Trop de loi nuit à l’emploi – chronique aux Échos

14 Mai

Une femme méfiante avait écrit un livre très détaillé où était consigné ce que devait faire son mari au cas où un accident lui arriverait ; après quarante ans, le livre comportait 3.000 pages. Un jour, la femme tomba dans un puits, le cas n’était pas prévu et le mari l’y laissa.

Histoire triste, mais riche d’enseignements ; mieux aurait valu une simple phrase comme celle-ci : « Les époux se doivent bienveillance et assistance dans toutes les circonstances de la vie. » Cette simple phrase est aussi efficace et 100.000 fois plus courte que le cahier de la malheureuse femme. Plus important, cette phrase couvrait le cas de la chute dans le puits !

Vous l’avez compris, notre Code du travail est tombé dans ce travers, car il entre trop dans le détail. C’est une impasse, quand on sait qu’il y a 3 millions d’entreprises et donc autour de 500.000 métiers différents dans une économie développée comme la nôtre. Cette prolifération a une conséquence bien plus grave : ce code (et par voie de conséquence le chômage) est le double fruit d’une incompréhension profonde du fonctionnement de l’entreprise et de la défiance (elle-même fille du colbertisme et du jacobinisme). Partout dans le monde où règne, au contraire, une harmonie sociale, le chômage est bas, voire nul, même quand la croissance est faible comme c’est le cas au Japon. Les Américains viennent de donner à la Suisse une mission de conseil pour les aider à développer l’apprentissage, domaine où ils reconnaissent leur retard. Pourquoi ne ferions-nous pas comme eux et n’ouvririons-nous pas, pour une fois, les fenêtres sur l’extérieur ? Nous demanderions à ce pays, où le chômage n’a pas dépassé 4 % depuis quarante ans, un petit coup de main. Il s’agirait de faire un diagnostic, de nous expliquer comment ils ont réussi à concentrer leur Code du travail en moins de 30 pages (1 % du nôtre) et de nous raconter comment ils fonctionnent entre eux.
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