Le siège de Technip vient de partir à Londres… Après Lafarge, Alcatel-Lucent et Alstom, ça fait quatre groupes qui s’éloignent de leur pays, soit 10 % du CAC 40 en deux ans . On dit : « pas grave, on ne voit pas les emplois partir ! » ; c’est une vision à très court terme. Un siège qui part, c’est d’abord un centre de décision qui quitte le pays ; ça change fondamentalement l’allocation des investissements futurs et donc la localisation des nouveaux emplois sur le long terme. C’est ensuite un signal solennel lancé au pays, comme à une entreprise qui perd coup sur coup de très gros clients. Elle sait alors qu’elle n’est plus compétitive et doit revoir son « business model ». Tout aussi grave, enfin, les discours sur l’attractivité sont détruits quand les entreprises qui sont nées ici votent ainsi avec leurs pieds.
Pour saisir l’ampleur du sujet, rapprochons quelques chiffres : 2.000 milliards, c’est à peu près la capitalisation cumulée du CAC 40 et du SBF 120, c’est aussi le PIB de la France et sa dette. La valeur créée par les entreprises depuis quarante ans est annulée par la dette accumulée par l’Etat. Autre angle de réflexion, la valeur d’une affaire du CAC 40, c’est à peu près le PIB de deux départements français. Que dirions-nous si huit départements avaient quitté le territoire depuis deux ans ? Le mal est profond : on ne le réglera pas uniquement par une liste de réformes mais par un changement de paradigme. Le déséquilibre financier de la sphère publique est, par sa masse, de nature à détruire l’économie du pays tout entier. Il faut impérativement repenser la construction de la sphère publique ; l’entreprise est devenue beaucoup plus centrale qu’on le croyait à l’époque où on nous expliquait que la dépense publique était le secret de la croissance. Il faut remettre l’entreprise au centre de l’économie. Les pays qui connaîtront la prospérité dans le futur seront ceux où les entreprises se sentiront bien, et où l’Etat reviendra à ses prérogatives essentielles : le positionnement du pays dans le monde et la défense de la liberté à l’intérieur.
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