Le statut d’autoentrepreneur, inventé par Maria Nowak et Hervé Novelli, a été la principale avancée des dernières années sur notre marché du travail. Mais il est jusqu’ici essentiellement l’affaire d’un homme ou une femme seul. Une place de marché indonésienne, Go-Jek, appuyée sur la technologie du téléphone portable, permettrait de donner un nouvel élan à ce statut.
A Djakarta, un jeune entrepreneur, Nadiem Makarim, a développé une application pour taxi moto (« ojek » en indonésien). Celle-ci connaît depuis deux ans un développement prodigieux, puisqu’elle gère 250.000 chauffeurs. Très rapidement, Go-Jek a rajouté une activité de transport de lettres et de petits colis, puis est venue l’idée de livrer des repas. S’est alors créé un réseau de 75.000 restaurants prestataires ; l’offre s’est récemment enrichie de courses de nourriture pour le compte des familles.
Devant l’ampleur du succès, Go-Jek a démarré un « portefeuille numérique » qui assure le financement des motos, facilite le paiement, réduit à néant le travail au noir, effectue la comptabilité et (lisez bien, car c’est capital !) assure la protection sociale des quelque 325.000 nouveaux autoentrepreneurs affiliés. Go-Jek est une des marques les plus fortes d’Indonésie, il contrôle sa croissance de façon à assurer une bonne rémunération à ses entrepreneurs et se déploie dans tout le pays.
Alors que Go-Jek est parti d’une idée humanitaire (réduire la précarité des « ojeks » ayant une famille à charge), il est devenu le premier employeur indonésien et vient d’accueillir à son capital de grands investisseurs anglo-saxons, KKR (l’inventeur du LMBO !) et Warburg Pincus, qui y ont investi plus d’un demi-milliard de dollars.
Le monde change et il y a plein de bonnes idées à prendre des pays en développement ! Le statut d’autoentrepreneur a créé 1 million d’entreprises en France, le relais viendra d’applications comme Go-Jek, qui peuvent très bien permettre de résoudre le problème de notre chômage, si nous savons faire évoluer intelligemment notre modèle social.
Lire l’article dans son contexte sur le site lesechos.fr
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.