Uber, prof d’économie – Chronique aux Échos

31 Mar

Conversation avec un jeune chauffeur Uber le jour de la manifestation des étudiants contre la loi El Khomri. Je lui demande comment il réagit à cette grève. Il me répond de façon gaullienne : « Moi, j’ai leur âge, je n’ai pas eu la chance de faire des études supérieures, mais je sais ce qu’est une entreprise ; j’ai démarré avec des petits jobs de nettoyage. Je me suis rendu compte que, sans formation, je n’irais pas bien loin. Alors j’ai décidé de devenir chauffagiste.» Je cite, il continue. « Les étudiants ne comprennent pas que si on empêche un patron de licencier quand l’activité chute, c’est comme si on me demandait de conduire ce taxi sans avoir le droit de freiner !  » Il continue : « Dans tout cela il y a de la peur et surtout de la méconnaissance de l’entreprise ; je ne sais pas ce que les professeurs racontent aux étudiants. Le vrai problème, c’est qu’on considère en France que, a priori, c’est le patron qui est coupable. C’est le contraire en Allemagne, c’est peut-être pour cela que ça marche mieux là-bas ! » Je lui demande alors où il est né et comment il est arrivé chez Uber. Il est d’origine camerounaise. Pour financer sa formation de chauffagiste, il travaille avec une voiture qui appartient à un de ses oncles.

Si l’on prend du recul, Uber est, après tout, un excellent professeur d’économie pratique. En plus, en intégrant dans le marché des jeunes issus de l’immigration, Uber fait une oeuvre infiniment utile au pays. Il faut absolument trouver un moyen pour que la législation sur les taxis les laisse opérer. Si chaque étudiant en âge de conduire travaillait à temps partiel comme chauffeur chez Uber, il comprendrait mieux ce qu’est l’entreprise. Sur ces entrefaites, j’arrive à bon port, le jeune me sourit, je lui demande son e-mail et l’envoie à un bon ami qui… dirige une jolie société de chauffage
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