Application anti-précarité – Chronique aux Echos

20 Avr

Le statut d’autoentrepreneur, inventé par Maria Nowak et Hervé Novelli, a été la principale avancée des dernières années sur notre marché du travail. Mais il est jusqu’ici essentiellement l’affaire d’un homme ou une femme seul. Une place de marché indonésienne, Go-Jek, appuyée sur la technologie du téléphone portable, permettrait de donner un nouvel élan à ce statut.

A Djakarta, un jeune entrepreneur, Nadiem Makarim, a développé une application pour taxi moto (« ojek » en indonésien). Celle-ci connaît depuis deux ans un développement prodigieux, puisqu’elle gère 250.000 chauffeurs. Très rapidement, Go-Jek a rajouté une activité de transport de lettres et de petits colis, puis est venue l’idée de livrer des repas. S’est alors créé un réseau de 75.000 restaurants prestataires ; l’offre s’est récemment enrichie de courses de nourriture pour le compte des familles.

Devant l’ampleur du succès, Go-Jek a démarré un « portefeuille numérique » qui assure le financement des motos, facilite le paiement, réduit à néant le travail au noir, effectue la comptabilité et (lisez bien, car c’est capital !) assure la protection sociale des quelque 325.000 nouveaux autoentrepreneurs affiliés. Go-Jek est une des marques les plus fortes d’Indonésie, il contrôle sa croissance de façon à assurer une bonne rémunération à ses entrepreneurs et se déploie dans tout le pays.

Alors que Go-Jek est parti d’une idée humanitaire (réduire la précarité des « ojeks » ayant une famille à charge), il est devenu le premier employeur indonésien et vient d’accueillir à son capital de grands investisseurs anglo-saxons, KKR (l’inventeur du LMBO !) et Warburg Pincus, qui y ont investi plus d’un demi-milliard de dollars.

Le monde change et il y a plein de bonnes idées à prendre des pays en développement ! Le statut d’autoentrepreneur a créé 1 million d’entreprises en France, le relais viendra d’applications comme Go-Jek, qui peuvent très bien permettre de résoudre le problème de notre chômage, si nous savons faire évoluer intelligemment notre modèle social.

 

Lire l’article dans son contexte sur le site lesechos.fr

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