L’exil d’une personne fortunée étant infiniment moins douloureux que celui d’une famille fuyant les bombes de Syrie, il est délicat de parler du sujet. Il faut pourtant l’aborder, car c’est une question de croissance et d’emploi. Les Français qui voyagent voient leurs compatriotes en grand nombre dans toutes les grandes villes du monde. On parle ici de « rattrapage » – il est vrai que les Français sont relativement moins nombreux à l’étranger que les Britanniques ou les Scandinaves, mais est-ce bien de rattrapage qu’il s’agit ?
Il y a en France une omerta sur les chiffres de l’exil, ce dont beaucoup de monde se plaint… On peut néanmoins se faire une idée à travers des études américaines sur l’exil des gens fortunés. Certaines s’intéressent au pays d’accueil, d’autres au pays d’origine. Toutes convergent : en quinze ans, 300.000 millionnaires ont changé de pays ; la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et Singapour représentent 60 % de l’accueil ; Chine, Inde et France 50 % des départs ; 42.000 millionnaires français auraient quitté notre pays depuis 2000 ! Ils représenteraient 14 % de ceux qui ont changé de pays de résidence, chiffre énorme pour un pays qui pèse pour 4 % du PIB mondial. Près d’un millionnaire français sur cinq serait ainsi parti. Ramené à la population concernée, notre pays est le plus répulsif. Nous sommes devant un exode suffisant pour expliquer l’atonie de la croissance. On commence tout simplement à voir les effets de la furie fiscale qui a pris nos gouvernants depuis une décennie. Osons rappeler que la richesse rend un service à la nation en permettant l’emploi. Nos politiques et Bercy doivent réaliser que notre fiscalité surle capital est complètement en dehors des clous et chasse des ressources pourtant indispensables au pays. Sachons garder nos millionnaires, il y va de l’intérêt national !
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