Quatre ministres, et non des moindres, font en ce moment la tournée des grandes capitales mondiales pour vendre le site France à l’étranger. Excellente initiative ! Peut-être peuvent-ils écouter des conseils de chefs d’entreprise qui ont passé leur vie à vendre des produits français sur le terrain mondial : avant de chercher à gagner de nouveaux clients, il faut s’assurer qu’on ne perd pas ceux que l’on a ! Les organisations qui croissent sont celles qui gardent leurs clients… Les indicateurs montrent que l’exil des talents accélère de façon très inquiétante ; les médias, sur la base d’informations parcellaires, signalent que le départ des assujettis à l’ISF explose depuis 2012 ; la semaine dernière, Gilles Carrez, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, exprimait sa crainte que « les départs à l’étranger, qui ont triplé depuis 2012 chez les contribuables les plus aisés (ceux qui ont un revenu supérieur à 100.000 euros), n’engendrent une érosion des recettes de l’impôt sur le revenu », une façon de signaler l’ampleur du phénomène. Contribuables Associés, dans une étude parue à l’automne dernier, indiquait que le nombre réel d’expatriés n’était pas de 1,7 million (chiffre des consulats) mais plutôt de 2,8 millions, car tous ne s’inscrivaient pas. Nos ministres doivent impérativement interviewer ceux qui ont quitté notre pays pour comprendre les raisons profondes de leur départ. S’ils ne le font pas, leurs discours (ce ne sont que des mots) pèseront peu face au message infiniment plus fort de tous ceux qui votent avec les pieds. Ceux qui ont porté de lourdes responsabilités sur une longue durée vous diront qu’il ne sert à rien de cacher les problèmes qui dérangent : la vérité sort toujours ! On ne pourra ni attirer des investisseurs ni faire de croissance si trop de talents quittent le pays. C’est une affaire d’efficacité et d’éthique gouvernementale que d’être transparent sur les chiffres de l’exil.
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