Les esprits évoluent en ce moment. On commence à admettre que c’est l’entreprise qui crée l’emploi, on comprend que si l’on rend le coût du licenciement aléatoire, elle freine ses embauches et qu’en indemnisant trop longtemps le chômage, on retarde le retour à l’emploi d’une partie des allocataires. Les bonnes questions sont donc posées, mais les conditions d’un vrai changement ne sont pas encore réunies. Les chefs d’entreprise, qui ont été confrontés à des situations dangereuses pour leur entreprise (comme la menace de la faillite) et qui ont l’expérience de retournements réussis, doivent éclairer les politiques. Les gens ne bougent que quand ils ont pris la mesure de la gravité de la situation. C’est ce qui s’est passé il y a une dizaine d’années en Allemagne. Le déclic est venu de Gerhard Schröder lui-même. Il n’a pas caché à ses concitoyens que l’Etat vivait au-dessus de ses moyens (son endettement était pourtant 30 % inférieur au nôtre aujourd’hui !) et que ce n’était plus tenable. Les Allemands l’ont admis et tout a commencé à bouger. Schröder a expliqué qu’il fallait dès lors modifier en profondeur le modèle social et leur a parlé sans détour : « Il est du devoir de chaque Allemand de faire tout ce qu’il peut pour ne pas tirer sur les dépenses publiques. »
Douze ans ont passé, le chômage en Allemagne est tombé à 5 %, les caisses de retraite et de Sécurité sociale sont en excédent alors qu’elles étaient en déficit en 2004. Cela parce que les partenaires sociaux se sont mis d’accord pour mettre en place de nouveaux contrats de travail, reculer l’âge de départ à la retraite, faire la chasse aux dépenses de santé inutiles et instaurer une franchise aux remboursements. Les efforts ont payé et l’économie est repartie. C’est une règle générale, quand les gens comprennent que la situation n’est plus tenable et quand ils voient où on les emmène, ils sont alors capables de grandes choses. Les Français sont peut-être plus prêts que l’on ne croit à se comporter en personnes responsables. Il faut simplement qu’on leur dise clairement qu’on ne peut pas éternellement vivre au-dessus de ses moyens !
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