Il y a douze ans, la société Pechiney était vendue à Alcan ; ses établissements ont été rattachés aux divisions de l’acquéreur, d’autres vendus ; un des fleurons des années 1980 s’est évaporé. Les usines sont toujours là mais leur destin se décide désormais ailleurs.
Lafarge, Montupet, Dentressangle viennent eux aussi de passer sous pavillon étranger, on peut s’attendre aux mêmes effets. Pourquoi tous ces départs en si peu de temps ? Une étude récente publiée par l’Ansa (Association nationale des sociétés par actions) attire l’attention sur trois points : notre fiscalité sur le capital a doublé depuis quinze ans ; elle est actuellement deux fois supérieure à celle de nos voisins ; le nombre d’actionnaires individuels sur la Bourse de Paris s’est effondré. La base actionnariale française est clairement affaiblie par l’impôt et l’acheteur étranger a un avantage car ses résultats sont bien moins taxés que ceux de sa cible française. L’ennemi à combattre n’est pas le soit-disant « grand capital », mais plus prosaïquement les charges et les impôts bien trop élevés, qui tombent en France sur l’entreprise et ses actionnaires ! Quand on explique que la finance est l’ennemi, on se trompe lourdement car l’actionnaire assure l’investissement et prend sur lui son risque ; c’est l’actionnaire qui permet le travail des collaborateurs ; il est donc une des composantes essentielles de l’entreprise et de son attachement au pays. Nier cette réalité est une erreur. Manuel Valls vient de reconnaître que le bon petit cheval qu’est l’entreprise est en train de mourir sous la charge d’une sphère publique trop lourde. C’est bien… mais un peu tard, et ça aurait dû inspirer la loi Macron, qui ne s’est attaquée ni aux surcharges de la sphère publique ni aux impôts qui en résultent. Pas d’autre solution que de réaligner toutes affaires cessantes les fiscalités du capital sur celles de nos voisins en baissant les dépenses publiques d’autant. Le problème est plus grave qu’on le croit, les mots ne sont plus de mise, seule va compter la vitesse d’exécution.
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