors domicile.
Jakarta est plus grande que Paris, mais il est évident que faire venir Go-Jek en France aura un impact plus important que tout le plan banlieue. Cela suppose des évolutions législatives permettant l’utilisation des deux-roues, mais ne coûtera pas un centime d’argent public. On aura alors démontré (une fois de plus !) que mieux vaut un bon projet qui attire naturellement les capitaux que déverser de l’argent (fût-il d’Etat) sur des propositions vagues et mal définies.