Leçons de Suisse – Chronique aux Echos

27 Avr

Devant un parterre d’entrepreneurs genevois qui l’avaient invité, un magistrat, Pierre Maudet, reconnaissait récemment que « l’Etat doit faire les mêmes efforts que ceux consentis par les PME en cette période ». Peu de temps après, le député Stéphane Florey, de l’UDC (Union démocratique du centre), déposait un projet de loi pour augmenter le temps de travail des fonctionnaires. « Passer de 40 à 42 heures par semaine, ce n’est après tout que 24 minutes par jour ; cet effort, conjugué au non-remplacement des départs à la retraite, permettra de réaliser des économies importantes sans porter atteinte au pouvoir d’achat des fonctionnaires. »

Ces propos sont tenus en Suisse, où on fonctionne différemment. L’Etat fédéral ne s’occupe que de défense et d’affaires étrangères, le gros des effectifs de la sphère publique étant décentralisé au niveau des cantons ; ces derniers lèvent l’impôt, gèrent les fonctionnaires et les paient. Ils se font une concurrence intense pour attirer les entreprises. L’Etat fédéral ne comblant pas les déficits, les politiques savent que pour être réélu il faut présenter des comptes en ordre et les fonctionnaires oeuvrent dans ce sens.

La concurrence entre cantons a permis

de contenir les coûts de la sphère publique et sociale à 40 % du PIB (57 % chez nous). Portant des charges bien plus faibles que les nôtres, les entreprises sont florissantes et le taux de chômage négatif, si on tient compte des frontaliers français qu’elles font travailler ! Pour couronner le tout, le PIB par tête est le double du nôtre alors qu’il était le même il y a quarante ans. En 1969, les Français ont dit non au référendum sur la décentralisation de l’Etat régalien proposé par de Gaulle. Ils ont préféré rajouter des couches de coût, et céder aux mirages de l’Etat providence fait croire que l’argent tombe du ciel et éloigne les citoyens des réalités économiques. Nous gagnerions à mieux étudier ce voisin, qui subit le même environnement concurrentiel que nous mais réussit à prospérer.

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