Harvard vient de classer 10 Français dans les 100 meilleurs managers mondiaux, confirmant une étude menée en 2014 par le chinois Huade. Pas mal pour un pays qui pèse moins de 4 % du PIB mondial. Le monde sacre les patrons français qu’on devrait écouter un peu plus… comme Karine Charbonnier, qui vient de sortir un livre intitulé « Patrons, tenez bon ! » (Albin Michel).
A partir de mésaventures ubuesques de son entreprise, elle pose les bases conceptuelles des réformes de notre modèle social. L’embauche est devenue dangereuse pour l’entreprise. En cas de chute d’activité, l’entrepreneur, présumé coupable, peut s’attendre à toutes les punitions s’il doit licencier : « Si vous rencontrez un inspecteur du travail ou un juge syndicalisé, vous n’avez aucune chance. » Mêmes travers pour l’apprentissage : « L’entreprise souffre d’une mauvaise image dans l’Education nationale, les élèves sont détournés des filières techniques », alors que le besoin est criant.
Ses filiales anglaise et allemande lui permettent de toucher du doigt les dérives de notre paritarisme, notamment un singulier mélange des genres entre « gestion des caisses, négociation syndicale et politiques publiques ». Nos syndicats, qui trouvent dans ce système 94 % de leur financement, s’éloignent de leurs adhérents, préférant au travail de terrain dans chaque entreprise la griserie des négociations sous les dorures des palais présidentiels.
Le résultat est une explosion des charges sociales (au moins 50 % plus élevées qu’à l’étranger) qui désavantage nos entreprises et fragilise notre modèle social.
Le paritarisme a été conçu en 1945, époque où l’économie était fermée. Aujourd’hui, la concurrence est mondiale. Au vu de ce changement, chacune de nos entreprises doit être traitée non comme une vache à lait mais comme un champion en plein effort.
Serons-nous un jour assez lucides et courageux pour nous remettre en cause et changer de paradigme ? Les patrons français pourront alors donner leur pleine mesure, et tout le monde en bénéficiera.
Xavier Fontanet
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