Article paru dans les Echos
Alcatel, Lafarge, Alstom, Technip, Dentressangle, Montupet, Faiveley : la liste des fleurons dont le siège a récemment quitté notre pays est plus longue encore que ces seuls exemples. Que nous arrive-t-il ?
La raison est très simple : la base actionnariale française s’est effondrée depuis une dizaine d’années. L’Association nationale des sociétés par actions (Ansa) démontre que c’est l’une des conséquences de la fiscalité confiscatoire sur le capital en France. Résultat, notre CAC est désormais largement possédé par des actionnaires étrangers.
Au lieu de se poser des questions sur notre attractivité de place, on accuse nos groupes d’optimisation fiscale. En réalité, les taux d’impôts consolidés ne font que refléter le fait que nous avons le taux d’IS (33 %) le plus élevé du monde.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là pour expliquer la perte de nos fleurons. On démontre facilement qu’à rémunération à long terme identique, le membre d’un comité exécutif français gagnera (après impôts) la moitié de ce que peut espérer son collègue singapourien. Comment diriger sans pouvoir récompenser ses équipes aussi bien que ses concurrents ? Là encore, le résultat est sans appel : de nombreuses directions opérationnelles quittent le pays, même si les sièges juridiques y restent encore.
Tous les pays ayant maintenant compris que les belles entreprises contribuent à la prospérité, la bataille pour les attirer à coup de baisse de l’IS ne fait que commencer. On peut facilement prévoir que le taux de l’impôt sur les sociétés descendra dans les années qui viennent à 17,5 %.
Il est urgent d’arrêter notre folie fiscale. Elle est la triple conséquence d’une préférence pour le consommateur, d’une philosophie redistributrice (qui surcharge l’entreprise ainsi que son actionnaire) et d’une sphère publique bien trop coûteuse. Si on regarde les chiffres, cette folie est mortifère pour l’économie.
Dans un monde concurrentiel, un pays ne peut caler une dépense publique au-dessus de ses voisins ; la société tout entière paye cette erreur, de l’entreprise la plus compétitive à la personne la plus pauvre, privée d’emploi faute d’une croissance suffisante. Passer de 57 à 45 % du PIB sur douze ans (-1 % par an) en baissant parallèlement les impôts est la mère de toutes les réformes.
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