« Les bons PDG durent, les mauvais sont virés » LE MONDE

5 Mai

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PDG d’Essilor de 1996 à 2010, Xavier Fontanet estime que les rémunérations des grands patrons sont justifiées quand les performances sont au rendez-vous.

L’opinion publique s’émeut toujours de certaines rémunérations, comme le triplement des attributions d’actions gratuites au PDG de Renault en 2014. Quelle lecture faites-vous de l’émoi des Français ?

Xavier Fontanet.- Les Français ne savent pas que les grands patrons sont des gens qui travaillent trois fois 35 heures par semaine, accumulent 750 000 km de voyage par an et portent pendant des dizaines d’années des pressions concurrentielles intenses. En tant que président du comité d’éthique du Medef, je me suis battu pour que leur rémunération soit transparente et codifiée.

Ce code est retenu par toutes les entreprises du CAC 40 : il précise que 25 % de la rémunération doit être fixe et les 75 % restants doivent être variables et dépendre des performances à court et long terme de l’entreprise. Voilà pourquoi cette année un PDG, celui de Technip, a vu son revenu divisé pas deux ! Sur Renault, il faut regarder les actions attribuées sous conditions de performance, et improprement appelées gratuites, sur dix ans et pas sur une seule année.

Pourquoi le salaire de nos footballeurs passe très bien dans l’opinion alors qu’une quarantaine d’entre eux gagne plus que nos PDG dont le salaire communiqué suppose les intéressements payés à 100 % ? Sans compter la furie fiscale qui s’est déchaînée sur les parties variables, allant jusqu’à diviser par quatre leur valeur après impôt et provoquer l’exil de bon nombre d’entre eux.

Mais les footballeurs ne sont-ils pas, comme les grands artistes populaires, sur un marché beaucoup plus mondial que celui des patrons ?

Le marché des PDG est global. On l’a vu avec le remplacement du patron de Sanofi. Carlos Ghosn est au top mondial dans son métier, l’automobile. Laissez donc Agon, Tricoire et Riboud expliquer l’intensité des batailles qu’ils mènent contre les titans que sont Procter, Siemens et Unilever !

Et les Français comprendront pourquoi leurs PDG méritent, quand ils réussissent, d’être récompensés. J’ajoute que des entreprises publiques dont les dirigeants étaient moins payés mais avec lesquels on a été moins exigeant ont creusé des trous qui représentaient cent mille fois leur salaire annuel !

Toutefois, la mise en œuvre du « say on pay » (droit de vote des actionnaires sur les salaires) révèle aujourd’hui que le lien entre rémunération et performance est loin d’être systématique. Comment l’expliquez-vous ?

Un peu de hauteur ! Les bons durent et les mauvais sont virés : un PDG est sorti par un claquement de doigt du conseil et c’est normal vu la responsabilité qui lui est confiée. Je ne suis pas contre un « say on pay » consultatif, mais regardez les faits, il y a du remue-ménage et les résolutions passent. Le vrai sujet est de nommer de bons administrateurs et leur faire confiance pour bien gérer les rémunérations.

La mise en cause n’est pas que française. Même l’Institut of Directors au Royaume-Uni, qui regroupe les administrateurs, a récemment conclu qu’elles étaient une menace pour la réputation des entreprises auprès de l’opinion, et pour la cohésion sociale. Peut-on ignorer cette dimension dans la question des rémunérations ?

Il y a, par endroits, des crises, Suisse, Grande-Bretagne, mais les problèmes se règlent ! C’est la force de la transparence qui dérange et fait avancer. Pour renforcer la cohésion, donnez-nous de la place dans votre journal pour expliquer la vraie vie des chefs d’entreprise et les batailles que mènent aujourd’hui nos grands groupes !
Lire l’article du Monde dans son contexte, ici

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