Notre président a reçu la semaine dernière le gouvernement singapourien. Espérons qu’il a lu le dernier ouvrage de son ancien Premier ministre, Lee Kuan Yew. Dans « Hard Truths », ce dernier explique la prospérité de son pays par trois principes simples :
1) « Nous sommes trop petits pour créer des leaders mondiaux, mais nous pouvons établir un climat qui motive les meilleures entreprises à installer leurs équipes chez nous. »
2) « Faire de Singapour un pays qui attire les meilleurs talents, en traitant chaque citoyen de façon correcte et équitable. »
3) « Nous ne sommes pas favorables à la répartition ; celle-ci prive forcément les meilleurs de leur récompense, tue la croissance et tire tout le monde vers le bas. »
Si Singapour est l’un des pays les plus attractifs au monde, nous sommes probablement le pays développé qui perd le plus de capital humain. Bien que l’exil ne semble inquiéter ni notre gouvernement ni notre Parlement, il explose : la dernière étude de l’association Contribuables associés donne des chiffres éclairants. Le parc d’expatriés (inscrits et non déclarés) serait de l’ordre de 2,5 millions de compatriotes ; il a crû de 4,5 % par an de 2005 à 2011 et de 6,5 % depuis 2012. L’exil concerne toutes les catégories de la population et coûterait aux finances publiques un minimum de 10 milliards par an qui se cumule : « Si, par un coup de baguette magique, tous revenaient, 233 milliards viendraient abonder les caisses de l’Etat ».
L’hémorragie est effroyable dans la catégorie payant l’ISF, puisque le rythme 2005-2011 de 750 départs par an aurait quintuplé à partir de 2012. Treize des vingt plus grandes fortunes françaises se seraient partiellement délocalisées, seuls ceux qui bénéficient de l’outil de travail restent. Nous revivons, peut-être en pire, la période qui a suivi la révocation de l’édit de Nantes ; prendre des conseils en matière d’attractivité auprès de l’Etat singapourien est une priorité nationale.
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