Les choses bougeant en France sur le front du marché du travail, il est utile de rappeler les idées sur lesquelles Gerhard Schröder s’est appuyé en 2004 pour faire évoluer les esprits outre-Rhin. Première idée : « on ne peut pas dépenser plus que l’on ne gagne ». C’est vrai pour un ménage comme pour un Etat. Le chancelier de l’époque a su expliquer à ses compatriotes le caractère excessif de l’endettement allemand (65 % du PIB !) et le danger que faisait peser le déficit public sur la société. C’était en fait proclamer la fin d’un Etat providence qui ne connaît pas de limite. La conséquence pratique pour tout Allemand soucieux de l’intérêt général a été de ne pas rechercher systématiquement les aides (la fin du « droit à »). Aux personnes à la recherche d’emploi Schröder a adressé la fameuse formule « mieux vaut un travail pas tout à fait satisfaisant que l’horreur du chômage à la maison ».
Deuxième idée, tout le monde a intérêt à ce que les entreprises gagnent de l’argent : « le profit d’aujourd’hui est l’investissement de demain et l’emploi d’après-demain » ; façon d’enterrer la lutte des classes et de faire comprendre que seules les entreprises profitables donnent de vrais emplois. Fort de ces deux appuis, Schröder a introduit la flexibilité dans les contrats de travail (protection de l’entreprise en cas de baisse de volume) en échange d’intéressements musclés (récompense du salarié pour l’effort consenti). L’autre nouveauté a été le refus des formules de type RSA et le recours au temps partiel (appelé ici mini-jobs). Succès énorme ! on en dénombre aujourd’hui 9 millions, 3 millions d’Allemands en détenant deux !
Angela Merkel s’est bien gardée de casser ce que Schröder avait initié. Elle a ainsi donné le temps aux réformes de produire leurs effets et permis de dépasser les clivages traditionnels. La méthode allemande a marché, elle doit nous inspirer !
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