La violence de l’ISF – chronique aux Echos

22 Sep

L’ISF est populaire, 71 % de nos concitoyens se prononcent encore aujourd’hui contre sa suppression. Une action amenant toujours une réaction en sens inverse, le pays s’est, en fin de compte, tiré une balle dans le pied. Quelque 300.000 personnes (1 % des ménages ) assurent 33 % de l’IR et 100 % de l’ISF, c’est dire leur poids dans les recettes publiques. En majorité, ce sont des entrepreneurs. Selon New World Wealth, 43.000 auraient quitté notre pays depuis quatorze ans, avec leur famille ; cette saignée, de probablement 500 milliards d’euros (soit 10 fois les capitaux de notre BPI), explique en partie pourquoi notre PIB marchand ne croît plus.

L’exil est le résultat d’une violence faite à des gens qui ont pourtant créé richesse et emplois. Ils se sentent punis et pensent que leur avenir n’est plus ici. Tout cela rappelle la révocation de l’édit de Nantes. On a oublié qu’à l’époque, le PIB de la France était à peu près celui de l’Allemagne, de l’Angleterre, des Pays-Bas et des Etats-Unis réunis. Le départ de 200.000 huguenots donna un coup de fouet aux industries suisses et hollandaises, ainsi qu’à l’agriculture allemande. A l’époque, La Fontaine se moquait des entrepreneurs en écrivant « La Laitière et le Pot au Lait » .

Saluons le jugement et le courage des candidats de droite et de certains hommes de gauche qui veulent l’arrêt de l’ISF. Ils ont compris que le développement est d’abord une affaire de personnes : Bill Gates et Steve Jobs, encore gamins il y a quarante ans, ont créé deux entreprises dont la capitalisation représente 50 % du PIB de notre pays ! L’ISF, s’il avait existé aux Etats-Unis, aurait chassé ces locomotives, qui tirent la region de Seattle et la Californie. Chacun d’entre nous doit donc se demander si notre pays n’a pas fait une jolie bourde en poussant dehors ces 43.000 entrepreneurs. On est en droit de penser que, s’ils étaient restés, avec leur capital et leur énergie, il n’y aurait peut être plus ici ni déficit budgétaire, ni déficit commercial, ni chômage de masse.
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