Un Etat régalien peut-il être actionnaire de sociétés cotées ? Au vu des résultats et de la gouvernance, on peut honnêtement commencer à douter.
1) Si l’Etat détient le capital, c’est le gouvernement qui a la main sur la politique des participations ; or il change à peu près tous les deux ans. Cette instabilité ministérielle est-elle compatible avec la continuité dont ont besoin les entreprises ?
2) Son endettement grandissant mettra de plus en plus la pression sur l’Etat pour demander un maximum de dividendes, ce qui est rarement l’intérêt de la société.
3) Quand l’entreprise détenue décide de fermer une usine et que cette fermeture peut coûter la réélection des parlementaires en place, le gouvernement est en conflit d’intérêts évident. Comment s’assurer qu’il privilégiera l’intérêt de l’entreprise et protégera celui des autres actionnaires ?
4) En imposant des disciplines de salaire, comme il le fait actuellement, il rentre dans le domaine du management. Est-ce compatible avec les règles de gouvernance en vigueur, d’autant que cette pratique restreint le choix des dirigeants et réduit la valeur de l’entreprise ?
5) Hormis le parcours exemplaire d’EADS, les groupes cotés ayant l’Etat pour actionnaire ont-ils surperformé leurs concurrents mondiaux au cours des vingt dernières années ?
L’intervention de l’Etat peut se justifier de façon temporaire, comme ce fut le cas aux Etats-Unis pour sauver General Motors ou au Royaume-Uni pour Royal Bank of Scotland. Rappelons qu’une fois le sauvetage réussi, ces deux Etats sont sortis du capital.
La caractéristique des bonnes entreprises est de savoir quitter ce qui n’est pas vraiment au coeur de leur métier. Elles sortent en général largement renforcées par cette décision. Que notre Etat s’inspire de ces bonnes pratiques et ne se trompe pas : sa tâche est régalienne ! Fort de son sauvetage réussi chez Peugeot, l’Etat devrait sortir des sociétés cotées.
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