Marché du travail. La leçon allemande du chancelier Schröder – Chronique dans Ouest France

17 Sep

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Fin de l’Etat-Providence

Au démarrage, une attitude claire par rapport au déficit budgétaire : « On ne peut pas dépenser plus que l’on gagne », « Un endettement au-dessus de 75 % du PIB est insoutenable ». Le principe que les comptes de l’État doivent, comme pour chaque ménage, être équilibrés passa dans la population.

Une fois tuée l’idée de l’Etat-providence, qui fait croire que l’argent tombe du ciel, le chancelier Schröder expliqua qu’il fallait « prendre les devants et modifier le modèle social, faute de quoi les changements seraient imposés par le monde financier qui n’y est pas sensible ».

Schröder prit alors des positions très claires sur l’assistanat : « Si on laisse se développer une population trop importante d’assistés, on peut oublier tout rêve d’harmonie sociale et de croissance économique parce que le financement de cet assistanat privera les entrepreneurs de récompense. » En d’autres termes, c’est l’ensemble de la société, du haut au bas de l’échelle, que l’on fragilise si on a trop recours à la répartition.

Solidarité exigeante

Pour synthétiser toutes ces idées, Schröder a inventé le concept de « solidarité exigeante » : une société est solidaire par définition, mais le soutien des plus faibles n’interdit pas l’exigence à leur égard. Adapté au monde du travail, ce concept donne l’idée selon laquelle « il vaut mieux un job pas satisfaisant que l’horreur du chômage à la maison ».

La décrue du chômage en Allemagne a commencé en 2005. Elle s’est poursuivie de manière régulière pendant six ans. Avec un taux de demandeurs d’emploi passant de 12 % à 5 % de la population active. Cela s’est fait d’abord à travers ce qu’on a appelé les mini-jobs, en fait des emplois à temps partiel (9 millions créés en dix ans, 3 millions de personnes en ayant deux !).

L’amélioration du marché du travail s’est faite ensuite à travers une plus grande exigence vis-à-vis des chômeurs au regard des jobs qui leur étaient proposés. Enfin, grâce à des contrats de travail type Volkswagen qui seraient pour nous une sortie par le haut du débat sur les 35 heures : les salariés ont accepté le principe d’horaires variables avec un plancher de 28 heures par semaine et un plafond de 42. Cette flexibilité a eu pour compensation un intéressement musclé ; on a vu Volkswagen verser depuis trois ans des intéressements de l’ordre de 12 000 € à chacun de ses ouvriers !

« Le coup de génie du chancelier Schröder »

Les syndicats ont joué le jeu de « l’accompagnement constructif » parce que Schröder a réussi à rendre obsolète le concept de lutte des classes à travers le slogan « Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et l’emploi d’après-demain ». Dit autrement : les intérêts des ouvriers et des employeurs convergent.

Imaginez un instant que tous les Français soient au travail, que nous n’ayons plus de Revenu de solidarité active (RSA) et que le chômage soit à 5 %, ce seraient 75 milliards d’euros d’économies et le moral retrouvé.

Expliquer que chacun a intérêt à ce que les entreprises fonctionnent et remettre tout le monde au travail fut le coup de génie de Schröder… Et le message que nous passe l’Allemagne aujourd’hui !

Lire l’article sur le site de Ouest France

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