Pour que vogue l’agriculture – chronique aux Echos

27 Oct

Dure période pour nos éleveurs qui luttent pour survivre : le surcoût de notre sphère publique par rapport à celle de l’Allemagne ou des Pays-Bas représente jusqu’à 20 % de leur prix de revient complet : quoi qu’ils fassent, cet écart les plombe. S’y ajoute un retard dans la méthanisation, résultat du travail de sape des écologistes. Difficile, enfin, de se différencier, car les normes (qui ont certes permis le marché unique et l’émergence de leaders mondiaux tel Airbus), sont devenues, par leur excès de détail, des machines à transformer tout produit en commodité. Ceci étant dit, la France a une image exceptionnelle en matière de nourriture, grâce au travail de nos grands chefs : il y a là un atout à saisir. Les coûts de transport par mer Brest-Shanghai ne sont pas plus élevés que ceux de Brest-Marseille par voie de terre : les produits d’excellence vont désormais au bout du monde. Les opportunités ne manquent pas.

Les Français ont inventé le modèle des grands crus vinicoles. En jouant sur le sol, les cépages et les process, ils ont su créer un métier mondial et rentable. L’élevage a, lui aussi, ces trois dimensions : la race , l’aliment et le mode d’élevage ; en s’inspirant des viticulteurs, une stratégie de différenciation est possible. La profession peut s’organiser (du producteur au transformateur), désigner des chefs de produit, créer à l’occasion du Salon de l’agriculture de 2017 un concours de grandes appellations pour les différents types de viande, à l’instar des grands crus du Bordelais…

Une remarque, cependant : quelle que soit la qualité de ses voiles et l’excellence de son barreur, un voilier ne gagnera pas la régate s’il est trop chargé et si sa coque est couverte de berniques ; tout est encore possible, mais nos agriculteurs ne s’en tireront que lorsquela sphère publique aura drastiquement réduit ses coûts.
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